The Longest Five Minutes est un jeu de rôle dont le concept a de quoi attirer l’attention. En effet, ce titre vous propose de commencer une aventure par la fin. Développé par les japonais de Nippon Ichi Software, il est maintenant disponible dans la ludothèque de la Switch, du PC et de la PlayStation Vita et apporte un peu plus de RPG dits indépendants sur des consoles qui n’en manquent pas vraiment. Saura-t-il se faire une place sur des plateformes où sont déjà installés des jeux de rôle de référence tels que Divinity, Lost Sphear ou Secret of Mana ?
The Longest Five Minutes – À la recherche du temps perdu
« Ah mais qu’est-ce que ? »
Vous y êtes ! The Longest Five Minutes se lance et vous vous retrouvez face au Seigneur des Ténèbres, il se tient devant vous et semble être un adversaire à la hauteur de cette aventure. Aventure que vous n’avez pas encore vécue. L’ultime test va démarrer mais comme dans les années 60, il y a un twist ! Votre personnage, Flash Back (ouais ils l’ont fait…) perd sa mémoire à ce moment crucial et sans lui, l’équipe de héros est perdue. Et ainsi se lance le jeu.
Le jeu se divisera en deux phases, une phase engageant des conversations avec le Seigneur des Ténèbres, lançant des flashbacks qui vous mènent vers des phases de gameplay (la deuxième phase vous suivez ?) de type J-RPG à l’ancienne où vous découvrirez le scénario et les personnages qui composent votre équipe.
Ces phases de discussion sont intéressantes et primordiales puisque selon vos choix, des événements peuvent se produire ou pas, vous permettant de partir vers des flashbacks qui vous verront regagner vos niveaux ou apprendre des coups spéciaux. Dans le cas où vous auriez raté des événements, vous pouvez revenir à des moments clés de l’histoire par « l’album de souvenirs » et donc compléter les phases de jeu terminées et ce, n’importe quand. Toutes ces discussions sont d’ailleurs prétextes à quelques traits d’humour, ne vous attendez pas à installer un toit au dessus de vous avec ce titre parce que le quatrième mur prend cher. L’humour se fait d’ailleurs souvent au détriment de ce dernier, ce qui est généralement plutôt efficace, ça reste assez savamment dosé et apporte de la fraîcheur à l’aventure sans détruire l’immersion.
Les phases de RPG de The Longest Five Minutes sont plutôt classiques. Vous avez un objectif et parfois une ou deux sous-quêtes. Remplir ces missions vous apporteront un peu plus de points d’expérience. À l’instar de l’humour que vous pouvez retrouver dans les conversations, les situations marrantes sont légion dans la phase RPG, entre dialogues et situations grotesques, sans parler des ennemis que vous allez affronter. Même les sprites en combat sont super bien réalisées et vont bien avec l’univers « goofy » de ce jeu qui le rapproche clairement d’Earthbound. Le système de combat est simple et ressemble vraiment à celui de Dragon Quest, une option « attaque », « magie » qui classe les sorts selon leurs effets, qu’ils soient offensifs, dopants ou curatifs, « objets » et « défendre ». Rien de bien révolutionnaire mais on sait où on se dirige avec ça, classique mais efficace.
Un style repris jusque dans ses défauts
Le jeu se veut plaisant mais il y a beaucoup d’éléments perfectibles. Tout d’abord, la présentation présente une esthétique entre le 8-bit et le 16-bit, vraiment très proche de Earthbound autant en apparence que dans la présentation des combats. La réalisation est générique au possible et même si les sprites des personnages sont soignés et véhiculent bien les émotions, le reste est pauvre. On ne ressent rien à parcourir la carte, on est seulement poussé par l’envie de voir plus loin afin de découvrir la suite de l’histoire. Si vous comptez sur la musique pour apporter de l’énergie à votre voyage, ne serait-ce que la musique de combat, vous faites également fausse route puisque même la musique est anecdotique, peu de thèmes sont réellement marquants.
Et malheureusement, ce ne sont pas les seuls griefs qui se sont développés en cours de partie… The Longest Five Minutes est relativement court et la possibilité de revenir à n’importe quel moment pour compléter les éléments oubliés ne rend pas l’expérience de jeu plus profonde : tous les choix, même les mauvais peuvent être corrigés assez rapidement. Certains choix, même ceux où vous acceptez un plus sombre dessein, ne vous mènent pas au game over mais vous font reprendre au moment où le choix a eu lieu. D’ailleurs, ces allées et venues incessantes entre le passé et le présent cassent un peu le rythme du jeu qui n’est pas des plus excitants en lui-même non plus.
Hormis les déplacements, vous pouvez honnêtement franchir le jeu en matraquant le bouton A. Même si les soigneur et mage sont faibles physiquement, vous ne serez jamais réellement en danger. Du coup, aucun intérêt de grinder pour regagner de l’expérience, ce qui est un avantage puisque ça n’alourdit pas le jeu, mais ça ne le rend pas pour autant intéressant non plus puisque sans la sensation de danger, vous ne prenez pas réellement d’intérêt à passer les donjons. Autre détail déplaisant, à chaque nouvelle phase de gameplay, l’inventaire que vous aurez acheté sera effacé, ce qui rend les boutiques inutiles. Ce triste constat s’applique également à votre argent et vos points d’expérience.
The Longest Five Minutes est scripté de manière à ce que l’expérience soit identique à chaque fois, ce qui ruine également l’envie de relancer l’aventure une fois celle-ci terminée. La progression de votre inventaire et de vos sorts se fait au détriment de votre avancée dans le jeu et si vous vous amusez à acquérir de l’expérience pour monter votre équipe au niveau 15 dans la première scène du jeu, vous perdrez votre avancée et votre inventaire dans la suivante.
Enfin, on regrette que les sous-quêtes n’apportent pas plus à l’expérience de jeu. Ces petites missions parallèles à la quête principale sont quasiment toujours indiquées par un point d’exclamation au dessus d’un personnage. On a juste à parcourir toutes les salles en courant afin de trouver le PNJ, remplir sa quête et retourner à la quête principale. De plus, certaines de ces sous-quêtes sont juste aberrantes tant elles reposent sur du hasard (comme dans la ville-casino…). Au lieu d’enrichir l’histoire ou de rendre ludique l’exploration du jeu, elles se contentent de remplir artificiellement l’agenda du personnage principal sans jamais l’impliquer.
Conclusion The Longest Five Minutes
The Longest Five Minutes n’est pas un mauvais jeu. On s’attache à l’aventure de ces amis d’enfance (même s’ils sont un peu clichés) qui ont franchi ensemble bien des obstacles et se sont découverts sous des angles nouveaux. En revanche, le manque d’enjeux sérieux, la simplicité du titre ainsi que le manque d’implication du joueur en font un titre difficile à conseiller au prix proposé. Une aventure certes originale mais qui passera malheureusement par la case redondance sur la longueur.