The Banner Saga était clairement un grand jeu. Loin des scénarios alambiqués et improbables des J-RPG qui pullulent sur nos PC ou consoles, loin des scénarios soit disant matures dont se targuent maintenant une large parties des jeux de rôle, le titre est arrivé sans la moindre prétention, sinon une direction artistique plutôt remarquable. En effet, The Banner Saga était l’une des plus belles surprises de l’année 2014. Effectuant quasiment un sans faute, certains se plaignaient des combats un poil trop répétitifs, le RPG tactique kickstarté de Stoic Studio m’avait clairement marqué. C’est donc avec une certaine impatience, et forcément une certaine appréhension, que j’attendais sa suite, la licence étant supposée prendre la forme d’une trilogie. The Banner Saga 2 est-il à la hauteur de son aîné ? Réponse dans ce test.
The Banner Saga 2 : la plus belle des fins du monde
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Si vous n’avez jamais touché de près ou de loin à The Banner Saga (honte à vous), il sera utile de placer un point de scénario. Le titre prend place dans un monde largement inspiré de la mythologie viking, où humains et Varls, géants cornus et sages, sont obligés de s’allier malgré une haine réciproque contre la puissante armée des dredges, colosses de pierres, qui semblent fuir un ennemi encore inconnu. Rasant tout sur leur passage, leur détermination semble annoncer la fin du monde, d’autant plus que le Soleil refuse de se coucher et qu’un serpent géant, sorti du cœur de la Terre brise des plaines entières. The Banner Saga 2 est donc la suite directe de son aîné, et nous suivrons conjointement le destin de deux caravanes ayant chacun un but bien distinct : celle de Rook, leader malgré lui, tentant de rejoindre Arberrang, la capitale, dont les murs sont réputés inviolables et Bolverk, dirigeant de l’impitoyable groupe de mercenaire appelé Ravens, qui suit la route que lui montrent les pièces d’or tendues par ses employeurs. À nouveau comme son prédécesseur, les deux killer features du jeu tiennent dans son incroyable direction artistique et son système de combat assez innovant, où classe d’armure et santé sont deux données séparées qu’il faut gérer lors des combats. En effet, il s’agira lors d’une bataille de surveiller votre jauge d’armure et celle de vos adversaires afin d’éviter de prendre un coup mortel trop facilement, mais aussi essayer de blesser vos adversaires de la manière la plus efficace. On retrouve ainsi un système de combat quasiment identique à celui de The Banner Saga premier du nom, de l’interface au gameplay. Les allergiques aux RPG tactiques (honte à vous, une nouvelle fois) n’auront donc aucun intérêt à se plonger dans le titre, tant The Banner Saga 2 est exigeant lors de ses phases de combat, notamment si vous mettez la difficulté au cran supérieur. Chaque ennemi tué par un de vos personnages l’approchera du niveau suivant. Une fois que votre héros aura tué un nombre d’adversaires suffisant, il s’agira d’utiliser vos points de renoms, gagnés lors des batailles ou d’événement spéciaux. Ce level-up n’a cependant rien d’obligatoire, vous pourrez donc garder certains personnages à des niveaux inférieurs afin de vous construire une équipe principale. Quant à la gestion de la caravane, celle-ci n’a quasiment pas changée. Il faut veiller à maintenir un niveau de vivre suffisant pour éviter la famine, et garder un moral suffisamment haut vous octroiera un léger bonus en combat. L’achat des vivres et autres accessoires nécessitera par ailleurs l’utilisation de vos points de renom, vous forçant à correctement les gérer afin de ne pas vous retrouver avec une équipe trop faible ou une caravane mourant de faim.
Fuite en avant
Si The Banner Saga souffrait parfois d’une écriture un peu brute lors des premières heures de jeu, étant donné le nombre important d’introductions de personnages, la suite ne souffre automatiquement plus de ce problème. Nous sommes plongés directement dans la fin du monde, et je n’ai sincèrement jamais été autant accroché à l’histoire d’un titre depuis plusieurs années, peut-être même jamais. Diriger une caravane, mêlée de bandits, paysans et autres mercenaires, fuyant une mort certaine transcende vraiment l’expérience que vit le joueur à travers ce titre. Malgré les qualités évidentes de son aîné, cette suite réussit le tour de force de propulser celui-ci au rang de simple prototype. Cela vaut aussi bien pour la narration largement améliorée que pour les combats qui bénéficient d’un rythme un poil plus soutenu. En effet, si le core gameplay reste le même, des événements scriptés, bien souvent liés au scénario, évitent le sentiment de redondance qu’on pouvait ressentir à force d’enchaîner les combats dans l’opus précédent. La présence sur le terrain de couvertures et autres éléments de décor apportent également un peu plus de profondeur tactique le jeu, et offrent de nouvelles possibilités au joueur aussi bien qu’à l’IA. Au rang des améliorations notables, on trouvera aussi un bestiaire plus varié, obligeant parfois le joueur à entièrement changer l’approche habituelle qu’il aurait pu prendre lors des combats.
La narration de The Banner Saga 2 garde cependant la même forme. Le scénario du titre étant particulièrement linéaire, on aura paradoxalement l’impression de n’avoir aucune réelle influencer sur le monde nous entourant. Malgré la multitude de choix constamment offerts au joueur, le scénario semble suivre un fil rouge et si le titre à décider de vous faire souffrir, ce sera le cas. Il en reste que la fuite en avant de Rook et ses compères est toujours accompagné de l’odeur fétide de la fin du monde, et que chaque événement vous ramène à la sombre réalité du titre. L’implication du joueur est réelle, d’autant plus que chacun de nos choix peut mener à la mort de dizaines de personnes.
Conclusion The Banner Saga 2
The Banner Saga 2 tient ses promesses. le titre est une suite améliorée en tout point sans pour autant sacrifier ce qui faisait de son aîné un grand jeu. les allergiques au premier titre n’y trouveront certainement pas leur compte, mais qu’il est délicieux de se replonger dans ce monde en pleine déliquescence et de se mettre dans la peau de Rook ou Bolverk. The Banner Saga 2 est difficile, son monde est impitoyable et sa linéarité certaine en rebuteront plusieurs, mais sa direction artistique fantastique et son écriture exemplaire devraient vous convaincre sans peine de vous y plonger. S’il est difficile de parler de The Banner Saga 2 sans évoquer son scénario, je ne peux que vous conseiller de tenter l’aventure, d’autant plus qu’à l’heure où j’écris ces lignes, le premier titre de la licence bénéficie d’une réduction de 75% sur Steam. Vivement le troisième opus. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du titre ou sur sa page Steam où il est disponible à 19,99€. À ce prix, vous auriez tort de vous priver.