Des anciens de BioWare qui se mettent au RPG tactique ? Alléchant. C’est la première réflexion qui m’a traversé l’esprit quand j’ai découvert The Banner Saga, RPG Tactique (c’est-à-dire où on déplace ses unités au tour par tour, sur une arène découpée en cases). Et c’est également cet aspect qui m’a poussé à m’intéresser au jeu, avant que mon rédac chef adoré (comme je l’ai dis dont mon précédent test, notez sa grande qualité) ne me charge d’en écrire le test. Pour se financer, le jeu s’est servi de kickstarter et plus de 20 000 personnes sont venues aider Stoic Studios à bâtir ce jeu. Chiffre étonnant, car le RPG tactique reste un type de jeu de niche, où seuls les Final Fantasy Tactics avaient réussi à rendre le genre plus connu. L’adage « Quand on aime, on ne compte pas » semble donc bien vérifié. Toutefois, est-ce que avoir fait partie d’un studio prestigieux donne les capacités de créer un jeu de qualité ? C’est ce que vous allez découvrir dans ce test.
Test de Banner Saga sur PC
Une écriture et un rythme tout à fait maîtrisés
L’histoire de The Banner Saga consiste en celles de deux caravanes, dont le contrôle s’inversera au cours des heures de jeux, dont les destins se croisent. Le monde Scandinave dans lequel on est plongé est en proie à deux effroyables dangers : un Soleil qui ne semble jamais vouloir se coucher, restant à son zénith ainsi que la puissante armée des Dredges, puissants guerriers de pierres qui semblent déterminés à détruire toute forme de vie sur leur passage. Deux peuples se retrouvent face à cette double menace : les humains que nous connaissons bien, et les Varls, peuple sage d’une longévité bien supérieure à la nôtre. L’alliance tendue des deux peuples est pourtant forcée de se renforcer face au péril Dredge. Nous suivrons donc le destin de deux caravanes : celle de Rook et sa fille, Alette, fuyant leur village dévasté par les Dredges et l’autre composée du futur roi Ludin, et de quelques Varls plus ou moins chargés de sa protection.
Le jeu débute sur une belle scène d’introduction, dessinée et animée à la main. Et immédiatement s’engage une alternance de phases qui rythmera tout le jeu : d’abord celle du périple, où on verra notre caravane parcourir une carte sous forme de travelling (c’est à dire vers la droite ou bien la gauche), ce périple sera interrompu par des escales dans des villes ou villages, par des événements sur la route ou si on décide de monter le camp et surtout par le cœur du jeu : les combats. Si ce rythme peut paraitre routinier, il ne l’est finalement pas, tant les phases de dialogues sont bien écrites et intéressantes que les combats sont difficiles, et bien orchestrés. Les dialogues sont, en effet, très bien écrits, mais malheureusement non traduits dans la langue de Molière, et les réactions de chaque personnage sont cohérentes, assez réalistes, et dépendent entièrement de vos choix. De même, les interactions avec le monde qui vous entoure aura régulièrement un impact important sur le jeu : que ce soit la découverte d’un objet d’équipement unique, la modification de vos relations avec les PNJ (Personnages Non Joueurs) ou encore la mort d’un de vos compagnons. Par cette myriade d’événements parfois anodins, souvent lourds de conséquences, on se sent impliqué dans la vie de la caravane, et chaque mort qu’on affronte est frustrante, de part l’affection qu’on a envers les personnages.
Avant d’écrire ce test, j’ai lu un peu partout dans la presse que le niveau d’anglais était soutenu et que le scénario était complexe, parfois comparé à Game of Thrones. Pour le niveau d’anglais, si vous avez l’habitude du VOSTFR ou de lire quelques textes dans la langue de Shakespeare, vous n’aurez pas de problème à comprendre les grandes lignes de l’histoire. Quant à la complexité du scénario, si le niveau d’anglais suit, il n’y a aucune raison que vous ne soyez largués, et la comparaison avec Game of Thrones n’est peut être pas la plus judicieuse, notamment car le nombre de factions, et surtout leur finalité n’est pas du tout la même. Pas d’inquiétude à ce sujet, donc.
Une jouabilité et une direction artistique à l’image de l’écriture
Comme vous l’avez déjà compris, j’aime ce jeu. Et je vais continuer à vous expliquer pourquoi je l’aime. Tout d’abord, la jouabilité, point essentiel de n’importe quel titre réussit à vaincre un des grands travers du jeu vidéo actuel : celui de la facilité. Le titre se veut facile à prendre en main, afin d’éviter de frustrer les joueurs les moins habitués au genre (le mode facile l’est, sans toutefois transformer le jeu en une espèce de cinématique interactive) mais ardu à maitriser. Les aficionados trouveront donc leur compte avec le mode difficile, qui nécessite une véritable tactique de jeu, contrairement aux déjà cités Final Fantasy Tactics. Le système de combat est donc simple, mais recèle quelques subtilités qu’on prend un certain temps à appréhender. Chacun des personnages possède deux jauges distinctes une valeur d’armure en bleu et ses points de vies en rouge. Le nombre de points de vies représente aussi la force d’attaque de chaque combattant, il est donc nécessaire de surveiller les deux jauges, qui sont d’égale importance. C’est par cette spécificité que le jeu se démarque de ses semblables, et si elle peut paraitre anodine, elle change la façon d’appréhender le jeu. On ne joue pas à The Banner Saga comme on joue à Fire Emblem. Autre subtilité, des points de « Willpower » entrent en jeu, ces points vont permettront d’utiliser la capacité spéciale propre à la classe de votre combattant, et encore d’avancer de cases supplémentaires ou de frapper plus fort.
La gestion de la caravane est également très importante. La ressource utilisée dans le jeu est le « Renom », à la fois utile pour s’acheter des vivres (dont les prix varieront selon les villes) mais aussi pour améliorer vos unités (ce qui coûte cher). Il est nécessaire de bien maitriser ses ressources, et surtout d’avoir une quantité de vivres suffisantes, sinon le moral en pâtira bien vite, l’efficacité en combat de vos troupes avec, et vous perdrez surtout nombre de vos caravaniers.
Si je n’avais qu’un mot pour décrire le paysage et la bande-son que nous offre le jeu, ce serait magnifique. La direction artistique est en effet tout à fait splendide, et tous les paysages, dessinés à la main nous plongent dans le superbe monde Nordique qui s’offre à nous. La bande-son n’est pas omniprésente et sait se faire entendre quand il le faut, ajoutant encore un effet supplémentaire sur les tableaux enchanteurs qu’on visite. Je ne tari pas de mots pour décrire les graphismes du jeu, mais les images du test parleront bien mieux que moi.
J’ai gardé le mieux pour la fin. The Banner Saga, comme le sous entend son nom, compte bien avoir des suites. Une trilogie est, en effet, en préparation. Et si les gars de Stoic Studios réusissent à garder tout ce qui fait la force de ce jeu intact, je replongerai certainement avec plaisir dans le monde du titre, et j’espère que cela arrivera bien vite. Je ne peux que vous conseiller The Banner Saga, d’autant plus que son prix est loin d’être prohibitif (une trentaine d’euros pour 12 heures de jeu, avec de la rejouabilité), le jeu réalise quasiment un sans faute et si ce n’est pas encore fait, ruez vous sur Steam pour l’acheter.
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