Réalisé par la Deconstructeam et édité par Devolver Digital, The Red String Club nous emmène dans un monde futuriste aux accents cyberpunk. Ce jeu narratif nous fait voyager dans l’univers des sentiments et pousse le joueur à la réflexion. Doit-on ou non lutter contre la dépression et la colère ? Peut-on manipuler l’humanité si c’est pour un bien commun ? Tels sont les thèmes abordés dans ce jeu.
Un jeu assez court qui prétend pourtant aborder des thématiques extrêmement complexes et profondes.
Un scénario presque bizarre
Dans The Red String Club, vous incarnez Donovan, un barman coincé dans son établissement, retenu par ce que l’on peut supposer être des esprits. En échange, il est capable d’invoquer ces esprits (vous, en quelque sorte), afin de fabriquer des cocktails influençant les émotions. En plus de son métier de garçon de bar, il marchande des informations obtenues grâce à ses cocktails magiques.
Tout cela amène notre héros et ses acolytes à vouloir lutter contre Supercontinent Ltd, une société qui fabrique des robots et des implants capables de maîtriser les émotions et la personnalité des gens. Leur but est de supprimer la colère ou la dépression et rendre les gens tout simplement heureux. Ainsi débute tout le questionnement du joueur autour de l’importance des émotions, même les plus extrêmes.
Cette intrigue psychologique s’inscrit dans un univers cyberpunk et un décor entièrement pixelisé qui fait du texte le vecteur majeur du scénario. La musique est surtout une musique d’ambiance, donnant une impression « bar » ou « série B » mais ne cassant pas la puissance du texte. Il faut aimer lire pour jouer à The Red String Club, c’est certain, mais bon sang que c’est bien écrit ! Une introduction surprenante et une fin poignante, le tout avec des dialogues forts et des phrases chocs à droite à gauche. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas vous enlever le plaisir de la découverte.
Une liberté sans open-world
Aujourd’hui, la liberté dans le monde vidéoludique est souvent liée au concept d’open-world. Mais certains monde ouverts sont parfois plus fermés scénaristiquement que des jeux tels que The Red String Club. Vous ne pouvez peut-être presque pas bouger mais le choix de vos réponses, de vos réflexions, de vos décisions est entièrement libre. Aucune restriction, faites comme bon vous semble en votre âme et conscience.
Quels que soient vos choix, le jeu vous poussera toujours à réfléchir sur vos actes ou vos opinions et c’est là qu’il frappe fort. Une petite réflexion par-ci, une question en plus par-là… Le jeu arrivera tôt ou tard à faire trembler les colonnes de votre temple de certitude. Ce n’est pas un jeu qu’on termine et puis qu’on oublie, il reste là quelque part, comme les esprits qui hantent Donovan.
Un gameplay simple
Préparer des cocktails, pirater des systèmes informatiques ou fabriquer des implants neuronaux, vous ne ferez rien de bien compliqué dans ce jeu. Mais cependant, c’est un point-and-click actif. Vous ne faites pas que rechercher des éléments ou répondre à des questions, vous devez créer pour atteindre vos objectifs.
Tout en étant simple, le gameplay sert la narration, vous n’avez pas l’impression de ne rien faire et en même temps vous avez tous le temps pour réfléchir. Aucune limite de temps, mais lorsque vous faites un choix, c’est irréversible. Une fois de plus, The Red String Club vous prend au dépourvu, pas de sauvegarde et de retour en arrière. Le jeu enregistre tous vos choix et en prend compte pour la suite.
Ainsi, vous êtes coincé face à vous-même. Dans la vie, on ne peut pas revenir en arrière en chargeant une partie précédente. Dans ce jeu, c’est la même chose. Vous devez donc assumer les conséquences de vos actes et certains choix sont extrêmement durs à prendre et ont parfois de lourdes conséquences. Le jeu n’est pas là pour vous materner, mais pour vous secouer !
Vous l’aurez compris, The Red String Club n’est pas le petit jeu détendant que l’on doit faire après s’être disputé avec un collègue de bureau. Un scénario poignant et une ambiance qui servent entièrement la narration, telle est la recette d’un jeu qui peut prendre aux tripes. Certes, le sujet abordé est complexe : on ne parle pas de la dépression et des émotions comme on parle d’un plombier italien ou d’une boule jaune boulimique. Mais celui-ci est traité de manière pertinente et en très peu de temps, une prouesse en somme.
Il arrive même à nous faire tomber de notre chaise en nous poussant à remettre en question de nombreux fondements de la société actuelle. Le tout est fait avec simplicité, comme ça l’air de rien, comme un virus qui s’immisce dans votre organisme pour ne plus jamais en ressortir. Diablement efficace !