À la vue des premières captures d’écrans, on se demande si on est face à des images séduisantes qui cachent un jeu plutôt convenu, ou si on tient bien une vraie perle tout à fait originale. À vrai dire, après plusieurs heures passées sur The Pedestrian, on n’est toujours pas fixés. Et c’est tant mieux ! Dur, donc, de coller une étiquette sur les panneaux de cette aventure en 2D, qui ne manque pas de profondeur.
(Test de The Pesdestrian réalisé sur PC via une copie du jeu acquise par nos soins)
Trafic graphique
D’un côté, on a des titres comme Uncharted 4, avec ses paysages époustouflants, ses effets de lumière et de mise en scène dignes d’une superproduction hollywoodienne, mais un gameplay qui ne révolutionne pas le genre, au contraire. Attention, ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit : on adore Uncharted 4, mais il faut aussi être conscient de sa proposition… Et tout à fait à l’opposé du titre de Naughty Dog, on trouve des jeux comme Baba Is You, aux graphismes au-delà même du minimalisme, mais possédant un gameplay à l’ingéniosité sans pareille.
The Pedestrian fait un peu la synthèse de ces deux façons d’envisager l’aspect graphique d’un jeu vidéo : comme dans Baba Is You, le gameplay se passe aisément d’effets graphiques. Mais comme dans Uncharted, le jeu n’oublie pas d’être joli, sans que cela n’ait rien à voir avec le gameplay. Ainsi, les décors sont laissés en arrière, au sens propre.
The Pedestrian est un puzzle game dans sa plus pure tradition. Comme dans les plus grands titres du genre (Tetris, Picross, Mini Metro ou encore Columns), il n’y a pas d’histoire. On incarne le petit bonhomme (dans sa version masculine ou féminine, au choix) qu’on retrouve sur les signalétiques : de la porte des toilettes, au passage piéton, où il s’affiche en vert ou en rouge selon la permission – ou non – qu’il nous donne de traverser la route, en passant par à peu près tous les panneaux d’information qu’on peut rencontrer…
Traverser la rue : un boulot en soi !
Il va justement falloir circuler d’un panneau à l’autre pour pouvoir progresser dans le jeu. Pour ce faire, il faudra connecter les panneaux entre eux de façon à ce que notre petit pictogramme puisse circuler. Au début du jeu, rien de bien méchant : les panneaux possèdent des portes et des échelles, il suffit de connecter ces derniers les uns avec les autres pour faire progresser le petit bonhomme icône.
Mais rapidement, le jeu va ajouter des éléments de gameplay, et nous compliquer un peu la tâche… Très vite, le puzzle game illustrera particulièrement le genre, puisqu’il s’agira aussi d’arranger les panneaux pour pouvoir circuler de l’un à l’autre. Puis des objets vont faire leur apparition, des ascenseurs, des lasers… Pour que dans une dernière phase, tout soit bouleversé, et le titre se jouera de ses propres règles, nous poussant à les contourner, voire à tricher…
En dehors des clous
On ne sait toujours pas si c’était prévu par le jeu, mais pour passer l’un des niveaux, nous avons ainsi profité de ce qui ressemble à s’y méprendre à un bug. Dans le niveau en question, sauvegarder et sortir du jeu, avant de le relancer, nous permettait de conserver les progrès dans le niveau tout en replaçant le personnage dans sa position initiale, nous conférant ainsi un avantage certain pour continuer à avancer (si vous y passez, il s’agit d’un niveau sur le mur d’un garage – on y aperçoit une scie – avec des pistons à électrifier pour les faire se déplacer).
Moins méta que Baba Is You, le jeu met néanmoins en scène son propre média, jouant avec les règles, représentant très souvent à l’écran… des écrans, parmi lesquels on croisera notamment un Game Boy trafiqué. Fidèle à son concept de représentation iconographique, le jeu est sans texte ni parole (et quasiment sans musique), et relègue, comme nous l’indiquions plus haut, son décor à l’arrière-plan (logique !). Pourtant, on le voit presque jouer avec les mots : « on tire sur la corde » en essayant d’éloigner deux éléments au maximum tout en les gardant connectés, et on a « le feu vert » quand tout est en place. Et quand l’aventure se veut comme un petit voyage, elle nous fait prendre le train !
Rafraîchissant, The Pedestrian est assez difficile pour garder notre goût du défi en éveil, mais suffisamment accessible pour ne pas être frustrant. Étonnamment, il relègue les graphismes au second plan, mais c’est sa présentation qui fera la différence. Un paradoxe qui vaut à lui seul le déplacement. Son gameplay somme toute classique comblera de toute façon les amateurs du genre pendant les six à huit heures de jeu qu’il représente.
Un peu court, diront certains ; nous pensons nous que le jeu sait maîtriser son rythme et son contenu pour ne pas se montrer répétitif.