Après de longs mois d’attente, Uncharted 4: A Thief’s End est enfin entre nos mains. Il faut avouer que le titre signé Naughty Dog nous a fait patienter avec ses nombreux reports et ses vidéos alléchantes. Le studio américain avait minutieusement préparé l’arrivée de son dernier bébé avec la sortie de Uncharted: The Nathan Drake Collection en 2015.
Nathan Drake et sa bande repartent pour une aventure hors du commun et ce pour une toute dernière fois. Eh oui, le sous-titre de ce quatrième épisode est assez transparent. Pas une minute à perdre, prenez vos affaires, on part de suite en excursion dans un pays où pirates et secrets ne faisaient qu’un. Et il y a fort à parier que nous rencontrerons quelques turbulences durant notre périple.
Les retrouvailles des Drake
Uncharted 4: A Thief’s End nous place quelques années après les événements survenus lors du troisième épisode. Nathan a momentanément rangé sa vie d’aventurier au placard pour une vie plus ordinaire. Salarié d’une compagnie spécialisée dans la plongée, notre héros vit des jours paisibles avec sa femme : Elena Fisher. Rencontré lors d’un voyage périlleux (dans Uncharted: Drake’s Fortune), le duo de choc ne s’est plus quitté et a même fini par se marier pour le meilleur et pour le pire… L’appel de l’aventure n’est jamais loin. Nathan replonge fréquemment dans ses souvenirs remplis de trésors et de secrets et semble rongé par une certaine mélancolie de cette époque.
Et quand son frère laissé pour mort débarque un beau matin pour lui proposer le trésor légendaire des pirates, il est donc normal de le voir partir à l’aventure malgré tous les dangers et en mentant honteusement à son épouse. Uncharted 4 se base précisément sur le passé de la famille Drake et sur sa relation avec son frère. Notre héros a toujours pensé que son frère était mort suite à une chute fatale. Sam Drake a été enfermé en prison plus de quinze ans sans la moindre possibilité de contacter son frère.
Le scénario est parsemé de flashbacks où l’on apprend révélations sur révélations venant justifier les actions du présent. Même s’il est plaisant de voir les Drake dans leur jeunesse, ce procédé rappelle fortement le troisième épisode où l’on apprend les début du duo Nathan/Victor. À ce propos, le jeu commence par une scène qu’on revivra au milieu du jeu telle une boucle temporelle, procédé que l’on retrouve également dans Uncharted 2: Among Thieves. Ce qui nous amène à la première critique directe du titre : Uncharted 4 se contente de reprendre les ingrédients de réalisation de ses épisodes précédents sans prendre le temps de réinventer une nouvelle formule qui marquera les esprits des joueurs.
Chaque épisode de la saga d’Uncharted avait quelque chose d’unique et de différent mais on retiendra ce quatrième épisode non pas dans sa réalisation mais sur un aspect où il excelle particulièrement : les graphismes. Qu’on se le dise, Uncharted 4; A Thief’s End est le plus beau jeu de la PlayStation 4. Le titre est saisissant de détails et de réalisme, c’est tout simplement magnifique. On s’arrêtera toutes les cinq minutes juste pour contempler le paysage. Et même au niveau des expressions de visage, c’est incroyablement beau. Nauthty Dog nous livre ici la prochaine étape des jeux vidéo en termes de graphisme, bravo.
Nathan Fisher
Parlons bien, parlons gameplay, celui-ci ne change pas d’un fil par rapport aux épisodes précédents. Toutefois, deux ajouts majeurs sont tout de même à noter. Le premier est le grappin qui permet de se balancer à l’aide une corde et d’atteindre des plateformes jusque là inaccessibles. Son utilisation est simple comme bonjour et permet de diversifier un tant soit peu les phases d’acrobatie. Autre nouveauté concernant le gameplay : les véhicules, même si ce n’est pas réellement la première fois où Nathan pilote un moyen de transport, les véhicules ont gagné en importance dans Uncharted 4. Plusieurs missions leur sont consacrées et un réel sentiment de liberté s’en dégage.
Les niveaux avec véhicule sont immenses et nous pouvons explorer chaque recoin si l’envie nous en prend. Je ne dirai pas open world car on s’aperçoit très vite des limites mais on ne ressent en aucun cas la linéarité des niveaux, Uncharted 4 semble avoir trouvé l’équilibre parfait sur ce point. Mises à part ces nouveautés bienvenues, Uncharted 4 se joue comme n’importe quelle épisode de la saga : exploration, grimpette, gunfight, cascade et on reprend le tout.
Il est à noter que cet épisode met l’accent sur les phases de discrétion au détriment des gunfights. Il y a moins d’action, moins d’échange de tirs et beaucoup plus d’exploration. Ajoutons à ce constat un manque de rythme entre ces différentes phases. Par moment, les échanges de tirs se font tellement rares qu’on regrette de ne pas se faire tirer dessus. Tuer du méchant à coup de fusil m’a manqué tout au long du jeu. C’est bien simple, on a plus l’impression de jouer un Sam Fisher qu’un Nathan Drake. Rassurez-vous, il y a toujours autant d’explosions, de cascades et de sang mais cette action pure et dure est mal diluée sur la durée du jeu. À ce propos, Uncharted 4: A Thief’s End affiche une durée de vie d’un peu plus de dix heures. Ce qui est sacrément long pour un jeu de ce genre.
Cette longueur ne lui rend pas service et certaines scènes se font réellement sentir sur la durée. Encore une fois, on arrive à saturation de l’exploration. D’autant plus qu’on connait parfaitement la formule : on explore, on saute partout pour atteindre un bâtiment au loin, on tue les ennemis à proximité de l’objectif, on résout une énigme, on dispose d’un autre indice, cinématique, un événement imprévu accélère les choses et on recommence le tout dans un autre lieu. Je caricature volontairement les choses mais la surprise est rare dans cet épisode et c’est fort regrettable.
Un chapitre final digne du plus grand des aventuriers
Autre aspect intéressant, Uncharted 4 est certes la prolongation des épisodes précédents mais on ressent surtout l’influence de l’excellent The Last of Us. En effet, que ce soit par le gameplay, dans les cinématiques ou dans le fait qu’on est plus souvent en équipe de deux que seul, Uncharted 4 s’inspire du chef-d’oeuvre de Naughty Dog pour varier les éléments de gameplay et les situations. Il suffit simplement de regarder les scènes d’ouverture de porte pour s’en rendre compte. Uncharted 4: A Thief’s End n’échappe pas à la règle, quatre modes de difficulté sont proposés et des collectibles sous forme de trésors sont disséminés dans chaque niveau.
Un mode en ligne est également de la partie. J’ai toujours énormément de réticence dans les modes multijoueurs. Selon moi, ces modes jouent le rôle de cache-misère justifiant la mauvaise qualité du solo. J’étais très loin du compte pour ce titre qui propose un mode multijoueur plus que jouissif. Au même titre que The Last of Us (eh oui encore…), la compétition est de mise et le multijoueurs surprend par son dynamisme et la rapidité des affrontements, un excellent moyen de prolonger le jeu en somme. À noter également la présence de défis qui viendront varier vos différentes parties.
Dernier point à aborder : la musique. La bande sonore a été composée par Henry Jackman, vétéran dans le monde de la BO mais novice dans le monde du jeu vidéo. C’est d’ailleurs sa première composition pour un jeu vidéo. Le résultat est assez décevant, oui, aucune musique n’est mauvaise mais aucune (mise à part le thème principal de la saga) n’est à retenir. La musique nous accompagne, rien de plus, rien de moins.
Ce choix de compositeur n’est pas anodin et révèle la volonté des développeurs de se rapprocher d’un bon gros blockbuster. Et c’est précisément le sentiment véhiculé tout au long du jeu : la frontière entre le jeu vidéo et le film a encore perdu en netteté. Avec des graphismes surprenants de réalisme, des protagonistes attachants, Uncharted 4 joue clairement la carte du film d’action, tous les codes y sont présents.
Une chose est sûre : Naughty Dog conclut avec fracas sa saga devenue culte. Au fil de ses épisodes, Uncharted est devenu une pierre angulaire du jeu vidéo et a prouvé à quatre reprises qu’il dominait le genre à la perfection. Ce quatrième épisode n’est pas sans défauts mais remplit dignement le contrat et n’entache en aucun cas la série, bien au contraire. Malgré quelques maladresses dans la réalisation et un manque d’originalité, Uncharted 4: A Thief’s End est à ranger à côté des grands.
On se souviendra du jeu surtout pour ses graphismes somptueux et regorgeant de réalisme, une véritable prouesse technique qui repousse encore les limites du jeu vidéo (pour se rapprocher du film). Nathan Drake peut prendre sereinement sa retraite d’aventurier chevronné, les joueurs ont tous les étoiles plein les yeux. Bon vent Nathan et merci pour toutes ces aventures en ta compagnie.
Après une saga maîtrisée de bout à bout et une ascension fulgurante, on est en droit de se demander sur quel projet Naughty Dog va se pencher. On a déjà notre petite idée…