Deck 13 Interactive, voilà des années que tu manques de peu ta cible. Après un médiocre Venetica sorti en 2009 et un honorable mais imparfait Lords of the Fallen, tu nous reviens aujourd’hui avec The Surge, énième die & retry moderne au contexte dystopique. Ne passons pas par quatre chemins toi et moi, tu m’as une nouvelle fois blessé. Nous en avons vécu des aventures ensemble, et il semblerait que cette dernière se termine encore par une déception de taille.
Pourquoi t’infliges-tu ça ? N’as-tu donc rien appris de tes erreurs passées ? Tu es pourtant si près du but ! Deck 13 Interactive, je t’aime et te déteste à la fois, et ce test rédigé dans la douleur et les larmes est le fruit d’une attente brisée à bien des égards. Enfilez vos exosquelettes et autres augmentations mécaniques, nous partons en guerre contre les machines.
Raconte-moi (mal) une histoire
Bienvenue chez Creo, corporation tentaculaire faisant fortune dans le domaine de la robotique. Vous incarnez ici Warren. Sans histoire ni quelconque antécédent, notre nouveau héros souhaite rejoindre les rangs de l’entreprise en position d’hégémonie.
Une fois l’inscription validée, il va se réveiller non sans douleur avec des augmentations mécaniques lui octroyant des facultés physiques plus abouties que la normale (force, vitesse ou encore endurance). Toujours sans une once d’explication, Warren se retrouve seul au beau milieu de l’usine Creo et va devoir se battre contre une horde de robots devenus incontrôlables. Guidé par un hologramme sorti de nulle part, notre homme devra se frayer un chemin afin d’apporter des réponses à cette fâcheuse histoire déjà en manque d’intérêt.
Le scénario de The Surge manque clairement d’explication, le fil rouge (s’il existe) est loin d’être suffisant pour tenir en haleine le joueur. De plus, le peu de PNJ rencontrés n’apporteront aucun éclaircissement sur la situation, les messages radio récupérés brouilleront même votre légère tentative de compréhension des événements.
Même une fois le jeu terminé, l’incompréhension demeurera. Ce n’est pas tant que le scénario est complexe à saisir, mais rien n’est raconté convenablement. On se contentera donc d’avancer et de tuer tout ce qui bouge sans se poser de question. Là où un Dark Souls excelle dans sa manière d’aborder son univers et son scénario, The Surge échoue lamentablement. C’est flou et vide, rien ne donne envie de persévérer contrairement à son modèle.
Mécaniquement stable mais incomplet
Si l’histoire n’est clairement pas son point fort (aussi bien sur son fond que dans sa forme), The Surge se démarque par un gameplay d’apparence complet et maîtrisé. Ne vous leurrez pas, il suffira de quelques minutes de jeu pour constater ses limites et ses lacunes. En effet, la caméra est une aberration. Celle-ci sera votre principale ennemie. Coin, ennemi imposant, ennemi en mouvement, la perte de contrôle de la caméra est bien trop fréquente et nuira grandement à l’expérience de jeu. Difficile de se battre dans ces conditions. Et un sentiment d’injustice se fera sentir à chaque mort.
Car oui, dans The Surge, nous mourons énormément (le principe même d’un die & retry) mais il ne s’agit souvent pas de morts « justes » dans le sens où nous n’avions pas simplement le niveau ou les armes adéquats. Ici, il s’agit de morts liées aux bugs. Quoi de plus rageant ? On notera toutefois les finish moves gratifiants. On prend plaisir à découper les membres des ennemis au ralenti encore et encore.
Autre partie intégrante directement liée au gameplay : le système de crafting. Vous pourrez construire vos propres pièces d’équipement à partir de membres découpés via les fameux finish moves. Il faudra donc couper, démembrer et écarteler de nombreux corps afin de récupérer les matériaux nécessaires à la construction de votre équipement tant convoité. Sur ce point, pas d’originalité majeure mais un concept qui tient amplement la route. Choper l’arme du boss vaincu est un vrai plaisir même si cela demande quelques minutes de récolte. Notez enfin les différents types d’armes définis par leur vitesse d’attaque.
C’est à vous de vous adapter entre la vitesse et la force. Plus une arme est lente, plus elle fait de dégât et vice-versa. Pour faire simple, il y a deux manières de jouer : lourd et très offensif, léger mais rapide. Encore une fois, pas de surprise mais stable tout au long du jeu.
Deck 13 Interactive ou la malédiction du jeu non abouti
Plus vous terrassez d’ennemis, plus vous récoltez de l’expérience échangeable contre des niveaux. Attention, si mort il y a, alors vous perdez votre lot d’XP en cours. Ce système à la Dark Souls permet de rajouter de l’intensité dans nos déplacements surtout quand nous sommes en mauvaise posture. Dans ces moments-là, la prudence deviendra votre maître-mot. Votre personnage pourra également recevoir diverses techniques et autres aptitudes supplémentaires grâce aux implantations. Vous pourrez ainsi augmenter votre santé, votre endurance ou encore vous octroyer un bonus de dégât pendant un temps limité. Attention à la limite du nombre d’implantations, définie par votre niveau.
Tout comme Lords of the Fallen, The Surge donne vraiment l’impression d’avoir affaire à un jeu non abouti. C’est comme si les développeurs avaient d’excellentes idées au départ mais que, pris par le temps, ces derniers ont dû bâcler les détails. Et le résultat est clairement en dessous de nos attentes. Les mêmes erreurs sont commises, à commencer par cette catastrophique caméra et ce détestable système de lock. La bande-son est anecdotique, on retiendra seulement un seul morceau, celui des boss qui se veut réellement prenant.
Et je ne parle même pas des PNJ et autres quêtes secondaires d’une inutilité déconcertante. Dans ce large complexe, nous rencontrons à diverses reprises des individus dans le besoin, et ils ne servent tout bonnement à rien !
Oui, The Surge déçoit. Oui, le titre est loin d’être le die & retry promis et ses défauts et bugs techniques nuisent bien trop à l’expérience de jeu. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser à ce que le jeu pourrait être si les développeurs avaient peaufiné leur oeuvre dans sa totalité.
Deck 13 Interactive, apprends de tes erreurs et prends le temps nécessaire pour finaliser l’ensemble des détails sur tes futurs projets. Je continue d’espérer et peut-être un jour, la flamme renaîtra de ses cendres encore chaudes, on ne demande que ça.