Tout droit sorti du petit studio Rolling Glory Jam dont c’est le premier jeu, Rage in Peace fait partie de ces petits titres indépendants qui ont tous les atouts dans leur manche. Pas trop ambitieux mais de très bonne facture, il a toute sa place sur la scène émergente indépendante. Zoom sur ce petit jeu sur lequel il faudra compter.
Rage In Peace ou la malédiction du cadavre
Il était une fois… la mort, etc.
Timmy Malinu est une personne comme les autres. Coincé dans sa routine, son travail de bureau, sa vie insipide, il attend patiemment sa dernière heure. Qui va survenir plus tôt que prévu. Un jour la Faucheuse vient frapper à sa porte. Il est l’heure de mourir. Mais Timmy lui demande une faveur, un dernier vœu : pouvoir mourir en pyjama dans son lit. La Mort décide de lui accorder cette faveur, mais à partir de là, l’univers s’en mêle. Il doit mourir, le temps et l’espace vont s’atteler à ce que cela arrive maintenant !
Toute la difficulté va donc être d’éviter les obstacles tous plus mortels les uns que les autres afin d’aller jusqu’à son lit pour y mourir… En paix. C’est sur cette histoire absurde que repose tout le fil rouge. Bien sûr, au fil de l’aventure, Timmy va rencontrer toutes sortes de cadavres, des zombies, des momies qui lui feront part de leur rapport métaphysique avec la vie ou de leurs réflexions philosophiques. Rage in Peace est donc un joli conte même si le sujet ne prête pas à sourire. Les morts sont mises en scène avec une effusion de sang mais sans tomber dans le glauque. C’est mignon, et le jeu a su ne pas tomber dans le pathos ou le glauque avec un sujet qui n’était pourtant pas facile à traiter.
A mourir tu apprendras
Dans Rage In Peace, la mort n’est qu’une étape vers une autre mort. Chaque pas est dangereux, et il faut apprendre tous les pièges, ennemis, et mouvements. Du die and retry en somme. Celui-ci est de bonne facture. La difficulté est bien dosée, et des morts il y en aura. D’ailleurs un compteur est là pour vous le rappeler bien qu’il se réinitialise à chaque tableau. Le niveau se découpe en check-points, heureusement car refaire déjà 5 mètres 100 fois ce n’est pas évident, alors parcourir de longues distances ce serait de la torture ! Et parfois le découpage en est même un peu injuste. Lors du redémarrage du jeu il faut reprendre au début du niveau et non pas au check-point. Mais un tel jeu n’aurait pas la même saveur sans être tenté d’envoyer la manette valser dans l’écran ou sans faire une pause pour faire redescendre la colère face à tant de morts injustes.
Rage in Peace n’a jamais aussi bien porté son nom ! Même si les développeurs ont prévu quelques touches d’humour pour faire passer le goût du sang -pensez à aller dans les options pour lire les descriptions des ennemis, elles sont vraiment drôles-. Tout est mortel dans Rage in Peace, des tessons de verre aux classiques boules à piquants. Le plafond peut vous tomber dessus, le sol s’effondrer et le Shodaqo vengeur en avoir après vous. Le jeu n’a d’autre objectif que de vous faire avancer laborieusement. Parfois on trouve des objets collectibles qui font référence à la vie de Timmy. Ils ont pour but de montrer la vacuité de sa vie, et de justifier son objectif mais n’apportent rien au jeu en soi.
La vie est belle, la mort aussi
Graphiquement, le jeu est plutôt joli, dans un style animé mignon. Les nuances de couleurs sont en cohérence avec le monde présenté, -l’entreprise de Timmy, la pyramide égyptienne par exemple-, et la tête en forme d’abat-jour de Timmy permet de lui donner une mono-expression tout à fait à propos au vu du sujet traité et une sensation que Timmy, finalement, ce pourrait être n’importe qui.
La musique a été travaillée. Ambiance, sons, et petites musiques discrètes qui donnent une atmosphère mystérieuse et étrange au tout. L’ambiance sonore est partie prenante du jeu puisqu’il faudra parfois en jouer pour mieux rester en vie. Les contrôles sont très simples. Un stick pour avancer, un bouton pour sauter, le même pour le double saut. La prise en main est donc immédiate et permet de se concentrer sur la vraie difficulté du jeu, à savoir, vous contre la terre entière qui ne veut pas que ses plans soient chamboulés et souhaite votre mort immédiate.
Persévérer il te faudra
Les niveaux peuvent paraître répétitifs, mais au moment où on commence à se le dire, voilà une petite originalité qui émerge ; un niveau où il faut tomber dans le vide et éviter les obstacles, un boss qu’il faudra affronter quelques fois pour en apprendre les mouvements… Pas de place laissée au hasard, le challenge se situe entre vous et votre dextérité et bien sûr votre mémoire. Même si le voyage de Timmy peut paraître absurde par moments, chaque environnement, chaque boss a droit à une justification extrêmement cohérente permettant de ne jamais décrocher du fil de l’histoire.
Le jeu offre trois modes : l’Histoire bien sûr qui n’est pas dans les modes à proprement parler, le mode Contre la montre qui permet de faire des speed runs, le mode Amnésie qui est censé être un mode plus facile, sic, avec des check-points plus réguliers, le mode Pèlerinage qui ne se débloque qu’une fois le jeu terminé sans mourir, autant dire bonne chance pour y parvenir ! En tout le jeu propose 28 niveaux répartis en 5 actes, de quoi occuper environ 10h de jeu pour celui qui en aura la patience en comptant seulement l’histoire.
Conclusion Rage in Peace
Rage in Peace n’est pas fait pour tout le monde. Pour ceux qui aiment les jeux difficiles et exigeants. Pour ceux qui ont de la patience et qui ne jettent pas leur console par la fenêtre à la moindre frustration. Pour ceux qui aiment souffrir et progresser par la seule force de leur capacités et de leur persévérance.
Rage in Peace ne révolutionne pas le genre du die and retry. Cependant il sait créer une ambiance bien à lui empreinte de poésie. Pour un premier jeu Rolling Glory Jam a rendu une copie plus qu’honorable. Soigné autant graphiquement que dans son game design, Rage in Peace n’a pas à rougir devant certaines grands noms de la scène indépendante. A ce titre, il saura trouver sa place parmi toutes les sorties mensuelles, et peut-être même que bientôt on entendra les joueurs s’échanger les astuces pour passer tel ou tel obstacle.