Senran Kagura, à l’origine, en 2011, est un jeu d’action mettant en scène des apprenties ninja évoluant au sein de l’académie Hanzo. Cependant, la saga va suivre le modèle de son ainé Dead or Alive, qui a su profiter au maximum de ses personnages en sortant les spin off Extreme essentiellement basés sur la plastique de ses héroïnes.
Mais tandis que le Dead Or Alive originel continue à exister parallèlement aux opus de sexploitation, la licence Senran Kagura a décidé de ne pas faire les choses à moitié en plongeant à deux pieds dans le grand n’importe quoi, pourvu qu’on puisse dénuder ses personnages. C’est dans ce contexte éhonté que sort Senran Kagura Peach Ball, un jeu complètement “no limit” au contenu hélas très limité.
“Et j’vis comme une boule de flipper / Qui roule…”
Beat ’em all façon Streets of Rage sur 3DS en 2011, Senran Kagura passe à la 3D mais garde les grandes lignes de son gameplay en passant sur PS Vita en 2013. Dès le début, le jeu tablait sur un côté gentiment coquin assumé, avec des héroïnes aux poitrines très généreuses dont les tenues avaient tendance à se détruire pendant les combats, laissant apparaître toujours plus de peau.
C’est en 2014 que les choses se gâtent (ou pas !). Ayant décidé que dans le concept de “jeu sexy”, c’est le “sexy“ qui importe, Kenshiro Takaki, concepteur des jeux de la licence depuis ses débuts, sort Senran Kagura: Bon Appétit ! , un titre où il n’est plus tellement question de ninja ou de beat’em all, puisque il s’agit d’un jeu de rythme et de simulation de cuisine. Les choses s’emballent, et le titre suivant sera un jeu de pistolet à eau où tout le monde sera bien évidemment en bikini, Senran Kagura Peach Beach Splash.
C’est dans le cadre de cette nouvelle direction qu’a pris la série que sort Senran Kagura Peach Ball, d’abord sur Switch, en juillet dernier, et, ô joie ! , aujourd’hui sur PC via Steam (qui héberge déjà quasiment tous les titres précédents). Senran Kagura Peach Ball est un jeu de flipper. Ce n’est pas le premier à nous proposer des tables de billard électrique autour d’une licence connue et appréciée : de Sonic Spinball sur Mega Drive en 1993 à tout dernièrement Star Wars Pinball sur mobiles, c’est un exercice auquel on est habitué. Mais ici, le titre est mâtiné de séquences de visual novel, et les développeurs ont absolument tenu à enrober le tout d’un scénario aussi improbable que prétexte à des interventions complètement folles de Murasaki, Asuka, Yomi et les autres…
“Prépare-toi, je vais te lécher ! ”
Haruka avait caché dans les toilettes de la salle d’arcade où elle travaille le résultat d’une expérience de chimie en cours. Bien mal lui en a pris : l’une des filles a confondu la mixture avec du savon, subissant du même coup ses effets : la voilà transformée en créature kawaii, mi-fille, mi-petit animal de compagnie. Pire, les effets du Transformix (c’est le nom du liquide) sont contagieux, et c’est toute l’équipe qui va en subir les conséquences… Seule solution : la Peach Ball, une bille capable de produire un gaz antidote si elle est soumise à suffisamment de vibrations. Et pour lui fournir les vibrations en question, quoi de mieux que le flipper dont dispose Haruka dans sa salle de jeux ?!
Voilà pour le scénario complètement WTF, prétexte à des séquences scénarisées où les dialoguistes se sont complètement lâchés ! “Je suis une vilaine petite chienne !”, déclarera ainsi Ryona, effectivement transformée en toutou ; “Prépare-toi, je vais te lécher !”, continuera-t-elle. “J’ai été léchée de partout ! ” ou “Voir une chienne gémir, c’est adorable ! ”, réagiront alors ses camarades…
Les dialogues vont très très loin dans les doubles sens et le sous-entendu, sans rien s’interdire du tout. C’est drôle, mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Les séquences sont d’ailleurs plutôt bien réalisées, même si la modélisation est encore un peu anguleuse (ça devait tenir sur Switch), en 3D et animées quand on a l’habitude des visual novel nous servant des tableaux 2D fixes.
Pinball Wizard
Plutôt joli et marrant, mais c’est tout de même pour un jeu de flipper qu’on a payé (et assez cher !). Alors qu’en est-il ? Les phases de flipper sont organisées en trois manches, durant lesquelles il faudra remplir un certain nombre de conditions pour déclencher un mini jeu. Cette phase se répètera trois fois, pour arriver sur le dernier mini-jeu qui, en mode histoire, conclura le niveau.
Les missions à réaliser sont telles qu’on les attend pour un jeu de flipper : atteindre des cibles, passer sur les rampes, etc. Les mini-jeu quant à eux consistent à shooter avec la bille une cible mobile dans une arène en dehors de la table de flipper. Là encore, la conclusion de ces mini jeux sera prétexte aux commentaires à double sens et aux poses lascives. Le troisième mini-jeu se déclenchant en fin de niveau consistera lui à carrément fesser l’héroïne avec la bille le plus grand nombre de fois possible !
Si on vient à bout du mode histoire assez aisément, il en sera tout autre pour celui qui voudrait réaliser tous les défis et atteindre la note maximale. En effet, pour atteindre par exemple l’objectif de 500 000 000 de points, il faut s’astreindre à ralentir sa progression dans le niveau, et éviter que les mini-jeux, qui mettraient un terme à la partie, ne se déclenchent trop vite. Il est ainsi impératif de contrôler ce que notre bille va toucher, et surtout, ne pas toucher… Bien plus technique qu’il n’y paraît !
On a quand même les boules
En plus d’être drôle et joli, le jeu a ainsi tout pour plaire à la fois aux joueurs les plus occasionnels comme à ceux souhaitant relever de vrais défis. Ça serait donc un étonnant sans faute ? Hélas non, car malgré la présence de cinq scénarios (un pour chaque héroïnes) se déroulant chacun sur cinq niveaux, Senran Kagura Peach Ball ne propose que deux malheureuses tables. On en aura ainsi très vite fait le tour, et beaucoup risquent d’être lassés avant même d’être venus à bout du mode histoire (pourtant plutôt facile). Même s’il faut mentionner les très nombreux secrets de chaque tables, dont certains sont vraiment difficiles d’accès, ça fait peu. Et les DLC annoncés ne viendront pas corriger ce défaut majeur, puisque qu’il ne s’agira que de tenues et musiques additionnelles.
Proposé à presque 40€, le jeu est donc à réserver aux vrais fans de la licence, qui seront surement heureux de pouvoir à nouveau jouer à la poupée avec leur ninjas préférées entre deux parties de flipper. Le titre propose en effet des modes de jeux propres à cette catégorie de soft, tels que la Boutique, permettant d’acheter tenues et accessoires pour les filles, la Garde-Robe, pour leur faire essayer tous vos achats, le Diorama, permettant de mettre ne scène les filles dans des tenue et position de votre choix, ou encore, toujours un peu over the top, le mode Intimité, qui permettra de “tripoter” virtuellement les personnages (?!)… Au final, le flipper lui-même ne représente qu’une petite moitié du contenu du jeu.
Certes, c’est un jeu de niche, mais pour son public cible, Senran Kagura Peach Ball n’était vraiment pas loin d’être un must have ! Un flipper efficace, facile à prendre en main, mais exigeant pour qui voudrait vraiment scorer (et c’est bien là la base du flipper !), le tout agrémenté de contenus à destination des fans de la licence, d’une musique entêtante pour le peu qu’on ne soit pas allergique à la jpop et à ses idols, et cerise, localisé en français !
Malheureusement, le tableau est noirci par le manque de variété des niveaux : deux tables seulement en tout et pour tout. Pour 40€, on devrait pouvoir en exiger un peu plus… Toutes les promesses de fun sont néanmoins tenues, et on ne peut qu’applaudir XSEED et Marvelous Games pour leur démarche de rendre disponibles pour le plus grand nombre de tels jeux de niche. On attend maintenant une petite (une grosse !) baisse de prix pour pouvoir le conseiller inconditionnellement !