Dans un marché rempli de jeux indépendants, il faut redoubler d’effort pour véritablement percer à la Cuphead. Tokyo Tattoo Girls est un jeu de stratégie assez curieux qui vous met dans la peau d’un maître du tatouage se promenant dans un monde ravagé, oui ça a déjà le mérite d’être original. Sorti sur PlayStation Vita et PC en novembre, il a rejoint les pages boutique Steam et PSN sans trop se faire remarquer. La couleur va-t-elle prendre ou tout se fait-il dans la douleur ? La réponse est dans ce test.
Tokyo Tattoo Girls – Ink Master ou pas?
« Y a de la joie… »
Et bien pas franchement en fait. Le jeu commence sur une annonce des plus claires : une catastrophe sans précédent s’est produite et a ravagé la Terre. Le monde entier est détruit, en cendres, et d’étranges tatouages sont apparus sur des demoiselles. Ces tatouages donnent à ces jeunes femmes des pouvoirs étranges (qui ne sont d’ailleurs pas vraiment expliqués au sein du scénario) et de peur d’avoir à en souffrir, le gouvernement et les demoiselles avec les tatouages les plus puissants s’accordent pour installer des barricades autour de Tokyo et de laisser toutes les filles tatouées à l’intérieur de ces barricades pour se gérer d’elles-mêmes. Une sorte de loi de Darwin appliquée à des gens tatoués. Tokyo Tattoo Girls s’illustre d’entrée de jeu par un contexte fort singulier.
Maître tatoueur de votre état, vous rencontrez par hasard un des personnages (que vous aurez préalablement choisi) au sein d’une marche dans Tokyo et elle vous explique la raison pour laquelle elle veut prendre contrôle de la ville. Vous allez l’aider en la tatouant. Chacune des six héroïnes qui vous sont proposées ont leur propres raisons de vouloir prendre le contrôle de Tokyo et d’évincer le nouveau système mis en place. Ça va de « J’ai perdu ma famille » à « je veux devenir riche »… la routine habituelle. Tout les clichés classiques du manga sont bien entendu présents mais ces derniers collent plutôt ben au look global de ce jeu. Tokyo Tattoo Girls assume entièrement son côté manga.
Un tatouage pour les contrôler tous
D’un point de vue présentation, la partie commence sur une carte de Tokyo divisée en districts, 23 pour être précis avec 23 boss que vous devez défaire. Vous choisissez donc un district de départ qui vous plongera directement dans le jeu. Le principe est simple : petit à petit, les 2 factions ennemies (« punks » et « class women » en anglais) vont réduire dans la région que vous avez choisie. Une fois une région vidée de tout ennemi, un combat contre le boss se lance. Entre temps, votre région influencera la prise d’autres régions où des partisanes vont apparaître et ainsi de suite. Afin d’accélérer la prise d’un de ses districts, vous pouvez dépenser des points pour convertir au tour suivant des punks ou des tatouées à votre cause et diminuer l’emprise du boss sur ce même district. Mais ces points font un peu le café dans ce jeu ! En fait, plutôt qu’un jeu de stratégie, le jeu se dévoile être plutôt un jeu de gestion de ressources. Chaque tour (représentant un jour en fait), vous recevez une poignée de points. Ces points peuvent donc être dépensés pour convertir des ennemis mais aussi et surtout acheter des tatouages, ces tatouages apportant au joueur un avantage tactique sur certaines régions.
Dans Tokyo Tattoo Girls, il y a « Tattoo » et le cœur du gameplay réside là dessus. Les tatouages se divisent en 3 catégories et apportent un avantage selon les régions que vous envahissez. Premièrement, les tatouages augmentent votre charisme, efficace pour recruter les classwomen, ou vous rendront plus menaçante, ce qui vous permettra de convertir les « punks ». La troisième catégorie est celle qui vous apporte des à-côtés comme augmenter le nombre de points que vous recevez par tour. Ensuite, ils augmentent votre attribut sur des caractéristiques propres aux régions ce qui vous permet d’ajouter de la pression sur des régions spécialisées. Chacun des districts se divise en 6 catégories et peut en cumuler 2, les districts riches, pauvres, culturels… Les tatouages augmentent donc également votre influence sur les régions contre lesquelles ils sont efficaces et vous permettent donc de recruter plus rapidement les factions ennemies afin de prendre contrôle de la région. Enfin, ces tatouages peuvent également être augmentés sur 3 niveaux, y ajoutant plus de couleur donc plus de puissance et vers la fin de la partie, votre personnage fini par ressembler à un cliché yakuza.
Bien évidemment, vous pouvez perdre aussi. De temps en temps, les régions peuvent se mutiner et si vous ne faites rien pour arrêter le conflit au sein de cette région, elle vous fait perdre de l’honneur, représenté par une jauge qui une fois vide signifie game over (votre jauge de vie, en somme). Pour faire arrêter ces mutineries, vous pouvez dépenser des points afin d’utiliser une autre compétence de votre personnage : signer un traité qui empêche la région de bouger pendant un certains nombre de tours, ou réduire le niveau d’alerte de la région pour la remettre dans le jaune. Si le niveau d’alerte devient trop élevé et que vous n’avez plus assez de points pour réagir, une icône ressemblant à une sirène de police apparaît et vous perdez des points d’honneur. Bien entendu, vous ne pouvez pas utiliser ces pouvoirs à volonté, un système de cooldown s’applique et vous devez attendre plusieurs tours avant de les récupérer.
Pour augmenter votre nombre de points, de temps en temps, des icônes apparaîtront sur la carte : une valise vous donnant directement des points, ou un jeu de hasard qui se joue avec des dés et qui dans mon cas ressemblait plus à « viens perdre tes points » (je déteste le hasard…).
Les tatouages, c’est beau mais ça pique
Tokyo Tattoo Girls est bourré de couleurs brillantes qui flattent la rétine. Mais après l’explication du scénario et le choix du personnage, la déception est au rendez-vous. Le combat de boss consiste en une discussion dans laquelle vous allez devoir ressentir le caractère de votre adversaire afin de justifier la raison de votre invasion de son district en choisissant une réponse sur 3 proposées par le jeu. Si la réponse que vous donnez est cohérente, le personnage vous défie en combat et vous ne faites rien. Si elle ne plaît pas à votre adversaire, un combat a lieu quand même. MAIS VOUS NE POUVEZ PAS PERDRE. Le seul plus, c’est que si vous avez donné la réponse attendue par le jeu, vous recevez un bonus en point d’honneur qui vous permet de regagner celle que vous avez pu perdre pendant votre conquête et un joli artwork qui remplira la galerie que vous n’allez probablement pas visiter.
De même que pour l’explication sur le processus d’invasion, une fois tous les tatouages débloqués, vous ne pouvez plus faire grand chose à part attendre le prochain combat et c’est là le plus gros défaut du jeu, il vous laisse spectateur de votre propre partie. Peu de choix vous sont proposés et vous n’avez malheureusement pas de contrôle sur la suite des événements.
À des moments, toutes les régions se mettent en furie et votre jauge d’honneur se réduit comme peau de chagrin. Mes premières parties se terminaient d’ailleurs toujours en game over parce que le jeu est plus simple une fois que vous avez trouvé la région la plus adaptée au départ selon le personnage que vous avez choisi. Chaque personnage ayant son avantage natif, si vous ne commencez pas le jeu en facile, vous ne trouverez pas la région adaptée à votre personnage. De plus, l’équilibre entre les personnages est assez moyen, certains d’entre eux ont des facultés qui coûtent énormément de points. Vous devez donc choisir entre être victime du jeu et ne pouvoir rien faire puisque vous dépensez tout vos points pour éviter la chute d’honneur, ou acheter des tatouages et subir le courroux de ces districts en crise.
Tokyo Tattoo Girls est truffé de temps de chargement qui, sans être trop longs, deviennent aussi indigestes que ceux de Monster Hunter sur PSP puisque vous en avez entre chaque écran. Par exemple, pour accéder aux tatouages, vous lancez le menu donc chargement, puis vous sélectionnez l’option pour tatouer et donc chargement et enfin vous pouvez vous y mettre. Mais seulement, même pour ça vous faites rien, il vous faut choisir les emplacements dédiés aux tatouages que vous ne verrez que sur cet écran. Vous ne choisissez ni la forme ni la place, et il n’y a même pas un mini jeu pour les poser… Et enfin, 2 nouveaux temps de chargement pour retourner à la carte.
Conclusion de Tokyo Tattoo Girls
Pour être honnête, Tokyo Tattoo Girls n’est pas horrible, mais il était vraiment pas transcendant. En vrai, on se demande réellement ce qu’ils vont nous pondre à mesure qu’on avance dans le jeu et c’est la seule chose qui pousse à poursuivre. Les voir traiter les clichés du manga et ce avec des artworks bien faits, ça vaut le coup mais les soucis d’ergonomie, les temps de chargement et les musiques qui se répètent en boucle… Tout ces défauts ne donnent pas franchement envie de terminer l’aventure ou de relancer une autre partie. Ce jeu vise réellement un public de niche et n’est donc pas à conseiller à tout le monde. Il y a du charme mais le manque d’implication du joueur deviendra vite rébarbative et après une première partie, on peut avoir l’impression d’avoir fait le tour de ce jeu. Changer de personnage apportera un peu de nouveautés à vos précédentes parties sur la manière d’aborder les boss et la stratégie d’ensemble mais le jeu s’opérant principalement sans vous, il faut avoir l’envie pour relancer le jeu. Puis quand on sait que le jeu coûte 20€, le rapport qualité/ prix n’est pas des plus intéressants…