Root Leeter est le premier jeu d’un studio nommé Kodokawa Games. Il s’agit là d’un visual novel (ou roman interactif) s’inspirant des jeux tels que Steins;Gate, mais plus particulièrement de la série des Ace Attorney dont nous avons récemment testé le dernier épisode en date : Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit Justice. Ici, pas besoin d’avoir de la mécanique réelle de jeu, pas de conception de niveau, pas de combats de boss ou de gameplay. Un visual novel vit et meurt sur une narration polie et sur un rythme bien construit. Ce genre de jeu est très répandu au Japon, contrairement à l’occident où il se fait plus rare. Grâce à l’éditeur PQube, Root Letter parvient dans nos contrées. A-t-il de quoi séduire pour se loger dans notre ludothèque ?
Root Letter : mais qui a tué Aya Fumino ?
Cédez à la curiosité
Le jeu vous propose de choisir un nom pour le protagoniste principal, mais de base, le héros s’appelle Takayuki et est surnommé Max. Vous êtes un jeune gentleman, d’une trentaine d’années, trente-deux pour être précis. Vous vous souvenez avoir eu une correspondance avec une jeune femme nommée Aya Fumino, il y a quinze ans. Vous vous êtes échangé dix lettres exactement, puis tout d’un coup, tout a cessé. Vous n’avez plus eu de nouvelle d’Aya. Cependant, en fouillant votre chambre, vous trouvez une onzième lettre jamais ouverte. Cette dernière lettre est très étrange, car il n’ y a aucun cachet sur l’enveloppe. De plus, les précédentes lettres sont du domaine du romantique, douce et rassurante. Dans cet ultime courrier, Aya vous informe qu’elle a tué quelqu’un et qu’elle doit disparaître. Très inquiet et surtout très désireux de savoir ce qu’il s’est passé pendant tout ce temps, Max part à la recherche d‘Aya et plonge dans une enquête épuisante, pleine de mystère et de rebondissements. Max quitte alors son studio à Tokyo pour partir à Matsue dans la préfecture de Shimane. A votre arrivée, vous apprenez que la maison d’Aya a été détruite lors d’un incendie et plusieurs personnes se trouvaient à l’intérieur lors de l’accident. Je m’arrête là en ce qui concerne l’intrigue, car sinon, je rentre dans le domaine du spoiler. D’ici, un premier constat s’opère. Le mystère est bien là et nous donne envie d’en savoir plus nous aussi sur ce qui s’est passé et ce qu’est devenu cette fameuse Aya. Petit à petit il va s’épaissir. Notre héros obtiendra plus de questions que de réponse. L’histoire est bien menée, mais maladroite. C’est surtout les commentaires du héros qui sont agaçants, tant ils sont très inutiles. Par exemple « Je dois me rendre à l’hôtel Matsue Inn dont j’ai une réservation » « Je suis arrivé à l’hôtel« , »C’est le Matsue Inn, j’ai une réservation ». Entre les dialogues et les investigations prenantes, le jeu est rempli de ce genre de commentaires, dont on pourrait très bien se passer. Au delà de ça, les personnages de Root Letter sont fascinants. Les graphismes sont superbes, si on aime le style artistique choisi. Bien que l’histoire soit fictive, les différents lieux sont réels, cela donne un cachet très appréciable.
Entre contemplation et interaction
Dans visual novel, il n’a pas que de la lecture, il y aussi des moments où vous pouvez interagir. Bien entendu, Root Letter ne gagnera pas le prix Nobel du gameplay. Dans ce genre de jeux, cela se résume à voyager entre les différents lieux, examiner et faire des choix dans vos questions. Pour les connaisseurs, nous retrouvons le même système d’investigation qu’Ace Attorney. Vous allez trouver des indices, qui serviront à progresser dans votre enquête. Le jeu est divisé en huit chapitres. Chacun d’eux commence par une lettre d’Aya suivie de la réponse de Max et vous devez choisir la manière dont il avait répondu à l’époque. Car oui, ces lettres sont celles datées d’il y a quinze ans et notre héros essaye de se remémorer ce qu’il avait répondu. Ensuite, vous partez à la recherche d’anciens camarades de classe d’Aya, tous trentenaires dans le présent. Malheureusement, vous n’avez que de brèves descriptions de ses amis et pour couronner le tout, juste des surnoms donnés à l’époque, comme « Catty Bitch« , que je ne traduirai pas. Lorsque vous trouvez ces personnes, ces derniers refuseront de parler d’Aya Fumino et parfois se montreront hostiles. Menez à bien votre enquête et une fois que vous avez amassé suffisamment de preuves, vous allez pouvoir les confronter. Ainsi, vous allez devoir poser les bonnes questions et montrer les bons indices. La confrontation est alternée avec un mini-jeu, le Mode Max, dans lequel vous choisissez la bonne phrase pour provoquer votre homologue. Bien que le Mode Max se sente un peu comme un gadget inutile, les parties dans lesquelles nous présentons nos preuves et menons l’interrogatoire sont vraiment intelligentes, intéressantes et amusantes à jouer. Ensemble, avec les portions d’exploration et la collecte d’indices, Root Letter crée un gameplay d’investigation très solide que les fans de ce genre seront ravie de retrouver.
Conclusion de Root Letter
La combinaison d’une histoire très forte et intrigante, de personnages intéressants, d’un mystère très bien conçu empilé en plusieurs couches différentes, d’un gameplay d’investigation agréable, et du charme de la représentation fidèle de Matsue, font de Root Letter un petit bijou caché que les fans de le genre ne devraient pas manquer. Bien sûr, vous ne devriez pas attendre l’action, parce que c’est la seule chose que ce jeu n’a pas, c’est un visual novel après tout. Cependant, si vous êtes allergique à l’anglais, il nous est difficile de vous le conseiller.