On ne présente plus l’univers du plombier moustachu, tant ce dernier a marqué la sphère du jeu vidéo au fer rouge en grandissant auprès des joueurs. Vous avez tous déjà dû jeter une carapace ou deux entre deux étales au marché Donkey-Kong, sauter en dessous d’un bloc mystère ou avancer de trois cases pour acheter une étoile. Lorsque l’on parle de Mario, une foultitude de titres nous vient en tête, et même au-delà des aventures du héros à la salopette. Parce que oui, Mario c’est aussi Luigi, Toad, Bowser, Yoshi, Donkey-Kong et toute la bande. Entre Yoshi’s Wooly World, Luigi’s Mansion, Captain Toad ou Donkey-kong Country, des dizaines de productions mettant en scène les amis de notre héros nous traversent l’esprit. Mais avant de rencontrer toute cette jolie bande, c’est pour la princesse Peach que Mario se battait.
C’est pourquoi après avoir passé 18 ans dans le silence depuis Super Princess Peach sur DS en 2005, voilà que la célèbre dulcinée revient sur les devants de la scène avec Princess Peach: Showtime! Un jeu centré sur un autre personnage que Mario, ça marche à tous les coups ? Comment Nintendo peut-il encore proposer quelque chose de neuf après avoir usé du même univers pendant 35 ans ? Et que présage le progrès entrepris par le géant japonais d’enfin offrir aux joueurs la possibilité d’incarner une héroïne plutôt qu’un héros dans un de ses jeux ?
(Test de Princess Peach: Showtime! réalisé sur Switch à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Premier acte – Quand vient l’étincelle
Les trois coups retentissent et une nouvelle idée émerge pour Nintendo : destituer Peach de son statut de princesse afin de lui faire endosser dix rôles différents en plein cœur d’un théâtre en ruines. C’est ainsi que l’on applaudira Princess Peach: Showtime! pour ses originalités, tant le titre parvient à sortir des sentiers battus. Les mécaniques instaurées sont ludiques et novatrices, le tout dans un univers frais et coloré.
Le court scénario du titre nous plonge à la poursuite des sbires d’une antagoniste dénommée Dame Syrah, ayant enfermé tous les comédiens principaux des pièces du théâtre de l’Étincelle avant d’envahir ces dernières en semant la pagaille sur les différentes scènes. C’est alors que Peach, accompagnée par une jeune étoile du nom de Stella, remplacera les comédiens et jouera le temps d’une représentation une sirène, une épéiste, une cow-girl ou bien encore une pâtissière. Et en plus de marcher, le concept se range on ne peut expressément dans une tendance féministe remarquable.
Deuxième acte – Je ne suis pas qu’une princesse
Dans le monde du jeu vidéo, on ne peut pas dire que les héroïnes ont toujours été mises en avant. Souvent tapies dans l’ombre des insolents « héros », elles n’ont pas souvent eu leur heure de gloire et ont pourtant su imposer pour certaines leur force au sein de la sphère. On citera la mythique Lara Croft, Ellie de The Last of Us, Jill Valentine pour Resident Evil, ou plus récemment Aloy dans la licence Horizon pour les illustrer.
Jusqu’à présent, Nintendo faisait de Peach un personnage secondaire des plus faibles et démunis, prisonnière des mains du terrible Bowser, ou plus anciennement du géant Donkey Kong. On ne vous rabâchera pas le pitch (le Peach !), mais concrètement la princesse n’a jamais eu une place des plus favorables au sein des différents jeux.
Certains ont tout de même su lui trouver un rôle plus important, comme dans Super Mario RPG il y a presque une trentaine d’années (également dans le remake récent) où elle faisait partie des personnages jouables, ou dans Super Princess Peach en 2005 sur DS ou elle était en tête d’affiche ou encore plus simplement dans la licence Mario Kart où elle compose le roster parmi bien d’autres frimousses de l’univers Mario.
Mais toujours est-il qu’on ne l’a que peu, voire pas, mise en avant, et que l’on nous a pendant ce temps-là fait incarner Yoshi, Toad, Luigi et toute la bande, au détriment d’une princesse qui n’attendait que de mettre en lumière ses talents de comédienne. C’est enfin chose faite, et il faut dire que Princess Peach: Showtime! valorise on ne peut mieux la princesse en lui retirant sa couronne.
Dernier acte – Qu’est-ce que tu feras, quand tu seras grande ?
En plus de porter fièrement les couleurs de la gent féminine, Princess Peach: Showtime! sait aussi se faire voir comme étant un véritable berceau de l’enfance, où les jeunes filles peuvent enfin s’accrocher à une figure en goûtant sans cesse à cette touche de « deviens celle que tu veux » que l’univers du titre met en avant à chacune des missions accomplies.
Par ailleurs, chacun des niveaux proposés sur les cinq étages du théâtre marche, et l’envie de toujours découvrir un nouveau métier ou une nouvelle discipline pour Peach nous prend forcément aux tripes. Sauce Nintendo oblige, chacune des pièces jouées recèle des objets cachés à récupérer. On retrouvera principalement les « étincelles », des étoiles bleues nécessaires pour progresser dans l’aventure, ainsi que les mythiques pièces jaunes dispersées dans n’importe lequel des éléments composant le décor.
Bien que court, le jeu n’est pas répétitif. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, chaque niveau propose ses propres mécaniques et ses propres univers, ainsi l’impression de toujours prendre part à un nouveau jeu au sein d’une seule et même production se fait rapidement ressentir. Faire des gâteaux, organiser une chorale avec des poissons, résoudre une enquête ou galoper sur un train, tout dans Princess Peach: Showtime! varie, et chaque pièce de théâtre affiche son impressionnante singularité.
Princess Peach: Showtime! incarne certainement l’un des coups de théâtre de ce premier trimestre sur Switch. Le titre met en avant des concepts nouveaux et originaux et il n’y avait pas de meilleure idée pour Peach que de la destituer de son rôle de princesse. Désormais en tête d’affiche, elle endosse une dizaine de rôles différents pour sauver un théâtre aux prises avec Dame Syrah, une mystérieuse antagoniste prête à tout pour brûler les planches, dans le mauvais sens du terme.
En plus de proposer une formule qui marche, Princess Peach: Showtime! se décore rapidement d’un féminisme des plus assumés, avec une héroïne qui tient la route après des dizaines de jeux portant fièrement le symbole du héros, oubliant dans leurs ardeurs le potentiel d’un protagoniste féminin. Le nouveau titre des équipes nipponnes devient par la même occasion un véritable berceau de l’enfance, où n’importe quelle jeune fille peut se projeter à travers les différents métiers qu’exerce Peach et a enfin la possibilité de croire en ses rêves aspirant à n’importe quelle discipline.
Les différents niveaux proposés par le titre fonctionnent, et il est aisé pour le jeu de susciter chez le joueur un goût de « reviens-y ». En effet, chacune des scènes jouées est aussi riche en couleurs qu’en mécaniques, et cela fera rapidement de Princess Peach: Showtime! une plateforme à mini-jeux plutôt qu’un jeu à part entière, tant chaque niveau vendra des idées et concepts différents.
En clair, nous tenons là un titre des plus prometteurs, qui peut potentiellement ouvrir la voie vers un deuxième opus, afin de redorer les couleurs d’une princesse jusqu’alors mise de côté. Princess Peach: Showtime! est d’ores et déjà disponible en exclusivité sur Nintendo Switch, et le titre n’attend que vous pour ouvrir son théâtre. Rideau.