Oyez, oyez, braves chevaleresses et preux chevaliers, il est temps pour vous de montrer votre valeur et votre habileté à gérer votre domaine ! En effet, venu des confins de l’univers vidéoludique connu, douze ans après sa création par Firefly Studios, Stronghold 2 le bien-aimé arrive sur Steam, tout fringant et porteur de belles nouveautés. Installez-vous bien confortablement et laissez-vous porter par notre description de ce jeu ressuscité.
Stronghold 2 – On va fêter ce renouveau
Enfin nous entrons dans l’air du temps
Il était une fois, deux développeurs qui décidèrent de créer un jeu mêlant deux concepts qui leur tenaient à cœur, la gestion de ville à la SimCity et la stratégie en temps réel à la Age of Empires. C’est ainsi qu’en 2001 naquit Stronghold, qui allait être acclamé par la critique comme par les joueurs. Forts du succès de ce premier jeu, les studios Firefly publièrent Stronghold Crusader un an plus tard, puis ce qui nous intéresse : Stronghold 2, en 2005. Le jeu se targue d’être le premier du genre à proposer de la vraie 3D, et avec ses nombreux modes disponibles, il a fait un tabac comme son prédécesseur. Et maintenant que la technologie le permet, Stronghold 2 est arrivé sur Steam (gratuitement pour ceux qui détenaient la version originale), avec quelques améliorations comme le multijoueur via la plateforme et un certain nombre de succès.
Stronghold 2, donc, vous transforme en propriétaire d’un domaine dans l’Angleterre médiévale, aux alentours de l’an mil. À vous de gérer votre expansion géographique et vos ennemis, comme dans tout bon RTS, mais également de faire très attention à l’agencement de votre village. En effet, vos bâtiments permettent certes de créer ou d’engranger des ressources, mais ils peuvent aussi prendre feu, donc vous devez avoir des puits régulièrement placés (et même avec ça, les préposés aux puits sont teeeeellement lents à arriver sur place qu’ils servent davantage à empêcher la propagation du feu qu’à sauver le bâtiment en flamme). Les villageois requièrent également de la nourriture, variée si possible, nécessitent qu’on crée des fosses à purin pour éviter de propager les maladies, et peuvent voler ou quitter le domaine si vous ne les satisfaites pas… Pas facile d’être un grand seigneur.
Dans son côté gestion de ville, ce jeu rappelle un peu Pharaon (de Sierra Interactive), ce qui n’est vraiment pas pour nous déplaire. S’ajoutent à cela des interactions avec les autres domaines, alliés ou ennemis : échanges de biens entre alliés, et bien sûr échanges de flèches, ou autres objets tranchants ou contondants, entre ennemis. Le jeu libre est donc plus ou moins semblable à un RTS comme Age of Empires, s’y ajoutent juste des contraintes supplémentaires dans votre base. Mais l’intérêt de Stronghold 2, c’est aussi ses différents modes, qui proposent des expériences très variées.
Mettez les petits plats dans les grands
La mécanique de développement de votre domaine est assez classique dans Stronghold 2 : amassez bois et pierres pour construire vos bâtiments, qui vous permettront d’amasser davantage de ressources (nourriture, or), qui à leur tour vous permettront de développer encore davantage votre domaine. Ici, point de bâtiment qui débloque des avancées technologiques : selon le mode de jeu auquel vous jouez, soit tout est disponible dès le départ, soit les bâtiments les plus avancés deviennent accessibles lorsque vous montez en grade. Dans tous les cas, il faudra bien sûr un certain nombre de ressources pour construire les bâtiments les plus poussés, ce qui demande de toute façon un certain niveau de développement.
En plus des ressources de base, Stronghold 2 propose également d’amasser de l’honneur en accomplissant certaines actions, ben, honorables : proposer de la nourriture variée à vos serfs par exemple, mais aussi organiser une fête, ce qui peut se faire avec un banquet (qui nécessite des nourritures de luxe) ou même un tournoi. L’honneur est ensuite utilisé pour engager certains types de soldats ainsi que pour commercer ou acheter un domaine voisin. C’est donc quelque chose à ne pas négliger, même si en général on le laisse juste s’accumuler de manière passive (les fêtes s’organisent automatiquement tous les quelques mois).
Un dernier concept assez particulier, et dont on ne comprend pas de suite l’intérêt, est votre popularité. Celle-ci augmente si vous distribuez beaucoup de rations de nourriture, soumettez vos serfs à peu de taxes ou organisez des messes fréquentes ; et elle diminue s’ils n’ont plus rien à manger ou si le domaine est insalubre. On vous l’expliquait plus haut, la popularité joue sur l’attractivité de votre domaine : si elle est suffisamment haute, des villageois supplémentaires viendront grossir les rangs de vos serfs (dans la limite des places disponibles). Au contraire, rendez-les globalement insatisfaits et ils quitteront peu à peu votre domaine, ce qui est un cercle vicieux : sans personne pour chasser les rats ou récolter les pommes, votre popularité diminuera davantage et les villageois fuiront d’autant plus.
Sereine, sans peine, tu régneras
Le mode Campagne de Stronghold 2 est, très intelligemment, divisé en deux modes : la voie de la paix, où on se focalise sur le développement du domaine autour du château, et celle de la guerre, où sans surprise on vous invite à développer votre armée. Étant une pacifique dans l’âme (c’est pour ça que je n’ai jamais brillé dans Age of Empires, parce qu’à un moment ou un autre il faut bien développer une armée), je me suis lancée, la fleur au fusil à la boutonnière, dans la campagne pacifique. Eh bien laissez-moi vous dire qu’elle est super dure (… la campagne, hein). Enfin, certains chapitres sont simples et les objectifs accessibles sans effort (engranger tant de pommes dans votre grenier, gagner tant d’argent), mais d’autres sont incroyablement rageants.
Spéciale dédicace au chapitre vous demandant de fournir suffisamment de nourriture à votre seigneur (parti en croisade, en vacances au bord de mer, on sait pas trop), alors que ses paysans passent leurs journées les bras croisés, ont de plus en plus d’enfants et que de votre côté des bandes de hors-la-loi déboulent régulièrement dans votre domaine pour détruire ce que vous essayez tant bien que mal de construire. Je suis morte tant de fois, pendue, décapitée, écartelée… Ah ça oui, Stronghold 2 a de l’imagination pour ce qui est des façons de vous annoncer votre défaite ! On apprécie cette diversité, mais le niveau de difficulté de ces chapitres était tout de même trop élevé par rapport au reste : après tout, il s’agit d’une campagne où on apprend peu à peu comment marche le jeu. On aurait bien assez le temps de se casser les dents sur nos ennemis dans le jeu libre ! Mais rassurez-vous, seuls quelques chapitres de campagne sont difficiles (au point, certes, de générer un nombre impressionnant de ragequits), le reste est plutôt simple.
Il faut juste ne pas oublier de lancer le chapitre suivant une fois qu’on a complété une campagne, parce qu’étrangement, incompréhensiblement, le jeu ne sauvegarde pas automatiquement à la fin d’une partie. Non, non, il sauvegarde au début d’un chapitre, mais ni à la fin, ni pendant : autant vous dire que j’ai apprécié le moment où, soulagée d’avoir fini un chapitre après une demi-douzaine d’essais ratés, j’ai cliqué sur « retour à l’écran titre »… pour me rendre compte au lancement suivant que ma progression n’avait été sauvegardée nulle part. Tout aussi bizarrement, le mode Campagne pacifique ne propose pas de sélection des chapitres (quand on clique sur Campagne, le jeu lance directement le tout premier chapitre) : il faut plutôt lancer la sauvegarde automatique à partir de la liste des sauvegardes, ce qui est absolument contre-intuitif.
La partie « pacifique » des campagnes propose également de jouer sur des cartes personnalisées, créées par vous (rappelez-vous la création de cartes dans Age of Empires) ou par d’autres joueurs par le biais du Steam Workshop. Enfin, le jeu libre permet de jouer tout son soûl, avec tous les bâtiments disponibles dès le départ, et aucun risque de subir une attaque ni aucun objectif à accomplir. Le bonheur.
Pas d’états d’âme, de sentiments
Du côté « belliqueux », on n’est pas en reste puisqu’il propose pas moins de 5 modes de jeu différents ! Vient tout d’abord la campagne qui, pour le coup, donne accès à un sélecteur de chapitres : à croire que ce sont deux équipes totalement différentes qui ont développé ces deux modes de campagne… Bref, cette campagne est assez classique, on apprend petit à petit les bases de la gestion du village (en moins poussé que dans le mode « pacifique ») puis de la guerre dans Stronghold 2. Il faudra tenter de survivre à des situations variées, allant des petites escarmouches de temps en temps à la prise d’un château au cours d’un siège, en passant par des invasions constantes de hors-la-loi ou de loups (que vous finirez par détester profondément). La progression se fait à un bon rythme, certains chapitres étant tout aussi difficiles que dans la campagne pacifique, mais globalement, avec un peu de persistance, on arrive à avancer.
Une fois plus à l’aise avec les mécaniques du jeu, vous pourrez vous lancer dans le mode Kingsmaker, apparemment traduit en « Promotion » en français (pour une raison inconnue, il m’a été impossible de changer de langue dans le jeu). Celui-ci nous plonge dans une série d’escarmouches, avec un seul objectif : vaincre tous nos adversaires pour monter en grade, et pourquoi pas… devenir roi. Un bon défi, donc, pour ceux qui aiment ce type de combats dans les RTS ! Dans ce mode, les bâtiments se débloquent au fil de vos promotions, ce qui rajoute une idée de progression pas désagréable.
En plus du jeu libre sur des cartes personnalisées, on trouve également le mode Siège, dans lequel vous pouvez vous amuser à assiéger un château. Il plaira sans doute aux stratèges, mais demande aussi un peu de chance (et de jugeote de la part des soldats) pour remporter la victoire. Pour ajouter un peu d’histoire et de progression dans tout ça, direction Conquest Trail, qui vous propose donc de faire des sièges et conquérir des domaines dans des lieux historiques en Europe de l’Ouest.
Je n’serai plus seule
L’arrivée de Stronghold 2 sur Steam permet, comme on pouvait s’y attendre, de rajouter le mode multijoueur qui ne fonctionnait plus depuis l’arrêt du service GameSpy. Rien de particulier à ce mode multi, comme pour tous les jeux de ce type vous jouez avec / contre d’autres personnes, en posant certaines contraintes de départ, pour un maximum de 8 personnes sur une même carte. Par ailleurs, on vous en touchait un mot précédemment, Stronghold 2 dispose d’un éditeur de cartes fort sympathique ! En plus de pouvoir modeler le terrain à sa guise et d’y placer ce qu’on veut (bâtiments, unités ou bêtes sauvages), on peut définir des missions spécifiques à chaque carte. Cela ouvre la voie à des parties infiniment variées, d’autant qu’on peut récupérer et partager des cartes sur le Steam Workshop.
Enfin, il faut le mentionner, le jeu dispose d’un didacticiel. Et c’est presque tout ce qu’on pourrait en dire tellement il est court. En une dizaine de minutes, un conseiller nous explique donc la base de la base : se déplacer sur la carte, construire un grenier et des scieries, déplacer des soldats, et c’est à peu près tout. En soi, il s’agit là d’une introduction rapide au fonctionnement de Stronghold 2, ce qui est très bien. Cependant, lorsqu’on commence le jeu, soit on se lance directement dans un mode de jeu libre, et dans ce cas on a accès à plus ou moins tous les bâtiments du jeu, sans aucune autre indication que les fiches d’aide ; soit on lance une campagne, et qu’elle soit pacifique ou belliqueuse, elle reprend également les bases de la gestion d’un domaine, en nous guidant peu à peu vers les bâtiments et les stratégies plus compliquées, qui permet d’apprendre mieux que le didacticiel. On n’en a donc vraiment pas vu l’intérêt, surtout qu’il est parfois bugué, avec des flèches qui pointent n’importe où.
Un jeu raffiné et plein de grâce… Ouille !
C’est bien beau tout ça, mais… Mais justement : est-ce que c’est beau, tout ça ? Vous le savez, le jeu originel est sorti en 2005 donc ce n’est pas un chef d’œuvre, mais la sortie sur Steam est souvent l’occasion pour les studios de remettre les graphismes au goût du jour. Et pour Stronghold 2, eh bien… Non. Juste, non. Le jeu est certes en 3D, on peut zoomer très près des villageois et tourner la caméra comme on veut, ce qui est bien rigolo, mais wow, regardez-moi ces têtes : on dirait des personnages découpés sur du papier et pliés pour donner une impression de volume, dont les têtes ont des détails quasiment effacés. Cependant, les graphismes, même datés, donnent un certain charme et une cohérence au jeu. On ne comprend par contre pas les temps de chargement relativement longs, puisque justement le jeu semble fort léger au niveau des graphismes.
Bref. Au moins, Stronghold 2 est maniable, comme tout RTS qui se respecte. La caméra suit bien le mouvement de la souris, les bâtiments se placent aisément. Les seules unités qu’on peut effectivement contrôler sont les soldats : les villageois sont automatiquement attribués à un bâtiment et vaquent à leurs occupations sans qu’on ait besoin de s’en occuper (même si parfois on voudrait bien), et le pathfinding est bien fait. Tellement bien fait d’ailleurs que les gens traversent les feux de camp au calme, mais par contre placez une cabane trop près d’un pont (alors que, en toute honnêteté, y avait carrément la place de passer) et vous bloquez absolument la route à tous vos voyageurs #rage. Mais à part ça, tout va bien et on passe volontiers au jeu ses quelques bugs qui ne dérangent pas trop l’expérience de jeu.
Conclusion de Stronghold 2
Stronghold 2 est un bon jeu de gestion / stratégie en temps réel, avec ce concept de gestion de la base qui demande de jouer de manière plus équilibrée que dans d’autres RTS. Et ses différents modes de jeu le rendent plus accessible : que vous préfériez développer votre ville pépère, étendre votre influence sur le monde ou partir en croisade, il y aura un mode pour vous. Alors certes, ses graphismes d’un autre temps peuvent rebuter, mais passant outre ce détail, le jeu a bien vieilli et vous passionnera sans doute (dans le sens « donnera envie de détruire votre ordinateur avec un marteau » par moments, mais c’est bien la passion, non ?).