Vous êtes-vous déjà demandé ce qui arrivait aux trois petits cochons du conte, une fois qu’ils ont tenu bon au Grand Méchant Loup ? Ah, vous non plus… Eh bien écoutez, c’est l’occasion ou jamais de vous replonger dans la rivalité luporcine avec The Wolf’s Bite. Ce jeu, créé par trois développeurs indépendants, ressemble à un jeu de plateau adapté au PC, et on vous conte de suite ce qu’on en a pensé.
The Wolf’s Bite – Vous « loup »erez-vous , ou vous « porc »tera-t-on aux nues ?
Il était une fois… un Grand Méchant Loup qui n’arrivait pas à manger trois petits cochons.
Le Grand Méchant Loup a décidé d’arrêter les bêtises : son entreprise de démolition a fait faillite puisqu’il ne réussissait pas à démolir les bâtiments en brique. Il s’est alors reconverti dans la grande restauration et a ouvert son restaurant, The Wolf’s Bite (qu’on pourrait traduire par La Part du loup). Cependant, les trois petits cochons (qui ne sont pas si petits que ça dans cette version) ne voient pas cela d’un si bon œil, et veulent tout faire pour ternir la réputation de celui qui voulait auparavant les manger tout crus.
C’est ainsi que commence une semaine remplie d’actions plus ou moins foireuses (et foirées) des deux côtés, les cochons cherchant à couler l’entreprise débutante du loup, le loup cherchant à se faire bien voir du village pour faire prospérer son restaurant. Le déroulement d’une partie est donc tout logique. Les parties se jouent toujours à deux (en local ou contre l’ordinateur), l’un incarnant le loup, l’autre les cochons. Chaque partie est constituée de 7 jours (soit 7 tours), dans lesquels les personnages jouent l’un après l’autre. Lorsque c’est son tour, un personnage va dans l’un des endroits disponibles dans le village (le restaurant, la mairie, le lac…) et choisit de faire l’une des deux actions qui y sont proposées. Chaque lieu propose toujours les deux mêmes actions, mais elles diffèrent selon qu’on est le loup ou les cochons, et leur résultat varie sans cesse.
Plouf, plouf, une boule en or c’est toi qui sort
Le hasard joue en effet un grand rôle dans The Wolf’s Bite, les décisions que vous prendrez auront toujours des résultats inattendus. Plus précisément : à chaque tour, quand vous choisissez l’action que vous effectuerez dans l’endroit où vous êtes, c’est toujours le même résultat qui arrive : par exemple, travaillez comme bénévole pour la mairie et vous gagnerez en réputation. On regrette d’ailleurs que le résultat de ce genre d’actions ne soit pas indiqué quelque part (du genre « +1 rep cochons »), puisque si on veut s’améliorer on doit de toute façon connaître les conséquences de chacune de ces actions pour les choisir en connaissance de cause.
Cependant, votre tour ne s’arrête pas là : après le résultat de cette première action, un événement aléatoire arrive dans le lieu où vous vous trouvez, en général vous interagissez avec un PNJ – pardon, un personnage de conte qui débarque dans le lieu par hasard. À ce moment-là, le PNJ vous propose 2-3 choix (chatouiller l’huître ou l’ouvrir avec un pied-de-biche ? Casser les vitres ou les tables du restaurant ?), qui ont des conséquences hasardeuses et différentes d’une fois sur l’autre (enfin, on tourne a priori entre deux fins différentes pour chaque décision prise), pouvant causer votre fortune ou aider votre adversaire.
Et c’est là que le bât blesse vraiment : il y a trop de hasard, beaucoup trop pour qu’on puisse progresser dans la maîtrise du jeu, beaucoup trop pour qu’on puisse établir une stratégie gagnante : à chaque tour, vous faites un coup dont le résultat est connu, et un autre complètement variable et souvent plus important. Ceci est d’autant plus vrai qu’on ne dispose que de sept petits tours avant que la partie se finisse ! Chaque jour est donc « un pas en avant… un pas en arrière… deux pas en avant… trois pas en arrière » et les parties ne se gagnent jamais à grand-chose, perdant tout l’intérêt du jeu compétitif. La mécanique de ce jeu est à peu près la même que celle d’un jeu dont les règles sont « on lance un dé, et celui qui a le plus grand chiffre gagne » : ça ne demande aucun talent particulier, c’est juste du hasard.
Un autre point de détail qui est juste absurde : chaque personnage dispose de deux indicateurs qu’il doit amener le plus haut possible : sa réputation et sa richesse. À cela s’ajoute, pour le loup, la qualité de son restaurant. La réputation est indiquée en %, la richesse en $ et la qualité du restaurant avec un classement sur 5 étoiles. Bon, jusque là tout paraît normal, mais tenez-vous bien : chaque action que vous faites vous fait gagner ou perdre des points dans un ou plusieurs de ces indicateurs, mais attention : gagner « 1 réputation » vous donne +5 % de réputation, « 1 richesse » correspond à +1$, et si le restaurant gagne « 1 qualité » alors son classement est réhaussé d’un cinquième d’étoile. Ce système est tellement mal fichu ! Les points qu’on gagne sont comme des jetons dans un jeu de plateau, on a compris le clin d’œil, mais la réputation pourrait être échelonnée de 0 à 20, on pourrait améliorer la qualité par étoiles ou demi-étoiles, plutôt que par pas de 1/5 : après les hauts et les bas des actions de chaque tour, on se retrouve toujours avec des indicateurs dans la moyenne, donc ça n’aurait pas beaucoup d’importance.
Prom’nons-nous dans les bois…
The Wolf’s Bite se passe dans un univers féérique, et ça se voit. Le jeu est rempli de références à des contes et de personnages fantastiques, de la petite sirène à la reine des abeilles en passant, bien sûr, par le petit chaperon rouge. Ces références sont très amusantes, et les textes sont bourrés de jeux de mots… que vous ne pourrez saisir que si vous comprenez bien l’anglais, parce que ce jeu n’est absolument pas traduit. On le déconseille même à celles et ceux qui ne lisent pas l’anglais fluidement, parce que les choix à prendre seraient alors difficilement compréhensibles et vous perdriez tout le sel du jeu.
Une petite note sur les graphismes : il n’y en a finalement que très peu, juste la carte du village et les illustrations qui accompagnent chaque tour. Leur style est assez particulier, assez « gras », et pas plus mémorable que ça. Même chose pour la musique : on a une musique de fond ascenseur-esque suffisamment basse pour ne pas être ennuyante, et des bruitages très simples – les cochons ingurgitant leur repas, le loup allant à un cours de cuisine – qui ne donnent rien de bien passionnant.
Conclusion The Wolf’s Bite
Tout cela n’est pas très brillant, et on vous avoue qu’on attendait mieux de The Little Devs en lisant les descriptions du jeu. The Wolf’s Bite est un jeu trop court, trop rapide (une partie se finit en un quart d’heure), qui donne une part trop importante au hasard et détruit par là-même toute tentative pour une quelconque compétition entre les joueurs, puisqu’on ne peut mettre en place aucune stratégie qui nous donnerait un avantage. Non, vraiment, si vous voulez vous replonger dans des histoires fantastiques, on vous conseille de conter vous-même l’histoire, ou de vous diriger vers des jeux comme le génial The Wolf Among Us qui est bien plus creusé et intéressant (et qui parle du loup lui aussi).