Développé sur Unity par 5 développeurs indépendants, The Station nous propose une aventure narrative dans l’immensité de l’espace. Ce jeu est ce qu’on pourrait qualifier de jeu d’observation, d’immersion, une sorte de point and click en 3D doté d’une dimension narrative importante. Ce genre de jeu est assez complexe à réaliser car il faut à la fois éviter que le joueur s’ennuie et également le propulser dans un scénario accrocheur. Nous allons, dans ce test, vérifier si le jeu répond bien aux conditions de succès du genre.
The Station – Un jeu qui allie gameplay intéressant et scénario immersif ?
L’espace et le vide intersidéral
Dès le démarrage du jeu, nous sommes plongés dans l’immensité pesante de l’espace. On ressent le vide tant par la musique que par la sobriété du menu. Le jeu nous plonge ensuite dans son scénario, à la fois classique et complexe.
Un équipage de scientifiques est parti étudier une race d’êtres vivants sur une planète lointaine et ne donne plus signe de vie. Tout ce que l’on sait, c’est que la station, nommée Axiom, était prévue pour être invisible et inaudible mais que le système de camouflage s’est subitement arrêté. Les êtres vivants de la planète étudiée semblent assez violents, ce qui ne présage rien de bon. C’est donc à vous d’enquêter sur cette disparition et de découvrir ce qu’il s’est réellement passé dans cette station.
L’intrigue, sans être extraordinaire, a le mérite de susciter un tant soit peu notre curiosité. Une curiosité qui sera bien utile durant notre enquête dans la station Axiom. Le scénario dans sa totalité, lui, est bien moins convaincant. Le début est intéressant, la fin est bien trouvée mais tout ce qu’il y a entre est complètement sans intérêt. C’est comme si les scénaristes avaient une idée d’introduction et de conclusion mais n’avaient aucune idée de ce qu’ils allaient placer entre.
Le développement de l’histoire n’est que remplissage. On en apprend plus sur les différents membres de l’équipage, ce qui est censé servir à nous immerger plus mais l’effet est contraire. En effet, ces petites histoires annexes à l’intrigue principale ne font que lancer une série de nouveaux scénarios, de nouvelles mini-intrigues et aucune de ces dernières ne trouvent de conclusion. Le joueur est donc à la fois frustré et perdu car il ne sait plus vraiment pourquoi il fouille ce vaisseau avant que la conclusion finale ne le lui rappelle.
Quand je serai grand, je voudrai être astronaute !
Si de nombreux enfants ont ce rêve, c’est probablement parce que l’espace c’est diablement beau ! Et ça, le jeu l’a bien compris. En effet, l’immensité et la beauté de l’espace nous apparaissent à chaque fois que l’on croise une fenêtre et les graphismes de ce jeu n’ont pas à rougir des plus grands titres.
La station Axiom est assez belle et surtout inventive. On y découvre de nombreux gadgets de toutes sortes qui rendent bien l’ambiance futuriste du jeu. On peut prendre et observer un grand nombre d’objets dans le jeu, la plupart étant complètement inutiles mais participant à l’ambiance. L’immersion graphique est telle qu’on se demande si ce jeu ne gagnerait pas à être en VR.
The Station joue également beaucoup sur l’ambiance sonore. On est d’ailleurs parfois surpris par un bruit dans notre dos alors que l’on est concentré sur notre recherche. Une nouvelle fois, l’immersion est réussie !
Élémentaire mon cher Neil Armstrong !
Immergé dans cette ambiance artistique bien rendue et ce scénario sans queue ni tête, il nous faut désormais enquêter. Pour ce faire, on peut prendre des objets, actionner des mécanismes, se balader, écouter des enregistrements, chercher et encore chercher. Bref, le classique d’un point and click où l’on enquête en tentant parfois des expériences complètement absurdes parce qu’on ne trouve pas la clé d’une énigme. Rien de neuf, rien de trépidant mais la recette a déjà fait ses preuves… dans des jeux où le scénario était en béton…
Pour réaliser toutes ces actions, il vous faudra une manette de type Xbox ou un clavier QWERTY ! Vous ne pouvez pas jouer avec une manette d’une autre marque ni avec un clavier AZERTY, parce qu’aucun des deux ne fonctionnera correctement. Voilà encore un jeu qui se refuse à l’exportation et à la disponibilité pour un large public… Dommage. [NDLCorrectrice : sous Windows 10, vous pouvez changer la disposition du clavier ainsi : Paramètres – Région et langue – cliquer sur « Français » et ajouter un clavier QWERTY, puis vous aurez une barre de langue dans la barre des tâche qui vous permettra de passer d’une disposition du clavier à l’autre]
Nous vous parlions de la frustration des scénarios annexes qui ne trouvent pas de réelle conclusion. Hé bien le jeu vous frustrera encore plus quand, au bout de 2h de jeu, vous l’aurez terminé. La réaction inévitable du joueur à la fin est empruntée à Denis Brogniart : « AH ! »
Conclusion sur The Station
The Station allie-t-il scénario immersif et gameplay intéressant ? La réponse est simple : non ! Certes, graphiquement et musicalement le jeu est très immersif. Mais c’est tout ce qu’il a ! Le gameplay est simple et classique pour un point and click mais tout cela est censé être relevé par un scénario transcendant qui nous transporte et nous fait tout oublier. Le scénario de ce jeu commet de très nombreuses erreurs qui rendent sa lecture impossible : il ne suit pas un fil rouge clair, il nous fait de nombreuses « promesses » avec des intrigues annexes mais ne les conclut jamais… Résultat : on aurait pu raconter la même histoire en enlevant tout ce qu’il y a entre l’introduction et la conclusion pour un résultat identique, voire plus efficace car on ne se serait pas perdu en chemin. Ce n’est pas l’équipage de The Station qui est perdu, c’est le jeu lui-même !