Six ans après Slay the Spire, le genre Rogue-like style deck-building se sont répandus sur Steam comme une épidémie sans fin. Entre un Monster Train 2 et d’autres itérations moins populaires, le marché est saturé. Au milieu de tout cela, un dénommé The Royal Writ arrive et tente de proposer sa propre vision. Avec son univers dessiné et une belle enveloppe, ce qui semble être le second jeu du studio espère se faire une place dans cet espace à la concurrence plus que féroce.
(Test de The Royal Writ réalisé sur PC via une copie fournie par l’éditeur)
Oui Monseigneur
Quand un sujet ne répond pas à l’invitation, quelque peu forcée, de notre bien-aimée majesté, la question ne se pose pas. Un petit siège n’a jamais fait de mal à personne. C’est ainsi que l’on s’embarque dans une aventure aux côtés de l’armée du roi et quelques recrues récupérées en chemin. The Royal Writ est un jeu d’apparence assez simple et enfantine, dans lequel l’on dépose des cartes sur différentes lignes. Un bouton permet de terminer le tour, et le décompte des points gagnés est affiché, un jeu d’enfant.
Si vous connaissez Balatro, il est assez simple de vous expliquer le mécanisme : les cartes que vous posez peuvent être bleues ou rouges. Les bleues apportent un chiffre brut, tandis que les rouges accumulent un multiplicateur. Les valeurs s’additionnent et forment un score équivalent au produit des deux couleurs, puis avancent d’une case.
Durant un combat, vos cartes se dirigent vers les fortifications ennemies et sont perdues si elles entrent en collision avec celles-ci. La destruction d’une carte est un élément récurrent de la plupart de vos parties, ce qui vous permet de recycler vos cartes les plus faibles tout en évitant d’atteindre la limite de cartes du deck. Il ne faut pas avoir peur d’envoyer ses troupes au casse-pipe !
Le grand échiquier de The Royal Writ
Évidemment, tout ceci n’est que poudre aux yeux. The Royal Writ cache en fait une énorme matrice qui ne demande qu’à être exploitée au maximum. Les personnages ont tous un effet différent qui peut aussi bien faire décoller votre deck que le détruire, le terrain de jeu peut s’avérer rigoureusement impraticable et une erreur de placement peut tout à fait être fatale. Grâce à ces différentes mécaniques simples, The Royal Writ est capable de se renouveler à l’infini. Que ce soit un personnage qui devient plus fort en étant seul sur sa colonne, ou un autre qui améliore définitivement toutes les cartes en jeu à sa mort.
Ajoutons à cela les événements que l’on rencontre en chemin, qui permettent d’acquérir de nouvelles cartes, mais aussi de collectionner des améliorations passives ou de dépenser notre précieuse bourse d’or de diverses manières. Il y a de quoi faire, expérimenter et échouer. Oui, vous allez échouer régulièrement, mais rassurez-vous, tout est fait pour simplifier la compréhension.
Toutes les cartes contenant des mots-clés sont cliquables, ce qui permet de déplier une colonne de lexique expliquant chaque effet. Les descriptions sont claires, et les développeurs ont également intégré une loupe pour les moins voyants, ainsi qu’un compteur en temps réel pour indiquer votre score. On a donc peu de mal à intégrer les différents effets et mots-clés, même si leur accumulation peut rendre le travail mental un peu brouillon…
Cestuy-là qui conquit la toison
Passons maintenant à l’éléphant dans la pièce : l’univers graphique et sonore. The Royal Writ n’est pas un jeu comme les autres. Avec ses visuels particulièrement agréables à regarder, le jeu se compare habilement à un petit jeu en bois dont chaque pièce mène sa propre vie.
Arborant des tons de couleurs vives sans être agressives, le jeu se pare d’un air d’enluminures dans des décors variés qui rappellent une grande tapisserie se déroulant au fil des aventures de l’armée du roi. Chacun des personnages se reconnaît facilement à son apparence formidablement mignonne, si bien qu’on en oublie d’apprendre leurs noms, pourtant très amusants (comme Kalarka, she who must depart).
Ce qu’on n’oublie pas en revanche, c’est la musique qui entre sans demander son reste dans votre crâne pour ne jamais en ressortir, avec de petits leitmotiv sifflés qui se répètent régulièrement sans devenir envahissants. L’ambiance générale du titre est une franche réussite, chaque détail apportant la petite touche qui aurait manqué ailleurs.
Lors d’un événement aléatoire où il faut faire tourner une roue pour gagner une récompense, le roi peut, par exemple, acheter le forain pour éviter l’infortune en le faisant souffler un peu sur la roue. Les images sont régulièrement légendées avec de petites boutades comme « Image à titre informatif, le roi n’a jamais traversé le fleuve en bateau ». On sent que la majorité du travail a été consacrée aux finitions… Et ça fait du bien.
The Royal Writ est finalement un excellent jeu, à tel point qu’on lui reproche principalement le fait qu’il est assez rapide à terminer (comptez environ 5h pour en faire le tour). Toutes ces qualités s’accumulent en un superbe petit exercice de game design qui mêle le jeu de société et le Rogue-like deck building classique. Rien de tel si vous cherchez une sympathique expérience pour occuper vos soirées.