C’est l’automne, la meilleure saison pour s’installer avec un jeu tout mignon, réconfortant comme une bonne soupe préparée par sa mamie. C’est exactement ce que SOPA – Tale of the Stolen Potato vous propose. Le titre du studio indépendant StudioBando nous avait tapé dans l’œil il y a plus d’un an lors d’une des salves de trailers adorables d’un Wholesome Direct, avec ses graphismes doux et sa promesse d’une aventure entre nostalgie et réalisme magique. Les aventures du petit Niho et de sa patate volée méritaient-elles toute cette attente, ou est-ce qu’on nous sert plutôt de la soupe à la grimace ?
(Test de SOPA – Tale of the Stolen Patato réalisé sur PC à partir d’une clé fournie par l’éditeur)
Mondo magico
Dans sa cuisine baignée d’une lumière chaleureuse, grand-mère est aux fourneaux, affairée à préparer une bonne soupe. Elle demande à Niho de bien vouloir aller dans le garde-manger pour lui rapporter une pomme de terre. Le petit garçon aurait sans doute plus intéressant à faire, il râle un peu, mais finit par y aller. Au moment de mettre la main sur la patate, une grenouille s’enfuit avec tout le sac par un passage dissimulé entre les étagères ! De l’autre côté, une jungle luxuriante, et plein d’aventures pour Niho qui devra retrouver le précieux tubercule pour que la soupe puisse être terminée.
Les créateurs de SOPA disent s’être inspiré de Coco (Pixar) ou du Voyage de Chihiro (Ghibli), et c’est exactement cette atmosphère qui nous a séduit tout au long de la partie. L’héritage familial et la transmission, la culture sud-américaine, mais aussi le périple dans un monde magique, dont on n’est jamais sûr de la vraie nature (rêve, imagination débordante d’un petit garçon qui s’amuse, ou vrai lieu où les grenouilles sont douées de parole ?). L’ambiance est l’une des plus grandes réussites de ce jeu, qui nous embarque tout de suite comme le ferait un bon dessin-animé qu’on aimerait redécouvrir même à l’âge adulte.
L’histoire et les péripéties sont certes simples, mais a cela suffit à nous charmer pendant la poignée d’heures qu’a duré notre aventure. Le jeu distille aussi beaucoup d’humour tout au long de la partie, dans les situations tant que dans les dialogues, où on a souvent des choix à effectuer pour faire avancer le récit. On peut par exemple discuter avec la grand-mère de Niho qui nous raconte des histoires sur sa vie, et comme un vrai petit garçon qui en a marre d’entendre sa mamie radoter, on peut jouer les sale gosse et lui faire comprendre qu’on serait plus intéressé à l’idée de jouer dehors. Mais si on l’écoute vraiment, alors on pourrait bien apprendre des choses vraiment intéressantes sur notre famille. On en vient presque à regretter que les scènes avec cette grand-mère ne soient pas plus nombreuses et développées, tant sa relation avec notre personnage avait de potentiel pour être touchante et mémorable.
Simple comme une recette de famille
C’est bien là la critique principale qu’on pourrait faire à SOPA – Tale of the Stolen Potato : ce goût de « pas assez ». Comme si on n’avait bu qu’un échantillon de cette délicieuse soupe réconfortante. On ne visitera finalement que trois lieux tout au long de la partie, et certains éléments de l’histoires sont présentés sans jamais être développés. On a presque l’impression que le jeu n’est que le premier épisode d’une série, de n’avoir pu que commencer notre exploration de ce que ce monde magique a à nous offrir. La fin reste ouverte, laissant la possibilité à notre imagination de combler les vides.
Le gameplay est lui aussi assez simple : nous avons là un jeu d’aventure avec un système proche du point and click. Pour avancer dans chaque niveau, il faudra trouver le bon objet à donner à la bonne personne, qui nous donnera à son tour un objet à combiner avec un autre pour nous rendre au point d’intérêt suivant. Le tout est fait de manière assez fluide (on nous épargne les innombrables allers-retours qui viennent parfois gâcher l’expérience dans ce genre de jeux), et même si les solutions sont souvent improbables et rigolotes, ce n’est jamais tiré par les cheveux. Au contraire, SOPA est très généreux en indices, et le jeu se terminera en quelques heures.
Seule vraie ombre au tableau : le titre n’est pas disponible en version française à l’heure actuelle, et même s’il ne faut pas un niveau d’anglais extraordinaire pour tout comprendre, cela le rend forcément difficilement accessible à un jeune public. Les quelques soucis de caméra folle restent minimes et n’ont en rien entaché notre expérience de jeu. Les graphismes sont loin de ceux d’un AAA, mais ce n’est pas ce qu’on demande à SOPA.
SOPA – Tale of the Stolen Potato s’adresse visiblement à un jeune public, avec son histoire à hauteur d’enfant et ses énigmes accessibles qui ne poseront pas de vraies difficultés. On ne trouvera pas non plus ici de double lecture permettant aux adultes de méditer sur des thèmes plus profonds.
Pourtant, ceux qui ont gardé leur âme d’enfant y trouveront leur compte le temps d’un dimanche après-midi, et apprécieront l’atmosphère toute douce et bienveillante qui se dégage de jeu. Et qui sait, une fois la manette reposée, peut-être que la relation entre Niho et sa mamie vous aura, à vous aussi, donné envie de décrocher votre téléphone pour prendre des nouvelles de votre propre grand-mère. Espérons que StudioBando pourra nous proposer d’autres projets de ce genre dans les années à venir : nous les suivrons avec grand plaisir !