The Legend of Zelda: Link’s Awakening est le quatrième épisode de cette saga magique qui en compte à présent une masse considérable. Il sortait en 1993 sur Game Boy, vous savez, celle en écran noir et blanc (plus ou moins), de laquelle il constitue d’ailleurs le seul jeu estampillé Zelda, les suivants étant parus sur Game Boy Color (puis N64, Game Cube, GBA, Wii, Switch, CD-i, ceci-cela…). Il avait la lourde tâche de succéder au génial The Legend of Zelda: A Link to the Past de la Super NES, considéré encore aujourd’hui par beaucoup (et à juste titre, pour être subjectif) comme le meilleur opus de la saga.
Quelle idée d’aller fouiller dans les cartons à la cave pour aller déterrer ce vieux jeu Game Boy et le retravailler pour lui donner un aspect moderne, n’est-ce pas ? Toujours est-il que Link’s Awakening s’offre à présent aux jeunes joueurs qui vont le découvrir même en étant allergiques au very-retro tout comme aux vieux briscards qui vont le retrouver après tant d’années, transfiguré. Qu’en penser ? Ce sera l’objet de notre test, qui aura été effectué, par souci d’exactitude, en rallumant en parallèle la version 93 antique sur la petite portable de Big N pour mieux apprécier le chemin parcouru, 26 ans après...
(Test de The Legend of Zelda: Link’s Awakening réalisé sur Switch dans une version fournie par l’éditeur)
Zelda, c’est la nana, pas le mec, on vous dit !
Allez, un petit cours de rattrapage pour recadrer les choses, pour commencer. Les trois premiers Zelda étaient globalement focalisés sur la quête de Link pour sauver la princesse Zelda. Dans ce quatrième opus, en dépit de son titre récurrent, la demoiselle est quasiment totalement absente du paysage, à tel point que si le jeu s’appelait The Legend of Link, ça ne nous aurait pas surpris outre mesure.
On y découvre un Link en train de rentrer à Hyrule sur un petit navire (non non, pas les boîtes de thon), quand survient une tempête qui semble peu naturelle, l’envoyant à la baille. Il échoue sur une île (appelée en VF Cocolint), que vos premiers pas vous permettront de découvrir progressivement après que vous fûtes secouru par une jeune femme et emmené dans un petit village pour vous reposer. Vous y apprendrez l’existence d’un oeuf géant au sein duquel repose un être appelé Poisson-Rêve, qu’il vous sera impératif de réveiller pour retrouver votre contrée.
Votre quête à cette fin vous amènera alors à récupérer les 8 instruments de musique des Sirènes, ce qui représente bien évidemment, parce qu’on est dans un Zelda, autant de donjons à arpenter et de boss à démonter (eh oui, comme dans le subséquent monstre de la série qu’est Ocarina of Time, la musique tient une place importante dans le scénar’ de Link’s Awakening). Nous n’en dirons pas plus ici pour vous laisser le plaisir de la découverte, car le scénario global n’est pas aussi simple que ce que nous vous en avons dit, et quelques surprises vous attendent.
Link’s Awakening : c’est dans les vieux pots…
The Legend of Zelda: Link’s Awakening était, à l’époque, un jeu vraiment joli sur Game Boy, tant niveau visuel qu’audio, un must-have pour les fans d’aventure sur portable aux côtés des deux premiers Final Fantasy Legend ou encore de Final Fantasy Adventure, le premier épisode de la série Seiken Densetsu (les Mana), qui ressemblait terriblement à un Zelda, justement. Y rejouer aujourd’hui pour les bienfaits de notre test nous a permis de constater qu’il a très bien vieilli, mais aussi, que son remake dont il est question ici a fait l’objet d’une refonte de grande qualité.
On ne va pas se mentir, l’idée d’un remake 3D de cette grande oeuvre ainsi que les premiers visuels nous avaient laissés plutôt dubitatifs, et notre hype brûlait aussi ardemment qu’un pingouin mort coincé dans un iceberg. Néanmoins, à l’occasion de notre preview, l’enthousiasme s’est mis à croître, et la magie de la redécouverte, à opérer. Il nous tardait alors de poursuivre l’aventure pour retrouver le feeling du passé, mais ça, c’est si on avait fait l’ancien. Il faut donc également se demander ce qu’en penseront les profanes.
The Legend of Zelda: Link’s Awakening n’était pas vraiment un jeu qui suivait fidèlement ses héritages passés. Mais bon, en même temps, tous les Zelda proposent leur once d’originalité, alors on ne va pas lui jeter la bière pour autant. Le premier opus posait les bases, le second remettait tout en question en devenant essentiellement un platformer vu de profil, et le troisième revenait sur du gameplay façon « vue de dessus », que reprenait Awakening. Il faut donc vous attendre ici, dans cette adaptation, à de la 3D, certes, mais pas façon Breath of the Wild.
A link to the glorious past
Sachez-le si vous avez connu le jeu à son époque de sortie du siècle dernier, la nouvelle version est parfaitement fidèle en dépit des améliorations visuelles et audio. Et ça, déjà, ça fait plaisir. Chaque lieu, chaque musique vous ramèneront dans le passé avec délice. Mais si vous n’avez pas connu The Legend of Zelda: Link’s Awakening, vous ne bouderez pas votre plaisir pour autant.
Il reste un jeu fun, énergique, avec un gameplay parfait et un dosage équilibré entre action et énigmes. Bon, certes, il y a ces allers-retours chiants et typiques des jeux de cette époque, mais c’est gérable, ne vous inquiétez pas. De plus, Maître Hibou (ha non, ça c’est dans Winnie l’Ourson) vous orientera généralement sur la voie de la progression, et si vous êtes trop perdu, vous pourrez également passer un coup de fil au petit vieux qui sait tout, et qui vous laissera toujours sur une idée de quoi faire ensuite.
Les musiques de ce Zelda-là étaient particulières, du fait qu’on les reconnaissait en tant que « musiques du Zelda Game Boy » d’un côté, tout en se calant parfaitement dans la lignée des OST de la série jusqu’alors. Leur version Switch se voit sublimée car évidemment plus symphonique, et on les reconnait immédiatement tout en se disant qu’elles ont bien changé en 26 ans. Impec’ !
Concernant les graphismes également, rien à redire, on ne saurait être suffisamment exigeant qu’on aurait pu décrier le travail effectué. On se demandera éventuellement la raison de ce choix de flouter le haut et le bas de l’écran, ce qui est parfois déconcertant. Mais nullement gênant, au final. Par ailleurs (et toujours en comparant avec la version d’origine) la map s’avère nettement plus claire à consulter, et la navigation dans les écrans de menus, simple et efficace. Une carte des lieux, un inventaire, des options, point à la barre. Par contre, même s’il existe une save automatique, souvenez-vous que c’est un jeu à l’ancienne, donc si vous voulez vraiment revenir pile poil à un endroit, n’oubliez pas de passer par le menu pour sauvegarder manuellement…
Link’s Awakening : Créalink
Un mot pour finir sur le fameux mode de création de donjons sur lequel avait bien insisté Nintendo, car inédit. Pour résumer, il vous permet, une fois que vous aurez trouvé la bicoque du bon vieux Igor que les fans de Zelda connaissent bien, de vous y rendre au fil de votre aventure pour y créer vos propres donjons. Cela se fait au moyen de dalles qui représentent toutes une salle que vous avez déjà visitée, il s’agira donc d’y aller régulièrement si vous voulez bénéficier d’un plus grand nombre de pièces à poser sur la mosaïque.
Chaque pièce comporte son lot d’ennemis, propose des escaliers ou des coffres, et un certain nombre de contraintes vous seront imposées par le Fossoyeur pour compliquer un peu l’expérience créatrice. Le tout étant impérativement de connecter l’entrée du donjon à sa sortie (la salle du boss donc, pour lequel il vous faudra avoir trouvé la clé habituelle), ensuite libre à vous d’ajouter autant de salles qu’il vous plaira à partir des différentes portes de sortie de chacune à connecter.
L’idée a le mérite d’exister et s’avère à vrai dire plutôt sympa à découvrir. Seulement comme vous ne pouvez vous servir que des lieux où vous êtes déjà passé, vous allez vite trouver le procédé assez lassant. Le seul intérêt sera donc pratiquement de mettre un ami ou votre petit frère au défi de torcher votre donjon personnel. Ce qui est bien, mais pas top…
The Legend of Zelda: Link’s Awakening est un remake très classe d’un jeu antique très classe. Le travail effectué sur les sons et les visuels est impressionnant, et on appréciera se retaper cette aventure un peu à part de la légende de Zelda. Les menus sont limpides, le gameplay est perfect pour qui a connu ce jeu. Il semblera peut-être préhistorique aux jeunots, mais bon, le machin a 26 ans quand même, donc on lui pardonnera ses mécaniques datées, comme les allers-retours sans fin et les énigmes pas toujours évidentes.
Bref pour résumer : vous avez connu Link’s Awakening ? Foncez. Vous n’avez pas connu ce jeu ? Foncez. Du moins si vous êtes un peu intéressé par l’univers Zelda… Quant au mode création, il s’agit d’un bon petit complément, mais vous n’y jouerez pas des heures.