Sorti initialement il y a près de trois années dans son pays d’origine (le Japon), cet épisode Trails ouvre un tout nouveau cycle et offre ainsi un casting inédit (quoique certaines têtes connues fassent leur apparition) à son public. Et le plus important, c’est qu’il est censé apporter de nouvelles bases, tant sur le plan du lore que dans les mécaniques de jeu. Une manière d’apporter un vent de fraîcheur et ainsi ouvrir l’aventure à un plus large public ? Trails through Daybreak semble faire preuve de quelques souplesses que ne possèdent pas ses aînés…
Pour autant, un Trails reste un Trails, et un JRPG reste un JRPG. C’est donc à une tranche bien particulière que s’adresse le titre : les joueurs rodés à l’exercice, n’ayant pas peur (il faut le dire) d’être étouffés sous une kyrielle de dialogues, si ce n’est le fan de la série tout simplement. Sans cette patience, il serait préférable de passer son chemin.
(Test de Trails Through Daybreak sur PS5 réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
L’histoire de Van le marginal
Ce nouvel opus propulse le joueur dans la peau d’un personnage que l’on qualifierait de marginal : le dénommé Van Akride, méprisé par les uns, encensé et respecté par les autres. Décrit comme un individu œuvrant proche de l’illégalité, Van n’a assurément pas peur de se salir les mains. Une personnalité qui annonce tout logiquement l’aventure à venir. Un héros singulier appelle forcément un périple qui l’est tout autant, flirtant avec des situations et événements à sa mesure.
Accompagné d’Agnès Claudel (qui, de simple cliente, deviendra son assistante) et de bien d’autres protagonistes au fil de la progression, nous irons à la découverte d’une histoire qui se décantera doucement dans le temps, voire un peu trop lentement. Il y a en effet dans Trails through Daybreak une sorte de futilité qui touche au désagréable, l’avancement du récit étant pour cause ralenti et est d’ailleurs ponctué d’éléments qui ne paraissent pas toujours pertinents.
D’autant que les personnages défilant devant nos yeux ont la fâcheuse tendance d’être pourvus de caractères impersonnels. Certes, dans ce type de production, nous sommes accoutumés à voir défiler des types que des personnages aux individualités bien trempées. Cela fait partie du cahier des charges. Seulement, n’est-il pas usant d’assister à un spectacle, ou échanges, qui n’ont finalement que trop peu de différence avec les autres productions du même genre ?
Ceci étant, dans l’ensemble, à force de temps (et de patience), on finit par s’y prendre au jeu et apprécier les éléments qui, dans un premier temps, pouvaient faire défaut au jeu. Passant d’un potentiel agacement, le casting nimbe alors le jeu d’une certaine aura que l’on pourrait qualifier de douce. Du moins, c’est le cas des protagoniste que nous sommes amenés à côtoyer. Pour les antagonistes, on constatera l’inverse.
Tout n’est donc pas regrettable. Toutefois, si l’on considère la mise en scène, il y a certainement des choses à redire. À commencer par son manque d’originalité et réutilisation systématique de schéma similaire. Une répétition que l’on verra notamment dans les cinématiques, dans les moments où le jeu tend à instiller du mystère.
Une petite touche de nouveauté
À titre de comparaison avec ses aînés, Trails through Daybreak se veut un peu plus accessible dans ses mécaniques de jeu, et notamment dans ces combats. Le titre s’ouvre à la diversité et casse un peu avec le traditionnel tour par tour qui caractérise la série depuis toujours. Évidemment, il ne s’agit pas de le remplacer. Le système est toujours présent et est même indispensable. De plus, l’autre critère qui ne change, c’est qu’il représentera toujours un défi de taille, les combats faisant parfois preuve d’une certaine complexité. Heureusement, en cas de difficulté prononcée, il est possible d’en diminuer le niveau après chaque défaite.
On nous offre alors la possibilité de nous défaire de nos ennemis via le biais du combat en temps réel. Une introduction bienvenue, bien qu’elle reste relégué au second plan. Nous pourrions même jusqu’à considéré cette nouvelle offre de superficielle. Le système est assez simplifié et ne permet de disposer que des ennemis moindres, ayant une force très faible.
Pour le dire simplement, le tour par tour est réservé aux affrontements-clés. L’autre système apparaît dès lors plutôt comme une sorte de soutien, servant principalement à faciliter la tâche en diminuant le nombre d’ennemis avant le véritable engagement ou encore l’affaiblir en vue de prendre l’ascendant. Ce qui peut constituer un certain gain de temps.
Quant au tour par tour justement, il se retrouve logiquement amélioré. Il y a toujours le moyen d’avoir recours à des attaques magiques, spéciales, finales, etc. Mais, en plus de cela, les développeurs l’ont pourvu de plus d’efficacité et l’ont rendu certainement moins rigide. C’est ainsi que l’ont peut effectuer des attaques combinées avec l’un de ses partenaires ou encore augmenter sa propre force de frappe en usant d’une nouvelle jauge nommée l’aura.
Se perdre dans les mots
Néanmoins, malgré la présence de nouvelles ressources et possibilités, le jeu n’en est pas rendu plus facile, comme dit plus haut. Et là pourrait être une source de problème pour le nouveau venu dans l’univers de The Legend of Heroes. Pour cause, perdre est une issue courante. Difficile de faire autrement. On apprend de ses erreurs et, au fil des essais, on jauge la véritable force de notre (nos) adversaire(s)… Et encore, il n’est pas certain que cela suffise. De plus, il y a comme un sentiment d’injustice, avec parfois un déséquilibre particulièrement prononcé vis-à-vis des forces ennemis.
Les combats ont une part non négligeables. Ils constituent la deuxième composante principale du titre de Falcom. L’équipe à notre disposition avance dans un environnement de type donjon, ouvert ou non, et côtoie ainsi un grand nombre de créatures. Des adversaires que l’on peut ou non choisir d’affronter, bien qu’il soit conseiller de le faire en vue d’acquérir de l’expérience et ainsi débloquer de nouvelles compétences.
Cependant, en dehors de ces confrontations, Trails through Daybreak laisse un peu son participant sur sa faim. Les missions secondaires, parfois nécessaires dans la progression de la quête principale, sont assez peu intéressantes. La raison est qu’elles ne s’apparentent qu’à un ensemble d’allers et retours. On est envoyé à la rencontre d’un personnage, ce dernier lui raconte sa situation, etc. En revanche, ce qui est louable, c’est que dans ce genre d’enquête il nous est laissé la possibilité de participer directement à la résolution via un choix de propositions. Outre l’impression d’immersion certaine, la question de l’utilité quant à ce genre d’introduction se pose, les choix pris n’ayant pas l’air d’avoir de grandes incidences sur l’ensemble du jeu.
Cela dit, là où l’on attend Trails, c’est dans ses dialogues et textes, qu’il faut pouvoir néanmoins suivre en langue anglaise. Il ne faut pas l’oublier, ils sont la principale constituante de la série. Et, de ce côté, il ne déçoit pas. Du moins, dans la quantité débitée. Dans un point de vue scénaristique, il est difficile d’être aussi enthousiaste. Il y a comme une impression que l’histoire se délaye beaucoup dans des détails sans importance, même s’il y a une raison à cela : donner un aspect « tranche de vie » au jeu. Ce qui pourrait déplaire par ses longueurs.
Si l’on s’accoutume à ce point-ci et au fait d’avoir affaire à une aventure extrêmement balisée, Trails through Daybreak séduira très certainement. Il est, par exemple, plaisant de se balader dans les lieux proposés, et ce même si notre groupe ne peut s’engouffrer où bon lui semble. Pour cause, les décors sont assez beaux, bien que graphiquement le titre souffre de quelques tares. Néanmoins, malgré ces défauts visuels (négligeables), Trails through Daybreak dégage à certains moments une espèce d’onirisme qui nous entraîne irrésistiblement, la musique aidant particulièrement a instiller cet effet. Cependant, en ce qui concerne cette dernière, elle fait preuve d’une certaine répétitivité qui aura plutôt tendance à peser à force sur nos oreilles.
Avec Trails through Daybreak, Falcom introduit de nouvelles bases. Une entreprise qui ne peut-être que louée. Néanmoins, la formule est souffreteuse et perfectible. Le système de combat en temps réel, par exemple, est encore trop simple, voire superficiel. L’idée est bonne, mais demande à être approfondie. Peut-être est-ce ce qui nous attend dans le prochain opus prévu chez nous pour le début de l’année 2025 ?
Cependant, ce nouveau titre paru chez nous ravira probablement la fanbase déjà existante, grâce à sa formule qui anime depuis toujours la série. À savoir son casting haut en couleur et un récit qui s’étoffe au fur et à mesure de la progression.