Même étant gamin, je n’ai jamais été grand fan de ces séries live très populaires au Japon, telles que Spectreman, X-Or ou Bioman pour n’en citer qu’un éventail restreint. Affichant un kitsch, assumé certes, mais néanmoins déplaisant à mes yeux, elles me semblaient ridicules, inintéressantes, mal interprétées, avec des costumes en carton et des monstres risibles, ainsi que des robots géants au look improbable. De ce fait, lorsque la série Power Rangers a été lancée en 1993, je ne l’ai suivie que d’un oeil évasif, puisque, bien que franchise américaine, elle reprenait tous les codes des sagas typiquement japonaises tels qu’évoqués ci-dessus. Même si elle a été décriée pour sa violence alors qu’elle se destinait à un public très jeune, la série a rencontré un franc succès, et compte aujourd’hui pas moins de 23 saisons et 2 longs métrages. Et ce n’est pas fini : un nouveau film, assez prometteur si l’on en juge par son trailer, arrive dans quelques semaines sur grand écran. Une belle occasion, évidemment, de produire des jeux vidéo pour accompagner le blockbuster, et aujourd’hui, c’est à Power Rangers: Mega Battle que LighninGamer s’intéresse.
Power Rangers: Mega Battle, un excellent beat’em up SNES
Retour arrière
Pourquoi diantre, serez-vous en droit de vous demander, se proposer pour tester un jeu tiré d’une licence qu’on n’affectionne guère ? La réponse est simple si vous suivez un peu les passions de votre Humble Narrateur : il s’agit d’un beat’em up. Un bon vieux beat’em up à l’ancienne, en 2D, un genre popularisé par des titres tels que Streets of Rage, Final Fight ou encore Cadillacs and Dinosaurs, avant son déclin progressif dû à l’avènement de la 3D (ne manquez pas, d’ailleurs, notre dossier Double Dragon). Je pourrais gaspiller des heures à chanter les louanges de ce genre, donc passons au jeu qui nous intéresse ici. Première chose à savoir : le titre complet de ce beat’em all est Saban’s Mighty Morphin Power Rangers: Mega Battle. Un blase à rallonge certes, mais qui nous en apprend beaucoup sur le contenu du jeu.
Saban étant le nom du créateur de la série d’origine, et Mighty Morphin, celui de la toute première épopée, on a donc droit aux prémices de la saga, avec les premiers personnages héroïques (Kim, ou encore Jason et même Tommy), ainsi que les premiers gros méchants (à commencer par la sorcière Rita Repulsa, enfermée depuis 10 000 ans dans un container). Le ton est donné. Au fil de 6 chapitres découpés en 3 niveaux chacun, l’on va revivre les combats originels de la saga Power Rangers, aux côtés de héros hauts en couleur, c’est le moins qu’on puisse dire (l’asiatique est la Ranger jaune, le black est le Ranger noir, d’ailleurs, j’ai toujours trouvé ça un peu meh…). Les amoureux de longue date ne seront donc pas dépaysés, Power Rangers: Mega Battle suit plus ou moins de manière fidèle l’oeuvre qui l’a inspiré, et on ne va pas s’en plaindre.
Beat’em up à l’ancienne…
Bref, plongeons dans le vif du sujet. Après un court résumé des événements, on est amené à choisir son Ranger fétiche (apparemment le Ranger vert est lui aussi disponible, mais pour ma part je ne l’ai pas encore obtenu) pour partir casser des museaux. Chaque personnage dispose de caractéristiques de base propres (corps à corps, vitesse, défense, portée…), à vous donc de définir ce qui vous convient le mieux, tout en sachant que sur le terrain, tout ceci semble assez similaire d’un Ranger à l’autre, et l’on a du mal à différencier les différents niveaux de compétence de chacun. Une fois votre choix effectué, on plonge dans le grand bain.
Le gameplay est composé de trois phases distinctes, la plus importante étant le beat’em up pur et dur, à l’ancienne, en scrolling 2D, même si certain endroits proposent plusieurs étages et vous permettent de changer de pièce. Manette en main, on est sur du classique, avec une attaque faible et une plus forte, un block, un grab… On privilégiera les combats aériens, qui permettent de bien enchaîner après avoir propulsé son adversaire en l’air tout en évitant de se prendre des taquets par les autres ennemis. Par contre, le coup puissant ainsi que l’attaque à distance sont soumis aux contraintes de barres d’énergie, l’une d’elles ne se régénérant qu’en trouvant un certain item ; voilà qui limite lourdement la jouabilité, puisque finalement, vous mènerez 90% de vos combats avec le bouton de coup normal, pour ne pas vider vos jauges ou parce que celles-ci seront déjà vides.
Lente progression
Résultat : un gameplay assez répétitif en dépit de sa nervosité, et même si c’est là une caractéristique usuelle du genre, on éprouve une sensation globale de frustration de ne pas avoir accès à plus d’enchaînements de malade, car on en sent la possibilité. Dommage pour ce Power Rangers: Mega Battle. Dernier point concernant cette partie beat’em up : à certains moments vous rencontrerez le robot Alpha 5 (les connaisseurs, heuuu… connaîtront), qui vous donne accès à un arbre de compétences impressionnant à développer, décomposé en trois sections : arme, corps à corps et améliorations diverses du perso (énergie, résistance, combos…).
Le problème, c’est que ces upgrades nécessitent des « pièces Ranger », mais celles-ci se font extrêmement rares, puisqu’elles dépendent de votre montée de niveau grâce à des boules de lumières lâchées par chaque ennemi vaincu, et que cette monté de niveau est terriblement lente. Alors certes, ça augmente la durée de vie du jeu, puisque ça incite à se retaper des stages pour gagner de l’XP, mais quand même, tout cela semble un peu artificiel, comme procédé. Dommage, encore, car les upgrades proposés accroissent significativement le plaisir de jeu… Mais venons-en aux autres phases : les boss-fights.
Et le reste ?
Ils se décomposent en deux parties assez peu fun, même si elles ne sont pas complètement ratées : tout d’abord, en vue à la première personne depuis votre robot géant, vous allez devoir viser certaines parties de l’ennemi et stopper ses tirs. Puis, vous aurez droit à un combat de titan contre l’adversaire colossal, sous forme de QTE assez gavants. Clairement, on aurait préféré des bastons plus dantesques pour illustrer ces affrontements de géants, et du coup, ces boss-fights tombent un peu à plat. Terminons avec l’aspect technique. Niveau visuel, on n’est pas sur du Bayonetta 2, bien entendu, mais pour ma part, j’aime le côté cartoon épuré et coloré de ce Power Rangers: Mega Battle. On reconnait bien les personnages, l’animation est impeccable, et on ne pourra déplorer que la redondance des ennemis, mais n’est-ce pas le cas dans la plupart des beat’em all old-school ? D’autant que le jeu doit composer avec un matériau d’origine assez restreint.
Question son, bonne impression aussi ; on retrouve les musiques de la saga télévisée, ce qui est un bon point, même si on aurait aimé un peu plus de punch dans le rendu audio des attaques au corps à corps. On appréciera enfin, pour terminer, la présence d’un mode coop jusqu’à 4 joueurs (local, ceci dit), un impératif pour un jeu de ce genre, tout en regrettant l’humour naze et rétro de la série, un peu absent de ce Power Rangers: Mega Battle.
Conclusion Power Rangers: Mega Battle
Eh ben vous savez quoi ? Il me plait bien moi ce petit jeu. Alors certes, je suis bon public du genre beat’em all, mais quand même, il m’aura fait passer un bon moment malgré ses défauts, c’est donc une conclusion venue du coeur que je vous livre, plutôt que venue du bon sens. Certes, il a son lot de défauts, comme ses phases de boss-fights moyennes, sa redondance, ses barres d’énergie assez limitatives ou encore son arbre de compétences terriblement long à développer, mais celui qui a aimé le beat’em all depuis les années Super NES, et qui apprécie, accessoirement, les premières saisons de Power Rangers, devrait se retrouver dans ce Power Rangers: Mega Battle, si tant est qu’il ne soit pas trop exigeant sur le déploiement d’artifices techniques clinquants.