Il y a déjà plus de trois ans, lors d’un Nintendo Direct en janvier 2013, Nintendo annonçait un nouveau jeu pour la Wii U, dont la création se ferait dans le cadre d’un partenariat avec Atlus. Leur volonté était de concocter un cross-over entre la licence Fire Emblem et Shin Megami Tensei, deux monstres du jeu de rôle japonais (J-RPG) et tactique (T-RPG) qui, certes, ne sont pas aussi populaires que Final Fantasy. Pour découvrir un tant soit peu l’univers du jeu, vous pouvez d’ailleurs vous pencher sur la récente sortie de Fire Emblem Fates sur Nintendo 3DS. Il fallut attendre avril 2015 pour enfin voir une véritable présentation de ce fameux Shin Megami Tensei X Fire Emblem.
Alors que nous attendions un simple mélange des deux séries, c’est une toute nouvelle licence qui a été dévoilée. Le jeu est disponible depuis Noël 2015 au Japon sous le nom de Genei Ibunroku #FE. Le 24 juin 2016, il arrive avec un nouveau nom, plus occidental, Tokyo Mirage Session #FE. Notez la référence à la série Fire Emblem avec #FE. Emprunter l’univers de gros RPG fait-il de Tokyo Mirage Session #FE un incontournable sur Wii U ? Les joueurs trouveront-ils leur bonheur ? La réponse tout de suite dans notre test complet. C’est parti !
Je veux devenir un artiste
Nombreux sont les joueurs à attendre de ce jeu un réel mélange entre les deux séries pour (peut-être) pouvoir voir les personnages issus de Shin Megami Tensei affronter ou s’allier avec ceux tirés de Fire Emblem. On pouvait également imaginer le monde médiéval mélangé au monde moderne japonais. Ce fut bien normal de penser cela, car le premier teaser montrait bien les personnages de Fire Emblem. Grosse surprise donc, l’histoire de Tokyo Mirage Session #FE nous amène au Japon, oui, mais dans le monde du spectacle. En effet, le jeu nous embarque dans l’univers des idoles japonaises, de mangas, d’anime, de la J-POP et tout ce qui touche à cette ambiance. Nous allons d’abord vivre l’histoire de jeunes japonais, qui souhaitent devenir des stars de cette culture tokyoïte. Une vie tout à fait normale.
Les connaisseurs des Shin Megami Tensei ou Persona savent que le monde réel est souvent confronté à un monde parallèle, surnaturel où crèchent des forces démoniaques. C’est le cas ici. Il existe un lieu dans la capitale nippone possédant un lien entre deux mondes. Il se trouve dans l’Idolasphere, où se passent les auditions de nos héros. Chaque personnage a en lui un potentiel créatif appelé Performa. Les créatures venant du monde obscur, baptisées Mirage, ont pour but de voler le Performa des humains. Vous comprenez vite pourquoi l’Idolasphere est un lieu si intéressant. Lorsqu’un individu exerce ses talents dans le domaine de la création de l’art, comme le chant, la danse, jouer la comédie, son Performa devient plus puissant. Les choses deviennent intéressantes lorsque Aoi Itsuki, l’un des personnages principaux, tente de sauver son amie d’enfance, enlevée par un Mirage. Il réussit à faire évoluer et maîtriser son Performa, afin de chasser l’aura obscure émanant du Mirage. Ceci étant fait, le voile se lève et révèle l’identité du Mirage. Il s’agit de Chrom, personnage emblématique de Fire Emblem: Awakening. Vous allez, petit à petit, découvrir plusieurs personnages issus de la série Fire Emblem en purifiant les Mirages. Notre duo va alors rejoindre une société organisatrice de castings, qui enquête également sur ces Mirages, Fortuna Entertainment.
Shin Megami Tensei X Fire Emblem X Persona ?
Comme vous pouvez vous en douter, Tokyo Mirage Sessions #FE n’est absolument pas un tactical-RPG comme Fire Emblem. Nintendo a confié la saga Fire Emblem à Atlus pour en faire un jeu à leur sauce. Du côté d’Altus, les développeurs ont puisé dans leurs RPG vedettes : on retrouve donc un bout de Shin Megami Tensei et un bout de Persona. En termes de gameplay, nous nous rapprochons d’ailleurs plus de Persona 3. Les combats se font au tour par tour, à l’ancienne et comme on les aime. C’est dans les combats que l’on retrouve un système familier des Fire Emblem, le triangle d’armes épée, hache, lance. Dans Tokyo Mirage Sessions #FE, la petite touche personnelle est le mode Session. Lorsque les combattants s’attaquent à un point faible de l’ennemi, ces derniers peuvent alors lancer une Session. Si toute votre équipe est disposée à lancer des Sessions, les attaques vont s’enchaîner et ainsi faire un long combo dévastateur.
Vous disposez de trois héros lors des combats, mais il sera conseillé de faire tourner vos combattants. Premièrement, cela permet de les entraîner, mais surtout de les faire participer au combo et d’apprendre davantage de coups de Sessions, pour un combo plus ravageur. Concernant les attaques, ces dernières s’apprennent via les armes que vous utilisez. En battant vos événements, vous récupérez des matériaux, servant à concevoir des armes. Chaque arme possède quatre niveaux, correspondant au nombre d’attaques pouvant être maîtrisées. L’un des points forts du jeu réside dans les donjons à explorer. Nous retrouvons le système de dungeon crawler des Shin Megami Tensei. Les donjons sont assez courts, mais adaptés au rythme du jeu. De plus ils recèlent de nombreuses énigmes à résoudre en plus de nombreux matériaux indispensables pour confectionner de nouvelles armes toujours plus puissantes. Entre autre, les donjons bénéficient d’une direction artistique splendide.
Réalisation timide, mais ambiance réussie
Sans être laid, Tokyo Mirage Sessions #FE est loin de ce que la Wii U peut offrir en termes de graphismes. Le jeu d’Atlus est en soi assez pauvre. La capitale japonaise, si vivante, si animée, se retrouve ici assez désertique. A croire que l’ensemble de la population est concentré dans l’Idolasphère. L’échantillon qui nous est ici proposé ne représente que quelques petites rues. Rapides à traverser, elles sont surtout entrecoupées de temps de chargement interminables. La navigation dans le quartier de Shibuya est tellement laborieuse qu’on n’y prend aucun plaisir. Vos déplacements se feront surtout grâce aux téléporteurs, via le menu.
C’est un peu dommage, car la direction artistique du jeu est plutôt bien soignée. Puisque nous sommes dans l’univers des idoles, le monde de l’entertainment et notamment de la pub y est fortement présent. Rien n’est épargné dans le monde des otaku. Au programme : chants, castings, concerts, pubs, cinéma, photographies, etc. Même l’addiction des jeunes aux smartphone est également ciblée. Notre personnage est en effet accro à son téléphone portable. Un choix dont on aurait pu se passer. Le pire, c’est le gameplay hors donjons. En effet, c’est via le Wii U Gamepad que le téléphone est représenté. Sur l’écran de la manette les nombreux messages des personnages sont affichés. Si les messages sont importants, l’action sur l’écran de télé s’arrête, invitant le joueur à poser son regard sur le Gamepad. L’écran tactile sert aussi d’accès aux cartes du jeu. Impossible de jouer en off-TV ou de brancher son casque pour profiter de la bande-son du jeu directement dans les oreilles.
Malgré les inspirations de deux, non de trois pointures du jeu de rôle japonais (Shin Megami Tensei, Fire Emblem et Persona), Tokyo Mirage Sessions #FE ne sera pas une référence dans le genre. Nous pointons du doigt une réalisation offrant le minimum syndical, un Gamepad mal utilisé et un rythme saccadé par des temps de chargement un peu trop longs. L’univers est assez minuscule, mais les personnages sont plutôt bien traités. Nous rentrons assez rapidement dans le monde du spectacle. Le point fort du jeu réside dans les donjons et les combats. Le gameplay est à la fois solide et complet, tirant le meilleur parti des deux mondes. Cet univers édulcoré ne plaira sans doute pas à tout le monde et l’absence de traduction française empêchera les non-anglophones d’apprécier le jeu.