River City Ransom, pour moi, c’est un peu une histoire de coeur. Je n’ai pas bien connu le jeu NES, sorti il y a 28 ans, du moins pas à son époque, mais j’ai eu le plaisir de savourer son remake sur GameBoy Advance, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un beat’em up vraiment à part des autres jeux du genre.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui le différencie d’un Double Dragon, série à laquelle nous avions récemment consacré tout un dossier, et dont nous vous avions servi, il y a peu, un test en bonne et due forme du nouvel épisode estampillé Double Dragon IV ? À question simple, réponse simple : l’aspect non-linéaire évocateur du style RPG, inédit dans un beat’em all classique. Et voici que débarque un nouveau jeu de cette licence, River City Ransom: Underground.
Là, maintenant, en 2017. Alors, ce qui avait marché en 1989 fonctionne-t-il toujours, près de 30 ans plus tard ? Mes amis gentils, ce sera l’objet de notre subséquente analyse, vous vous en doutez un peu…
Petit cours d’Histoire préalable
Vous l’aurez compris en lisant notre dossier et à travers nos divers articles : River City Ransom ne fait pas vraiment partie des licences les plus représentées en Europe. De fait, elle appartient à la série des Kunio-kun, prolifique au Japon, mais assez peu ailleurs. Pourtant, il existe un épisode qui aura su marquer les esprits : Street Gangs, autrement connu sous les noms de Downtown Nekketsu Monogatari ou River City Ransom, des titres différents dépendant de la localisation du jeu en question.
On ne va pas s’attarder éternellement sur cet opus emblématique, mais il risque de revenir plusieurs fois au fil de cet article de toute façon. Car, si la saga s’est un peu éparpillée au cours des années (jeux de foot, de balle au prisonnier, d’athlétisme…), notre River City Ransom: Underground se réapproprie les codes qui avaient fait de son illustre ancêtre un jeu unique en son genre. Et c’est tout à fait logique : il s’agit là à l’origine d’un projet de fans amoureux de River City Ransom, financé avec succès sur Kickstarter et épaulé par Yoshihisa Kishimoto, créateur de la série ainsi que de Double Dragon, rien de moins.
Mais ces codes, quels sont-ils exactement ? Eh bien, comme nous l’évoquions en introduction de ce test, disons qu’il s’agit d’un alchimie réussie entre beat’em up bas du front et éléments généralement associés au genre RPG.
Un beat’em up/RPG ça donne quoi ?
Comment tout ceci se traduit-il sur le terrain, me direz-vous ? C’est assez simple : vous choisissez un personnage (il y en a une bonne dizaine à débloquer), chacun versé dans un art de combat qui lui est propre, et après une phase de tuto, vous partez déglinguer des gangs par dizaines à travers les rues de votre ville, comme dans tout bon jeu de tape qui se respecte (Final Fight, Streets of Rage…).
L’originalité là-dedans, vous l’aurez bien capté, c’est que la ville en question est divisée en quartiers composés de divers bâtiments, et vous pouvez naviguer librement parmi tous ces lieux, ce qui confère au jeu, comme c’était le cas pour son aîné, un certain petit aspect « monde ouvert » quasiment unique dans un beat’em all 2D, où généralement, on suit bêtement le scrolling horizontal du stage sans pouvoir décider de quoi que ce soit.
Et l’autre point fort de River City Ransom: Underground (on pensera à nouveau au premier épisode), c’est que ces bâtiments, dans certains desquels on peut entrer, ne sont pas là juste pour la déco, ils ont une utilité bien concrète. Soit ils abritent une bande de lascars à dézinguer, avec souvent un boss à leur tête, d’ailleurs, soit il s’agit de dojos ou de magasins.
Planet sushi/burger/ramen/sandwich/frites…
Deux établissements qui seront nécessaires à votre progression, dans la mesure où, comme évoqué auparavant, le jeu offre un aspect RPG assez marqué, ce qui implique forcément une augmentation de stats. N’hésitez donc pas à les visiter, sous peine de vous faire corriger sévèrement par le prochain boss rencontré.
Les dojos vous permettront d’apprendre de nouveaux coups spécifiques à votre perso, tandis que les magasins vous permettront d’acheter, grâce au brouzouf récupéré sur les ennemis vaincus, divers aliments, lesquels augmenteront certaines caractéristiques, comme la jauge de santé ou la barre de stamina nécessaire aux coups spéciaux, entre autres. Un excellent élément de gameplay que tout ceci, mais c’est aussi ici qu’apparaît un petit défaut dans ce River City Ransom: Underground : à force de vouloir demeurer fidèle à son ancêtre pour titiller la nostalgie du joueur, il en a également récupéré les points noirs.
Du coup, comme sur NES (et GBA), quand vous achetez un article en magasin, vous n’avez aucune idée de l’effet qu’il va avoir avant de l’utiliser ; par exemple, si vous investissez dans un sushi, rien ne vous indique de combien de points il fera progresser votre énergie ou votre puissance. Un défaut d’antan qui aurait facilement pu être corrigé, dommage.
River City Ransom: Underground, ça roxxxor
Défaut mineur ceci dit, comparé aux qualités incontestables du titre, telles que son dynamisme, son mix de deux genres parfaitement géré, son abondance de personnages jouables bien plus élevée qu’à l’époque, son rendu visuel en pixel art impeccable tout comme son rendu sonore très chiptune (de l’audio synthétisée façon 8-bits), sa durée de vie conséquente pour un jeu de ce style, son humour constant, bref, les éloges sont nombreux à faire concernant River City Ransom: Underground.
Et c’est sans évoquer le multi. Comme tout beat’em up qui se respecte, le jeu prend encore plus de sens à plusieurs, et vous aurez ainsi la possibilité de parcourir la campagne Histoire seul, mais aussi avec 1, 2 ou 3 camarades, en local ou online. Et si vous n’appréciez pas tellement vos compagnons, un mode Arène est également présent, histoire de se mettre sur le museau jusqu’à 4, en utilisant toutes les ressources possibles (compétences spécifiques, éléments de décor…). Great.
Enfin, un mode New Game + est proposé, pour reprendre sa partie du début une fois le jeu terminé, sans perdre ses acquis. Merci les mecs.
Si vous avez pratiqué River City Ransom, que ce soit sur NES, GBA ou autres supports, et que vous l’avez apprécié, il va sans dire que River City Ransom: Underground sera une bénédiction pour vous, tant il représente un hommage aussi bien qu’une évolution conséquente vis à vis de son illustre ancêtre.
Doté d’une durée de vie massive pour un beat’em all, fun en solo comme en multi, respectueux des codes qui avaient rendu le premier opus si plaisant, il constituera un investissement obligatoire pour tout amateur de jeux de baston rétro. Quel dommage que les financements participatifs n’aient pas permis aux développeurs de nous proposer une version console ; seuls les PCistes pourront en profiter…