En guise d’introduction, laissez-nous vous raconter une sombre histoire, celle de la Xbox 360 et des jeux de rôle (RPG). Entre 2005 et 2010, la console de Microsoft a tenté tant bien que mal de se frayer un chemin dans le cœur des joueurs RPG à gros coups de jeux exclusifs et de studios de renom. On peut ainsi citer Lost Odyssey (bien trop méconnu), Blue Dragon, Infinite Undiscovery ou encore Enchanted Arms.
Malheureusement, ces titres n’ont pas connu le succès escompté et certains sont tout bonnement tombés dans le royaume de l’oubli et de l’indifférence. Marché peu propice au genre ? Communauté de joueurs hermétique ? Manque de communication de la part des éditeurs ? Les questions demeurent et chacun fera son analyse et interprétation de cette regrettable situation. Toujours est-il que le genre s’est fait depuis bien plus rare dans le camp Microsoft. Mais où sont les RPG sur Xbox One ?
The Last Remnant, sorti en 2008 et initialement exclusif à la Xbox 360, a suivi ce scénario catastrophe. Le jeu signé Square Enix est resté dans l’ombre des joueurs, ne connaissant qu’un maigre succès commercial. Les ventes furent tellement décevantes que les développeurs ont abandonné sa potentielle sortie sur PlayStation 3. Et ce n’est pas sa timide sortie sur PC un an plus tard qui a arrangé les choses. Seulement voilà, l’éditeur lui donne une seconde chance sur PlayStation 4 avec The Last Remnant Remastered. Dix ans plus tard, The Last Remnant tient-il sa revanche ? Pas sûr.
(Test de The Last Remnant Remastered sur PlayStation 4 via un code fourni par l’éditeur)
Champs de bataille en pagaille
Avant de détailler les apports de la version remastered (car oui, nous ne parlons pas d’un simple portage), attardons-nous un instant sur le jeu en lui-même. Une piqûre de rappel après dix ans n’est pas du luxe après tout. The Last Remnant coche tous les critères du J-RPG traditionnel, scénario manichéen, jeune héros principal insupportable, jeune fille délicate à sauver, expérience et équipement à gérer, bref, tous les ingrédients sont réunis. Et même si le scénario principal n’a rien d’original, on se laisse aisément embarquer dans cette grande aventure sans rechigner un instant. Il faut dire que les J-RPG classiques se font assez rares par les temps qui courent.
Le titre propose néanmoins une spécificité pour le moins originale basée sur son gameplay et plus exactement les combats. Ces derniers peuvent se résumer en un mélange habile de tactique et d’action pour un rendu certes assez complexe aux premiers abords mais réussi. Les affrontement s’organisent au tour par tour mais l’on déplace non pas par personnage mais par union, à comprendre ici, par groupe de héros. Et la première des stratégies sera de composer vos unions équilibrées afin de venir à bout des nombreux ennemis.
Pour cela, il faudra recruter des membres, étudier les multiples formations disponibles (offrant plus ou moins d’avantage au combat) et optimiser vos groupes en fonction des classes (guerriers, magiciens…). Bien entendu, tout ça coûte de l’argent et il sera vite indispensable de multiplier les quêtes et les ennemis pour s’offrir de meilleurs paramètres de combat. Plus vous avancerez dans le scénario, plus vous pourrez recruter de soldats et former d’unions pour des combats toujours plus épiques et stratégiques. Pour les plus intéressés, la vidéo ci-dessous vous explique dans le détail les mécaniques de combat.
Rajoutez à cela la configuration des groupes, le moral des alliés, les kyrielles (nombre d’ennemis que vous enchaînez à la suite) et les coups spéciaux, et vous allez trouver des combats ardus mais bien intenses. Autre détail, The Last Remnant ne dispose pas véritablement de notion d’expérience. Naturellement, plus vous serez victorieux, plus vous augmenterez vos statistiques mais vous n’avez nullement la main sur ces dernières, tout se fait automatiquement. Idem, seul l’équipement de Rush (le héros principal) est personnalisable.
À l’époque, le gameplay avait divisé les joueurs et il y a fort à parier qu’il continue ainsi. On ne discute pas des goûts et des couleurs mais retenez bien que ce système de combat est des plus passionnants une fois maîtrisé (même si ce dernier est loin d’être parfait). Pour terminer ce premier chapitre, il nous est impossible de ne pas mentionner sa musique. The Last Remnant profite d’une OST de grande qualité qui sublime chaque événement du jeu. Dans ce lot, on retient le thème de David, le marquis d’Athlum qui restera dans la tête même une fois la console éteinte, un vrai bonheur.
Un remastered qui fait le boulot
Deux critiques majeures étaient clairement énoncées à l’égard de l’édition originale de The Last Remnant : ses graphismes et ses ralentissements. Il faut savoir qu’en 2008, le titre fonctionnait sous le moteur graphique Unreal Engine 3, et c’était moche à voir. Graphismes incertains, temps de lecture à la ramasse, il n’était pas rare de devoir relancer le jeu tant ce dernier crashait ses poumons. Et ces problèmes techniques ont gravement entaché l’expérience de jeu. Une des batailles finales était tout bonnement abominable à terminer, tant le jeu ralentissait sur Xbox 360.
Avant la version remastered, on notait déjà quelques nouveautés bienvenues avec l’édition PC du jeu sortie en 2009. On ne va pas les lister car ces dernières restent assez anecdotiques (sauf la possibilité d’engager plus de généraux dans votre armée). Néanmoins, pour les plus assidus d’entre vous, on vous met un lien (en anglais) les détaillant à retrouver en source de test.
The Last Remnant Remastered tourne avec l’Unreal Engine 4, version améliorée et bien mieux maîtrisée de son prédécesseur. Ainsi, le jeu est bien plus agréable à l’œil avec ses textures peaufinées et plus aucun ralentissement n’est à signaler. Rappelons qu’il s’agit d’une version remastered d’un titre de plus de dix ans, donc ne vous attendez pas non plus à des graphismes qui détachent la rétine, mais la différence est bien notable et améliore grandement l’expérience. Autre petit nouveauté de cette édition, la possibilité de courir. Alors certes, sur le papier, ce point parait très secondaire. Mais on peut vous affirmer qu’il vous fait gagner un temps précieux dans les dédales interminables.
Malheureusement, The Last Remnant Remastered n’a pas bénéficié d’ajouts de mode de difficulté. Le jeu est très difficile et l’écran Game Over viendra paver à maintes reprises votre progression. Certains affrontements de boss s’apparentent même à du die & retry, mourir encore et encore avant de comprendre les techniques à employer. Une difficulté qui ne va en rien lui ouvrir des portes auprès d’autres joueurs. Et c’était justement son objectif principal : attraper de nouveaux joueurs.
The Last Remnant Remastered ne suffira pas à rendre ses lettres de noblesse, à agrandir sa communauté bien trop restreinte quant à sa qualité. Avec une communication inexistante de la part de l’éditeur, le jeu s’adresse surtout aux anciens joueurs souhaitant se replonger dans cette aventure, ceux qui connaissent déjà le titre et ses qualités indéniables. Pourtant la version remastered n’a rien à déplorer. Elle respecte ce qu’elle annonce et améliore grandement l’expérience (on aurait néanmoins aimé un mode de difficulté plus facile).
Tout comme son homologue nommé Resonance of Fate HD, The Last Remnant Remastered restera dans l’ombre et continuera de faire rêver les quelques joueurs qui ont poussé ses portes. C’est à croire que le J-RPG vit actuellement des heures sombres…