La meilleure race humanoïde de l’univers de l’heroic fantasy n’est-elle pas la race des guerriers les plus vaillants, celle des mineurs les plus rapides, des tailleurs de pierre les plus efficaces, des buveurs de bières les plus tenaces : celle des Nains ? Adapté du best-seller Die Zwerge (Les Nains) de l’écrivain allemand Markus Heitz, le tactical-RPG The Dwarves des studios King Arts Games nous propose de suivre l’aventure de Tungdil et de ses amis dans de nombreux périples afin de sauver le Pays Sûr. King Arts Games, dans leur première adaptation d’un roman, font-ils l’affaire avec The Dwarves ? Prenez donc votre hache et votre chopine à la main pour étudier ensemble l’histoire des Nains !
The Dwarves – même s’ils ne sont pas grands, les Nains tombent de bien haut
Un voyage à travers le Pays Sûr
Ayant été abandonné lors de son enfance, Tungdil, le héros principal de l’histoire, a été recueilli par Lot-Ionan, l’un des mages les plus puissants du Pays Sûr. Ne vivant pas avec sa race mais avec une curiosité qui ne lui fait pas défaut, le jeune Nain tente alors d’apprendre à travers les livres toutes les coutumes de son peuple. Les Nains restent donc des mots couchés sur le papier pour Tungdil, jusqu’au jour où Lot-Ionan, son père adoptif, lui demande de traverser le Pays Sûr afin d’apporter un étrange havresac au contenu inconnu à un autre mage. Rien ne prédestinait Tungdil à ce qui allait suivre. Durant son aventure, il rencontre Boïndil et Boëndal, deux frères jumeaux Nains qui ont pour mission d’escorter Tungdil jusqu’au trône du Grand-Roi. On apprend plus tard qu’il doit y être prétendant afin de retarder l’ascension d’un autre Nain, avili par un conseiller machiavélique, qui souhaite faire la guerre aux Elfes. Cependant, durant son voyage, il apprend qu’un mage nommé Nudin Le Curieux a vendu son âme aux forces du mal afin de gagner plus de pouvoir. Celui-ci s’appelle désormais Nod’onn Le Dédoublé, et tue tous les mages du Pays Sûr sauf une, qui réussit à s’échapper. Nod’onn, succombant aux forces de Tion le dieu maléfique, est désormais immortel et mène les créatures de Tion, qu’elles soient orcs ou Albes (des Elfes maléfiques), à ravager le Pays Sûr : la dernière contrée résistant aux forces de Tion. La seule chance du Pays Sûr est pour Tungdil de forger la légendaire Lame de Feu afin de vaincre Nod’onn et d’empêcher la destruction du Pays Sûr.
S’il est important de rappeler le scénario du jeu, c’est parce que le jeu reste une adaptation d’un roman. Roman très complet, en deux tomes, qu’il a fallu faire tenir en une dizaine, voire une vingtaine d’heures de jeu. Un pari extrêmement risqué, mais terriblement bien réussi de la part de King Arts Games qui reprend très fidèlement, parfois ligne par ligne, les éléments des romans. Le studio se permet parfois de petits ajustements qui ne gâchent rien au jeu en lui-même, rajoutant parfois du contenu très intéressant (les énigmes, par exemple). La quête principale suit le cours des aventures de Tungdil et de ses camarades, avec un début in media res en guise du tutoriel des batailles qui est aussi présent dans l’oeuvre d’origine. Les quêtes secondaires, quant à elles, réussissent à retranscrire les petits points de détail du roman qui ne sont pas nécessaires dans l’histoire mais qui permettent d’enrichir le contenu. Un bémol malgré tout dans ce scénario : une adaptation en jeu vidéo se doit de couler la narration du scénario dans le jeu en lui-même, par le biais du gameplay et/ou à travers des cinématiques. Ce qui vous attend dans The Dwarves, ce sont des lignes et des lignes et des lignes de dialogues interminables avec très peu de cinématiques, et qui parfois ne sont pas très bien traduites voire pas traduites du tout. Vous aurez donc parfois la surprise de voir une petite phrase en allemand se glisser dans la narration du jeu en traduction française.
Des chemins empruntés qui mènent droit vers le Pays Mort
A présent que nous avons parlé du scénario, parlons du jeu en lui-même. Le système de gameplay en batailles tactiques en temps réel est un très bon point de départ afin de retranscrire l’univers de The Dwarves : des batailles à quatre contre cent, avec des capacités particulières sur chaque personnage, avec divers moyens d’éviter ou de mener la bataille. Malheureusement, il faut avouer que même si l’idée de départ était excellente, l’exaltation s’arrête là. Un ennemi équivaut à approximativement mille points de vie en moyenne. Ils sont cent. Attaques spéciales exclues, vous mettez des coups à blanc qui valent soixante points de vie. Vous n’avez que 5-6 points d’action et vos capacités spéciales vous en enlèvent 3. Vous êtes rapidement débordé par la situation et parfois, même si pas toujours, vous n’avez pas le choix entre fuir ou combattre. Entre autre, il faut toujours jongler entre ses personnages, tout en évitant l’intelligence artificielle hasardeuse de vos autres personnages qui pourraient se mettre en face de vous lorsque vous lancez une attaque spéciale, vous dirigeant vers une mort certaine. Les coups que vous portez peuvent blesser et pousser vos alliés, et donc si la gravité peut être un très bon moyen d’envoyer les orcs dans des ravins, c’est aussi le cas de vos copains qui vous accompagnent. De plus, cette même gravité peut être très pesante parfois car n’importe quelle chute vous étourdira, qu’elle soit de cinq centimètres comme de vingt mètres, même si cette dernière vous enverra tout droit dans la Forge Éternelle de Vraccas, le dieu des Nains. De plus, de très nombreux bugs comme la possibilité pour les ennemis de tirer à travers les obstacles solides ou l’inaction des ennemis faisant parfois penser à des murs invisibles placés entre eux et vous, vient une fois de plus entacher une idée de gameplay intéressante.
De plus, les phases de combats ne sont pas les seuls éléments présents dans le jeu. Les voyages se font par le biais de la carte de Pays Sûr. Le groupe se déplace de lieu clé en lieu clé en ayant parfois des éléments scénaristiques, des choix à faire, et parfois même des hordes d’Orcs à ses trousses, tout en évitant de tomber en rade de nourriture, ce qui signifie l’arrêt des regains de PV hors-combat. Si le principe de laisser plusieurs chemins, plusieurs choix influençant le scénario est une très bonne idée, celle de ne pas optimiser mieux leur écran est une erreur. En effet, la carte donne un effet d’image pixelisée grossièrement collée en fond avec des traits en pointillés pour indiquer les chemins et des pions de jeu de rôle in real life pour montrer les éléments clés. Lorsqu’un dialogue s’instaure, la musique s’arrête afin de laisser place à celui-ci, ce qui est la meilleure idée afin de sortir totalement le joueur de l’ambiance du jeu et lui faire amèrement regretter les voix des doubleurs. En plus, le relief des montagnes cachent parfois les pastilles permettant au groupe de se déplacer comme sur les images ci-dessous, ce qui devient une plaie lorsque le magnétisme dirigeant le curseur ne fonctionne pas correctement et nous pousse à la colère en essayant d’aller sur le lieu en question.
Une direction artistique sur le modèle du jeu
Est-ce que les graphismes sont beaux ? Pas vraiment. Il y a un effort pour retranscrire fidèlement les traits des personnages qui est réussi. Nudin Le Curieux, par exemple, est monstrueusement dégueulasse dans le roman et il est horriblement à vomir dans le jeu. Malgré tout, le jeu n’est pas particulièrement beau. Il n’est pas horrible mais les graphismes restent en deçà de ce que sont capables de retranscrire les performances des consoles de current gen. L’écran de démarrage est une image fixe digne d’un jeu de PlayStation 2/Xbox. Un très bon point est néanmoins à porter aux effets de lumière et aux choix des couleurs. Par exemple, dans la citadelle d’Ogremort, la lumière du lieu permet d’apprécier la beauté de la cité Naine. Le jeu est malheureusement ralenti lors des cinématiques, ce qui contribue à gâcher cruellement les bons points, une fois de plus.
Pour ce qui est de l’aspect sonore et musical, il reste très limité. Comme dit plus haut, le jeu coupe trop les musiques au profit de la narration, ce qui devient à la longue insupportable. Il existe peu de thèmes, dont un qui revient très souvent : Anthem of The Axe. Une musicalité rare, certes, mais agréable car elle arrive à plonger le joueur dans l’univers heroic fantasy et contribue donc à l’ambiance. Une fois de plus, The Dwarves réussit à gâcher un potentiel interne fort pour un objectif noble : restituer un jeu au plus près de l’oeuvre d’origine.
Conclusion The Dwarves
Die Zwerge ou Les Nains de Markus Heitz est une oeuvre que nous vous recommandons du plus profond de notre cœur, mais si vous êtes déjà fan nous ne vous recommandons The Dwarves que pour apporter votre propre point de vue sur le jeu. Celui-ci possède pourtant un fort potentiel latent, qui serait exploitable s’il était mieux travaillé. The Dwarves est une déception immense, qui d’autant par sa narration, que par son gameplay, et par son design pourrait faire beaucoup mieux. L’absence de multijoueur en ligne ou local est un point non-abordé dans ce test, mais l’aborder n’est pas plus mal car il aurait été possible et intéressant. Les trop nombreux bugs rendent le jeu non-supportable, malgré l’effort pour coller à l’univers d’origine. King Art Games se plante grandement sur ce jeu en choisissant les moins bons trajets pour en faire un bon jeu, et par là, présenter une meilleure adaptation du best-seller Les Nains.