Avec cinq épisodes canoniques à son actif, Sniper Elite s’enrichit d’un nouvel opus intitulé Sniper Elite: Resistance. TPS jouissif et à la rejouabilité vous permettant d’aborder les situations comme il vous plait, la série n’a plus à faire ses preuves. Et en ce début d’année Rebellion Developments et Wushu Studios proposent une aventure inédite à parcourir en France aux côtés de la Résistance. Mais après cinq opus et des spin-off orientés zombies, la série a-t-elle encore quelque chose à nous offrir ?
(Test du jeu Sniper Elite: Resistance » sur PlayStation 5 réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Europe, mai 1944. Les forces expéditionnaires alliées seront bientôt là mais les troupes de l’Axe veillent. Dans l’espoir d’en savoir plus sur ce qui les attendra lors du débarquement, les américains, par le biais du SOE, décident d’envoyer un agent derrière les lignes ennemies. C’est le tireur d’élite émérite Harry Hawker qui est choisi pour cette mission à haut risque. Devant prendre contact avec la résistance française, notre bon sniper devra redoubler de courage et d’ingéniosité pour découvrir ce que prépare l’armée allemande pour stopper l’avancée des alliées en Europe.
Vous l’aurez compris, le scénario n’est pas la qualité principale de ce nouvel opus de Sniper Elite. Reprenant les grandes lignes d’un certain Medal Of Honor: Resistance, l’opus ne se démarque pas grâce à son approche dramatique ou épique de la seconde guerre mondiale. Le fil narratif n’est qu’un prétexte pour aligner vos plus belles trajectoires de balle.
Pourquoi changer une formule gagnante ?
Rien de bien neuf sous le soleil de Sniper Elite. Nous sommes toujours en présence d’un TPS dans lequel vous aurez le choix de comment aborder vos objectifs. Que vous soyez adepte de l’assassinat à longue distance, de la préparation de votre tir et de la disparition après avoir commis votre méfait, vous aurez tout un tas d’options à votre disposition. Si à l’inverse vous préférez foncer dans le tas et poser les questions ensuite, la boucle de gameplay vous permettra d’user de pistolets mitrailleurs et autres fusils d’assaut pour neutraliser le plus grand nombre d’ennemis.
Mais la grande force de Sniper Elite réside dans son apprivoisement du fusil à lunette. Vos tirs à longue distance sont toujours récompensés par de « magnifiques » rendus façon rayons X, vous montrant les dégâts internes occasionnés sur vos ennemis.
Les niveaux, au nombre de 9, possèdent plusieurs objectifs secondaires comme primaires. Libre à vous de tous les accomplir ou au contraire de vous précipiter vers la fin du niveau. Les objectifs secondaires vous permettront d’obtenir plus d’XP et ainsi de parfaire votre arbre de compétences ou encore d’accéder à de nouvelles armes. Vous aurez aussi la possibilité de modifier et de personnaliser votre arsenal tout au long de l’aventure poursuivant la logique de l’approche des missions.
Si vous n’avez pas accompli tous les objectifs, aucun problème vous aurez le loisir de recommencer votre aventure en choisissant un nouveau point d’insertion. Comme dans les anciens opus, vous découvrirez bien vite que l’infiltration est généreusement récompensée et nettement plus jouissive à jouer. Cacher vos corps, bien aligner une tête avec votre pistolet silencieux, attendre l’orage ou un tir de canon pour dissimuler votre tir de fusil à lunette, avancer à la barbe et au nez des allemands en vous cachant dans les hautes herbes… Le travail accompli par les équipes de Rebellion et Wushu est encore une fois merveilleusement bien mené mais sans prise de risque.
Une technique en retrait
Dans Sniper Elite: Resistance vous allez parcourir un petit bout de notre beau pays : la France. De jour comme de nuit, qu’il pleuve ou qu’il vente, Harry Hawker est présent sur tous les fronts.
Contrairement à Sniper Elite 4 (le 5 se déroulant en France peu de temps après les événements de Resistance) qui proposait de magnifiques panoramas de l’Italie, l’épisode du jour se contente de ne proposer que des petits villages et autres routes boueuses amenant à l’entrée d’une sinistre usine nazie. Au détour d’un chemin de traverse, vous pourrez observer de sympathiques tableaux aux lumières vives camouflant une technique en retrait. Le constat est là, le jeu n’est pas d’une grande beauté : les textures bavent, les effets d’explosion sont peu convaincants et les modèles 3D des personnages font peine à voir.
Reste une architecture des environnements plutôt inspirée et un level design charmeur vous poussant à recommencer les niveaux pour trouver chaque particularité et chaque nid d’oiseau vous permettant de mieux aligner votre canon sur la tête d’un soldat ennemi.
Pour un jeu de la génération PS5/Xbox Series, Sniper Elite: Resistance est plutôt décevant au niveau de sa technique. D’autres jeux nouvellement sortis (Stellar Blade, Space Marine 2…) s’en sortent bien plus honorablement.
Autre petit problème qui a pu entacher certaines de nos infiltrations : l’IA des soldats ennemis. Il n’est pas rare de voir un ennemi à l’autre bout d’un camp paniquer alors que nous venons d’abattre hors de son champ de vision l’un de ses camarades d’une balle dans la tête grâce à un pistolet silencieux. À l’inverse, il nous est arrivé de créer un barouf de tous les dieux et mitraillant à tout va et en détruisant un half-trak à l’aide d’un lance-roquettes et pourtant les gardes encore en vie n’ont pas investigué la zone plus que ça. L’IA à des défauts plutôt handicapants pour un jeu basant sa boucle de gameplay sur l’infiltration et la supercherie.
Fort heureusement ces situations n’interviennent pas à chaque fois et la plupart du temps les ennemis comprennent, ou non, plutôt rapidement ce qui est en train de leur arriver.
Un nouvel opus avare en nouveautés ?
En plus de sa campagne principale, Sniper Elite: Resistance possède d’autres modes de jeu relativement dispensables : un mode horde, un mode multijoueur, un mode coopération et un mode défi de propagande (niveaux que vous déverrouillez en trouvant des affiches de propagande dans la campagne).
Sans réelles nouveautés de ce côté, les différents modes ne vous demanderont de compter que sur votre capacité à aligner le plus rapidement possible les ennemis. Exit l’infiltration et les niveaux au level design intelligent, ici c’est votre côté bourrin qui devra s’exprimer. Mais Sniper Elite n’est jamais aussi bancal que lorsqu’il vous demande de se jouer en TPS pur et simple : toute la subtilité, et donc l’intérêt, du jeu disparaît au profit d’un shooter peu inspiré. Hormis certains défis de propagande qui vous demanderont de la précision ou un peu de furtivité, mais en fin de compte c’est la rapidité qui est de mise et donc le nombre d’ennemis tués.
Les modes précédemment cités ne servent en fin de compte qu’à gonfler artificiellement la durée de vie du jeu. Le mode coopération est de retour certes mais la précision de l’IA n’aidera pas beaucoup l’accomplissement de vos escapades furtives.
Au rayon des nouveautés, nous aurions apprécié plus de nouvelles armes à feu, plus de possibilités d’infiltration (porter le costume d’un soldat ennemi par exemple) ou encore de nouvelles possibilités de ce joueur des allemands (détourner un char ou se servir d’un bouclier humain en dernier recours). Sniper Elite: Resistance est avare en nouveauté c’est un fait, mais cela en fait-il un mauvais jeu pour autant ?
Sniper Elite: Resistance est un jeu généreux dans sa boucle de gameplay mais nettement moins en ce qui concerne son contenu. Gonflé artificiellement avec des modes déjà vus et peu entraînants pour ce genre de jeu, les futurs acquéreurs se contenteront uniquement du mode solo déjà bien consistant et de quelques parties en mode coopération. Malgré une technique en deçà, Resistance peut se targuer d’être une bonne petite surprise pour les fans de la saga mais également pour les nouveaux venus. Pour les plus téméraires, vous pourrez pousser la difficulté un peu plus loin et attendre tel un tireur d’élite la meilleure fenêtre de tir. Très sympathique, jouissif, plus subtil qu’il n’y parait mais pas sans défaut, voilà comment nous pourrions résumer Sniper Elite: Resistance !