Annoncé pour la première fois par les Allemands de chez Deadelic Entertainment en mars 2019 puis repoussé le 25 juillet 2022 par le studio, The Lord of the Rings: Gollum a enfin pointé le bout de son nez le 25 mai dernier sur toutes les plateformes. Et alors que les fans inconditionnels de l’univers de Tolkien s’attendaient à de l’action-aventure digne de ce nom dans la peau d’un Gollum travaillé et agréable à incarner, il semblerait que noircir le tableau final ne soit pas bien compliqué en prenant part à ce nouveau titre.
On ne peut pas dire que la production ait été saluée par la presse, à tel point que les équipes de Daedelic Entertainment se sont vus dans l’obligation de reconnaître leurs erreurs en présentant aux joueurs leurs plus sincères excuses sur Twitter le 26 mai dernier, soit le lendemain même de la sortie du jeu. Mais alors, pour quelles raisons notre cher Sméagol n’est pas parvenu à séduire le cœur des fans ?
(Test de The Lord of the Rings: Gollum réalisée sur PS5 à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Le plus faible du monde
S’il y a bien une chose à laquelle le studio a tenu à rester fidèle en ce qui concerne notre protagoniste, c’est la faiblesse de ce dernier face au monde qui l’entoure. Oui, Gollum est faible et le jeu tend à nous le montrer on ne peut plus expressément. C’est bien simple, vous ne pouvez faire face à vos ennemis qu’en leur jetant des pierres ou en les étranglant par-derrière. Et s’ils vous repèrent, vous n’avez aucune chance de survivre, et le jeu vous ramène automatiquement à votre dernière sauvegarde.
Gollum prend une réelle place de victime tout au long de l’aventure. Il échappe à tout le monde, se soumet à tout le monde, se fait maltraiter par tout le monde, et de ce fait nous verrons cette faiblesse s’accentuer davantage à chacune des quêtes, et ce qui se faisait appeler de l’action-aventure prendra rapidement la couleur d’un jeu d’infiltration, dans lequel l’objectif principal ne se résumera qu’à échapper au monde et à ses différentes tribus.
Mon précieux ? Où ça ?
Alors que nous avions imaginé une histoire intéressante et inédite pour The Lord of the Rings: Gollum, il n’en reste rien. Le scénario est plat, décousu, et il n’est intéressant de prendre part à aucune des quêtes proposées tant leur finalité reste bien souvent inchangée ou décevante. Escalader trois murs pour aller enfermer deux bestioles dans un enclos, faire de même pour aller chercher une clé, ou bien encore prendre part à une mission d’infiltration pour partir regarder une carte.
On finit juste par avoir l’impression de tourner en rond en accomplissant des quêtes qui ne donnent jamais envie. Et ne comptez pas sur les collectibles du jeu pour remonter le niveau, cinq vers de terre tous les 36 du mois ne nous font ni chaud ni froid. Ainsi, en voulant proposer un scénario inédit, le studio perd totalement de vue l’essence de l’univers de Tolkien, et on ne comprend jamais clairement pourquoi il nous faut aller à tel endroit, ou pourquoi l’on va chercher ça. Cela donne naissance à un ensemble inachevé, difficile à apprécier.
En particulier dans la tournure que prend l’histoire. Car comme évoqué plus tôt, nous verrons vite que The Lord of the Rings: Gollum n’est rien d’autre qu’un jeu d’infiltration dans lequel nous passerons tout notre temps à nous faufiler dans des zones d’ombre pour échapper aux ennemis ou bien encore à escalader les décors on ne peut plus géométriques de l’univers du jeu. Alors, entre les dialogues bavards de la production (qu’il devient lassant de lire) et les grosses phases d’infiltration et de fuite, il est difficile d’accrocher à l’histoire du jeu, bien qu’au départ, la présence de nouvelles têtes nous donnait envie.
Il faut tout de même reconnaître que The Lord of the Rings: Gollum n’a pas tout à jeter. En effet, le studio propose du chara-design intéressant en ce qui concerne les personnages rencontrés au fil de l’aventure. Mais la faute à un manque de budget certain, le studio n’est pas forcément parvenu à les mettre en valeur, de par une direction artistique passéiste et regrettable. Le plus amer des portraits reste bien évidemment celui de notre protagoniste Gollum, qui demeure bien loin de la figure que l’on connaît déjà.
On fait quoi, Gollum ?
S’il y a bien une mécanique que nous avons appréciée au sein du titre de Daedelic, c’est celle de la dualité Sméagol/Gollum mise en avant. Il semblerait que le studio soit quand même resté fidèle à l’essence de notre chère créature, car même dans les différents dialogues avec d’autres personnages, il arrive que les deux personnalités switchent entre elles, entre la bonté et l’innocence de Sméagol, et la cruauté et l’avarice du bien connu Gollum.
Mais là où l’ajout de cette dualité va être intéressant, c’est sur la façon dont le studio nous sert cette dernière. En effet, le jeu met en place un système de « dilemmes » lorsque nous ne sommes pas en accord avec Gollum. Ainsi, il faut que Sméagol réussisse à convaincre son alter ego de se ranger dans sa voie pour remporter le dilemme. De ce fait, en fonction des choix que vous ferez, les réactions des différents personnages vis-à-vis de vous seront différentes et les conséquences de vos interactions se feront sentir au sein des différentes quêtes.
The Lord of the Rings: Gollum est un échec incontestable, tant dans la profondeur de son histoire que dans la pauvreté de ses mécaniques ou bien encore dans la fidélité de son univers. On perd le lore du Seigneur des Anneaux en se mettant au service de quêtes qui nous laissent sans cesse sur notre fin, et on ressort réellement déçus du titre, avec un goût de « pour quoi faire ? », tant l’intérêt de la production n’a pas été saisi.
Peut-être aurait-on aimé que Gollum s’impose plus dans l’aventure en tant que réelle figure de l’univers de Tolkien, et il aurait été souhaitable de découvrir une histoire bien plus poussée dans son écriture, car la faute à des droits certainement très limités sur l’œuvre, le studio ne nous a permis de respirer l’air du Mordor qu’à travers la cage d’un esclave ou les branches d’une forêt.
Ainsi, nous attendons de voir ce que réserve le studio pour la suite, qu’il s’agisse d’améliorer leur production actuelle à l’aide de patchs ou bien en apprenant de leurs erreurs sur leur prochaine production en vue pour 2024, « It’s Magic », toujours dans l’univers du Seigneur des Anneaux. Quoi qu’il en soit (fans s’abstenir), vous pouvez toujours prendre part au périple de notre petite créature si le cœur vous en dit, puisque The Lord of the Rings: Gollum est disponible sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, PC et bientôt Switch (ou pas ?).