Si on vous demandait de citer un exemple de FPS, là tout de suite, à brûle-pourpoint, il y a fort à parier que vous répondriez Call of Duty, Battlefield, ou un autre de ces porte-étendards modernes du jeu d’action débridé en vue subjective. Mais les vieux briscards du gaming qui, de surcroît, seraient des accros du clavier et de la souris, pourraient éventuellement évoquer un Doom, un Quake ou autre Duke Nukem 3D. Si vous êtes de ceux-ci, et que la nostalg’ des Nineties sous MS-DOS s’empare régulièrement de vous, alors Strafe est un jeu qui devrait vous titiller. De là dire qu’il est incontournable ? Réponse tout de suite avec notre test de Strafe, réalisé sur la version PC du titre.
Strafe – Le Old School est-il toujours aussi Cool ?
Retour vers le Futur Antérieur !
Depuis le lancement de la campagne Kickstarter fructueuse aux premiers trailers déjantés en passant par le dévoilement des somptueuses éditions collector, les développeurs de Pixel Titans nous ont fait une promesse avec Strafe : celle de nous faire voyager dans le temps sans DeLorean, et de nous ramener en 1996, âge d’or des FPS première génération. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est réussi et ce, dès les premiers écrans du jeu.
L’esthétique minimaliste et pixelisée propre aux limitations techniques de l’époque est bien présente : que ce soit dans les environnements, les menus ou encore les kitchissimes vidéos tutorielles, tout fait mouche, et on en vient à se remémorer nos premiers émois dans Wolfenstein 3D ou Doom. Cette dernière référence en particulier est plus qu’assumée, notamment lors du premier niveau du jeu, une épave de vaisseau spatiale repeinte à l’hémoglobine. Ajoutez à cela une bande-son survitaminée en mode 8 bits et vous obtiendrez ce qui est indéniablement la plus grande réussite de Strafe : un effet de nostalgie bienvenu et maîtrisé, qui n’est pas sans rappeler l’esprit de bon nombre d’autres titres distribués par Devolver Digital, comme Broforce ou la série des Hotline Miami. Mais malheureusement, passé le côté madeleine de Proust vidéoludique, les premiers écueils se font ressentir à mesure que l’on entre dans le vif du sujet.
Die (a lot)… and retry?
Le concept de base de Strafe est, à l’image de ses ancêtres, d’une simplicité effarante. Vous incarnez un Recycleur, chargé d’explorer des épaves aux confins de la galaxie pour y collecter de la ferraille potentiellement recyclable. Évidemment, il suffit de quelques secondes pour comprendre qu’il ne s’agira pas d’une promenade de santé puisque l’Icarus, le premier vaisseau que vous visiterez, est habité par des créatures assoiffées de sang (qui par ailleurs ressemblent étrangement à des paresseux). Votre objectif : parcourir les quatre niveaux, eux-mêmes divisés en trois zones dont l’agencement est généré de manière procédurale (en bon rogue-like qui se respecte), en défouraillant à tout va, pour survivre et accessoirement refaire la déco façon rouge sang.
Et c’est là qu’intervient le premier paradoxe de Strafe : loin de garantir une expérience de jeu pépère, le minimalisme de ce gameplay exigera des joueurs un degré de maîtrise et de compétence assez impressionnant, à milles lieues de ce qui était attendu sur les FPS de l’époque. Quelle que soit l’arme que vous choisirez en début de parcours, elle aura ses avantages et ses inconvénients, qui se révéleront à vous lorsque vous affronterez vos premières hordes d’ennemis. Bien sur, vous pourrez trouver d’autres pétoires disposées aléatoirement sur votre parcours, ainsi que des bornes vous permettant d’améliorer votre équipement, mais il vous en coûtera bon nombre de crédits, que vous peinerez le plus souvent à accumuler au gré de vos massacres.
L’aspect procédural du titre, s’il est parfaitement réussi dans les faits, a malheureusement un effet secondaire qui va dans ce sens : impossible de s’entraîner sur des portions de niveaux connus en espérant s’améliorer avec un minimum de tranquillité puisque chaque itération de la map sera différente, avec des pièces et des ennemis agencés aléatoirement, pour le meilleur comme pour le pire. Et inutile de compter vous soigner pour espérer survivre : si vos points de santé fondront comme neige au soleil sous les coups et les tirs de vos ennemis, il sera en revanche très difficile d’en regagner, avec seulement quelques distributeurs de soins éparpillés dans l’aventure. Bref, en un mot comme en cent, vous allez crever. Souvent. Trop souvent. Et pas toujours de manière très fair-play.
Le skill ne suffit pas…
Le vrai souci de Strafe est qu’au-delà de sa difficulté plutôt mal dosée, votre survie ne dépendra malheureusement pas que de votre aptitude à manier le clavier et la souris avec brio. Non, dès les premiers instants du jeu, vous êtes livré à vous-même, et les quelques informations distillées dans le tutoriel sont précisément celles que vous auriez pu trouver tout seul comme un grand. Dommage, car tout bonus est bon à prendre pour avoir une chance de surmonter l’agencement aléatoire des niveaux, qui pourra parfois à lui seul causer votre perte. En effet, si vous disposerez aisément d’ennemis arrivant un par un au bout d’un long couloir, il sera tout de suite plus difficile de faire face à une armée de monstres vous attendant patiemment au sortir d’un ascenseur.
Petit bonus qui fait plaisir : la grande majorité des ennemis de base ont la particularité de n’effectuer aucun bruit signalant leur approche, ne daignant pousser un grognement qu’une fois qu’ils sont en train de vous massacrer à grands coups de batte. Et comme chaque mort signifie automatiquement un retour à la case départ, autant vous dire qu’il faudra parfois lutter avec une violente envie d’exploser votre écran à défaut d’autre chose. S’ajoute à cela une petite collection de bugs en tout genre, souvent à la défaveur du joueur, qu’il s’agisse d’ennemis ayant la capacité de vous tirer dessus à travers les murs ou d’une disparition spontanée de votre stock de munitions sur une arme donnée. Autant de petits écueils fort malencontreux qui, mis bout à bout, entachent sévèrement le plaisir de jeu et ce, malgré une volonté appréciable (et réussie dans une certaine mesure) de proposer une expérience unique à chaque respawn.
Conclusion Strafe
Strafe parvient à merveille à nous replonger dans l’ambiance sans pitié des FPS old-school, c’est indéniable et on ne peut plus plaisant. Malheureusement, l’essentiel du jeu n’a pas vraiment bénéficié du même soin apporté à la recréation réussie de cette ambiance 90’s. Le minimalisme du gameplay, loin de fédérer, exigera des joueurs un certain niveau de skill, sans parler de la difficulté mal dosée et des divers bugs pouvant venir compliquer la tâche, à tel point que Strafe pourra s’avérer assez frustrant pour les plus novices. Et c’est bien dommage, car la promesse sur le papier était plus qu’alléchante pour les nombreux nostalgiques de l’époque.