Après les moyens mais sympathiques Mars War Logs et Bound by Flame, le studio français Spiders est de retour avec un tout nouveau action-RPG électrisant, The Technomancer sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Spiders a-t-il enfin réussi à gommer les défauts de ses anciens titres pour propulser The Technomancer à un niveau supérieur, ou stagne-t-il dans le simplement sympathique mais vite oublié ? Nous allons voir ça ensemble avec le test de la version PlayStation 4.
The Technomancer, le nouveau coup de foudre ?
The Technomancer : prend un mars et ça repart
L’histoire de The Technomancer prend place sur la planète Mars, dans le même univers que Mars War Logs sorti en 2013. Si vous n’avez pas joué à ce dernier, pas de souci : hormis la localisation, les deux jeux n’ont quasiment aucun lien. Dans ce nouveau jeu, nous incarnons Zacharia Mancer, jeune Technomance (troupe de défense qui possède des pouvoirs électriques) qui vient de finir son apprentissage. À peine sorti du moule, votre chef vous assigne à une mission de reconnaissance qui, au premier abord, peut paraître tout à fait banale. Grâce à votre style de combat et vos pouvoirs électriques le danger que présente les quelques monstres et ennemis belliqueux ne vous pose pas vraiment de problème jusqu’à la rencontre avec le big boss du coin. Celui-ci va vous faire suer et vous montrer que si on compte jouer le gros bourrin dans ce jeu c’est le game over assuré ; mais nous reviendrons plus tard sur ce point. Une fois la grosse menace enfouie six pieds sous terre, c’est là que votre mission prend tout son sens.
Vous allez apprendre la véritable histoire des Technomances, ce qu’ils sont vraiment et pourquoi vous devez garder ce secret jusque dans votre tombe, car sinon c’est toute votre caste qui pourrait disparaître à jamais. Mais les Technomances sont-ils aussi bons qu’ils essayent de le faire croire à la population et au gouvernement ou certains de ses membres cachent-t-il de sombres ambitions ? Rapidement plusieurs factions « adversaires » de la vôtre tenteront de vous ouvrir les yeux ou peut-être de vous induire en erreur. Vous devrez faire de nombreux choix, ne sachant jamais qui est réellement l’ennemi et donc à qui faire confiance. Choisirez-vous les vôtres ou les trahirez-vous ?
L’illusion du choix
Spiders nous l’avait promis, avec The Technomancer de nombreux choix moraux vous seront proposés et vos décisions auront de grandes répercussions sur l’histoire. Sur le papier le programme semble vraiment très alléchant et durant les premières heures du jeu on a vraiment l’impression que nos choix vont avoir une grande portée. Mais au final on revient au défaut des précédentes productions de Spiders : nos décisions ont une portée très limitée et le jeu nous amène là où il le désire. Nous avons simplement le choix entre différentes petites routes départementales qui vont toutes nous amener à la même autoroute.
C’est une déception, d’autant plus que l’histoire principale de The Technomancer est d’un banal affligeant, à la limite de l’ennuyeux. On y trouve une mise en scène à la ramasse, un jeu d’acteur de doublage médiocre et des expressions faciales pour les différents personnages venues d’un autre âge. Techniquement quasiment tout le jeu a l’air de sortir d’une autre époque. Graphiquement, le jeu n’est pas joli du tout pour un jeu PlayStation 4, les animations sont rigides, les séquences de dialogues à rallonge ne nous apportent quasiment rien et auraient pu être largement diminuées pour aller à l’essentiel, les personnages sont creux, tout comme l’histoire… À aucun moment le jeu ne nous prend aux tripes et nous donne l’envie d’avancer pour connaître le déroulé de notre aventure ou les conséquences de nos choix. On ne s’attache pas aux protagonistes, même les différentes damoiselles que nous pouvons tenter de séduire dans le jeu sont un archétype d’une époque révolue.
Et comme si cette bonne grosse couche de défauts ne suffisait pas, une seconde vient finir de détruire les derniers optimistes qui voulaient croire en ce jeu. Comme tout RPG qui se respecte The Technomancer propose une évolution du personnage. Le défaut n’est pas là : nous avons affaire à du très classique question montée de niveau, où on obtient des points à répartir en différentes catégories (force, endurance, agilité…) et qui nous permettent de débloquer de nouvelles capacités. Non le souci vient encore une fois du côté de la technique. Nous avons affaire à une interface mal conçue et pas très lisible. On se perd facilement dans les nombreux tableaux et sous-menus qui auraient pu être bien mieux optimisés et surtout plus lisibles. Cette sensation de devoir tirer sur les yeux pour voir ce qui est écrit à l’écran va vous poursuivre tout le long de l’aventure, car Spiders à choisi une taille de sous-titres extrêmement petite et non modifiable. Le test de ce jeu fut fait sur une télévision de bonne taille (107 cm) et à une distance raisonnable, mais malgré ça il fallait que je me rapproche régulièrement de mon écran pour pouvoir lire rapidement les dialogues. De plus, vu que le jeu est uniquement doublé en anglais, les sous-titres français seront votre seule chance de comprendre le jeu si vous ne parlez pas la langue de Shakespeare. On ne va pas s’attarder sur la caméra rigide et indisciplinée, ni sur les récurrents bugs de disparitions des PNJ qui empêchent de conclure une quête, ainsi que les ennemis qui ont eux aussi le droit de jouer à l’homme invisible en plein combat. Non, on a assez massacré le jeu.
Quoi ce n’est pas fini ? Ah oui en parlant des quêtes : qui dit RPG, dit missions secondaires. On vous a dit que l’histoire principale est aussi passionnante que les anecdotes de votre vieille voisine. Et bien n’attendez pas mieux de ce côté-là. Va me chercher une baguette de pain chez untel. Va tuer quelques rats dans les égouts. Ah mince, j’ai perdu mon portefeuille et au passage va réparer la tour nord on n’a plus de radio. De la quête Fedex comme on en a déjà soupé dans de nombreux MMORPG. Quasiment aucune n’a d’intérêt pour l’histoire.
La lueur d’espoir dans l’affrontement
Bon, arrêtons de tirer sur l’ambulance. Si les défauts du jeu ne vous ont pas déjà fait fuir aussi vite que Bip Bip face au coyote, on va vous parler de choses plus positives. Car oui le jeu propose de bons éléments. Enfin surtout un, ses combats. Si au premier abord les affrontements peuvent paraître mous et chiants en vidéo, il en est tout autre une fois la manette en main. On vous l’a dit plus haut, si vous désirez jouer le gros bourrin dans The Technomancer, le jeu va rapidement vous le faire payer. Pour sortir victorieux des nombreuses joutes physiques il vous faudra apprendre à bien gérer l’esquive, élément salvateur en de nombreuses situations. Connaître les différents mouvements et attaques des ennemis vous sera également d’un grand secours pour savoir quelle technique adopter. En effet, The Technomancer a une force non négligeable : le jeu propose, en plus des pouvoirs électriques, trois styles de combats. Tout d’abord, nous avons le guerrier qui manie un grand bâton, puis le roublard qui utilise dague et pistolet, et enfin le gardien qui manie la matraque et le bouclier. Vous n’aurez pas à choisir entre un des trois styles, non, une simple pression sur deux touches en plein combat et vous passez instantanément de l’un à l’autre d’un claquement de doigts.
En plus de cette liberté d’action, chaque catégorie (que ce soient les trois styles ou vos pouvoirs « magiques ») propose une bonne évolution tout au long de l’aventure. À vous de voir si vous souhaitez développer au maximum tel ou tel style ou si vous voulez devenir bon dans chaque catégorie pour pouvoir répondre efficacement à chaque menace. Si tout cela ne vous suffit pas pour occire vos ennemis, vous pourrez placer des pièges sur le champ de bataille. Tactiques, nerveux, difficiles, les combats sont vraiment le gros point fort du jeu. Si les déplacements de Zacharia n’étaient pas autant rigides on aurait affaire à quelque chose d’excellent pour ce style de jeu. Autre point positif du jeu, son ambiance. Même si le jeu est complètement dépassé graphiquement, l’ambiance est bien fait, aussi bien en ville que lors de nos déplacements sur Mars. La ville est vivante, avec de nombreux commerces et lieux à visiter grouillant de PNJ, ce qui accentue l’impression de vide et l’oppression de l’espace qui se font ressentir quand nous partons nous promener. Ce n’est pas extraordinaire non plus, mais Spiders s’en sort assez bien de ce côté-là, d’autant plus que les différentes zones sont bien grandes et regorgent de coffres et d’objets cachés. Si vous désirez avoir le meilleur des combattants et parfaire votre stuff sans vous ruiner chez les marchands, il vous faudra tout fouiller à fond, que ce soit l’environnement ou les ennemis vaincus.
Conclusion The Technomancer
Si lors des différentes présentations de The Technomancer nous avions l’espoir que le studio français Spiders ait enfin réussi à avoir les moyens financiers et techniques pour donner corps à leurs idées et ambitions, finalement nous nous retrouvons encore une fois avec un jeu somme toute sympathique, mais avec des trop grandes carences qui font pencher la balance du mauvais coté. Malgré un système de combat très bien pensé, une ambiance agréable et des joutes qui vont ravir les plus acharnés, les gros défauts techniques d’un jeu à la robe usée venant d’une époque révolue feront fuir très rapidement de nombreux joueurs qui s’essayeront au jeu. Les plus téméraires, voire acharnés, qui arriveront à faire fi des (trop) nombreuses lacunes du jeu pour prendre plaisir lors des rares morceaux lumineux pourront profiter d’une durée de vie agréable qui se situe entre 30 et 40h.
Après trois jeux aux mêmes défauts, Spiders devrait revoir son ambition de faire de gros RPG qui viennent se friter aux ténors du genre, style Skyrim ou The Witcher, à la baisse pour développer des jeux moins gourmands techniquement. Le studio pourrait peut-être alors nous offrir un écrin moins coûteux financièrement, mais aussi plus à même de mettre en avant les bonnes idées et le talent du studio. Car malgré tout on sent que derrière ce mur de défauts se cache un joyau qui ne demande qu’à briller, malheureusement caché par une montagne.