Le mois de mars 2022 a été rempli de sorties toutes plus attendues les unes que les autres même si de toutes, nous avons surtout retenu un jeu que nous ne présentons plus : Elden Ring. Ce sont également beaucoup de titres en monde ouvert immergeant le joueur dans un univers particulier lui faisant oublier le temps qui passe.
Il semble alors bien difficile pour un J-RPG comme The Cruel King and The Great Hero, réalisé par le studio Nippon Ichi Software, de se frayer un chemin parmi ces titans. Et pourtant, grâce à quelques atouts, le jeu vous propose de plonger dans un univers très doux et ça fait du bien.
(Test de The Cruel King and The Great Hero réalisée sur Nintendo Switch via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Il était une fois…
Narré par l’actrice et chanteuse japonaise Reina Kondo, The Cruel King and The Great Hero nous conte les aventures d’une petite fille, Yuu, recueillie par le Roi Dragon à la suite du tragique décès de son père, un héros qui a terrassé un souverain démoniaque. Rêvant de devenir comme lui, Yuu s’engage dans un périple afin d’aider son prochain, périple pendant lequel la réalité parfois cruelle va lui permettre de grandir et d’affirmer sa volonté de devenir une grande héroïne. Le titre propose donc au joueur d’embarquer dans un véritable conte pour enfant avec un univers charmant porté par une sublime direction artistique.
En effet, les graphismes entièrement dessinés à la main et leurs animations viennent embellir le jeu et renforcer la symbolique derrière le conte. Nous pouvons d’ailleurs apprécier le talent de l’illustratrice Sayaka Oda qui a travaillé sur de nombreux décors, le bestiaire et plusieurs cutscenes très bien maîtrisées. Ses illustrations nous font tous penser avec nostalgie aux livres pour enfants que nous avons pu lire.
Cette magnifique direction artistique est également le résultat d’un concours interne artistique que Nippon Ichi Software organise chaque année pour déterminer sa prochaine production. L’illustratrice Sayaka Oda avait donc déjà participé à la création du titre The Liar Princess and the Blind Prince. Il s’agit d’une initiative très intéressante du studio pour créer une atmosphère unique doublée d’une expérience de jeu plutôt efficace.
Le parallèle avec le conte ne se résume pas à la direction artistique. En effet, le titre est construit tel un livre dans lequel nous n’allons pas tourner les pages, mais appuyer sur le bouton « A ». Que ce soient les décors, le menu, les bulles de dialogues, les nombreuses cutscenes ou même lorsque l’on rentre dans un combat aléatoire, des pages de livre défilent pour nous permettre d’accéder au chapitre du combat : tous ces détails contribuent à ajouter du charme au titre.
De l’enfance à la vie adulte, une période complexe
The Cruel King and The Great Hero est un J-RPG s’adressant à un public plutôt jeune souhaitant faire ses premières armes, ou aux vétérans du genre voulant se replonger dans la nostalgie. Même si le joueur a l’impression d’évoluer dans un univers tout mielleux avec des ennemis à l’apparence « kawaï », il ne faut cependant ne pas se laisser avoir et bien se préparer en choisissant ses équipements et ses potions, bien que les propositions ne soient pas très fournies.
Comme tout voyage initiatique, nous pouvons être amenés à rencontrer des difficultés. Ici, ce sera surtout la lenteur de la progression, même si celle-ci est cohérente avec le côté symbolique et veut peut-être se rapprocher du temps qu’un enfant peut prendre à parcourir un livre de conte.
Tout au long de l’histoire, les rêves et espoirs de Yuu sont remis en question : elle se découvre et se cherche. Cela se traduit par les nombreux personnages qu’elle rencontre, mais également par la variété des « zones » dans lesquelles elle est amenée à évoluer.
Même si le Roi Dragon veille toujours sur notre héroïne, amenant des mécaniques et des situations intéressantes et attendrissantes, de nombreux personnages proposent à la petite fille de réaliser des actes de gentillesse prenant la forme de quêtes secondaires. Malgré leur aspect très « Colissimo », elles apportent tout de même de la valeur à la quête principale et au développement du personnage avec des récompenses très intéressantes pour les équipements notamment.
Pour les raisons évoquées précédemment, la thématique de l’enfance est parfaitement représentée dans The Cruel King and The Great Hero. Ainsi, même si une Forêt de Miel peut se montrer charmante, il faut tout de même faire attention à ne pas se faire piquer par les abeilles et bien se préparer aux aventures que la vie peut nous réserver.
Pour pouvoir avancer dans la vie, il faut prendre un chemin qui, parfois, n’est pas le bon, mais qui nous aura fait progresser tout de même. Au début de l’aventure, le jeu nous laisse la possibilité de choisir de prendre tel ou tel chemin, qui pourrait être bloqué pour une raison mystérieuse, nous poussant à revenir un peu plus tard. La progression reste donc assez linéaire, puisque Yuu avance comme le souhaitent les développeurs contrairement à la dernière grosse tendance. Nous découvrons alors les différents tableaux en 2D au fur et à mesure d’une aventure très horizontale.
Grâce à un système de combat simple et très facile à prendre en main, la progression se fait tranquillement de manière assez contemplative finalement. Cette contemplation est bien sûr renforcée par les graphismes, mais également par la bande-son composée par Akiko Shikata, qui a notamment composé pour Shadow Hearts: From the New World et qui nous accompagne tout au long de l’aventure avec une tonalité puissante et émouvante.
Même si nous gardons en tête que le titre est davantage destiné à un jeune public, la simplicité des combats et les mécaniques assez classiques et brutes du RPG d’autrefois font qu’ils se ressemblent tous malgré les quelques défis que des adversaires plus coriaces peuvent nous apporter. Et il est regrettable de ne pas avoir d’action contextuelle pour faire face aux nombreux monstres du bestiaire.
Alors, il est certain que si vous êtes un adepte des combats stratégiques qui donnent du fil à retordre, vous allez trouver les combats classiques au tour par tour de The Cruel King and The Great Hero très simplistes, et pourtant, cela fonctionne bien. Parfois, il ne sert à rien d’ajouter de la profondeur ou des mécaniques en trop pour arriver à un résultat convenable.
The Cruel King and The Great Hero est un très bon one-shot qui nous permet de souffler entre deux grosses productions du moment. S’inscrivant dans un univers mignon porté par une direction artistique sublime, il reste un J-RPG avec des mécaniques assez classiques, mais qui fonctionne bien et qui permettra aux petits comme aux grands de découvrir le genre à leur rythme.
On pourrait néanmoins lui reprocher de ne pas proposer de sous-titres en français, venant freiner l’expérience pour les joueurs anglophobes ou les plus petits. The Cruel King and The Great Hero est un conte que l’on aura eu du mal à reposer, tel un bon livre pour enfants qu’on lit avant de s’endormir.