Pode est de ces titres qui sait charmer dès le premier trailer (vous en avez d’ailleurs un au pied de la page pour vérifier si ça marche avec vous). En effet, le bijou du jeune studio norvégien Henchman and Goon apparu pour la première fois devant le public dans un Nintendo Direct en début d’année dernière avait su enchanter par sa présentation simple mais surtout grâce à son binôme de héros mignon à souhait. S’il a depuis trouver son chemin jusqu’au petites mimines des joueurs de la Switch, le titre se sera fait attendre avant de retrouver celles des joueurs de la PlayStation 4 (avant de prochainement rejoindre celles des utilisateurs de PC). Maintenant que c’est chose faite, il en revient à nous de répondre à quelques questions. Le charme apparent de Pode (qui dégouline d’ailleurs de ses trailers) suffira-t-il ?
Pode – L’habit fait-il le moine ?
Doux comme une peluche
Pode est donc un puzzle-platformer 3D dans lequel vous manipulez deux héros à la fois. On y retrouve donc une étoile appelée Glo, tombée des firmaments et qui souhaite y retourner et Bulder, une sorte de pierre, qui va l’aider à atteindre son objectif. Et que dire, dès les premières secondes, il est difficile de ne pas ressentir un petit quelque chose en voyant ce duo échanger leurs premières interactions. Ce sentiment de revoir Wall-E mettra tout les fans de films d’animation à la Disney/Pixar/Dreamworks dans un sentiment confortable de familiarité.
Le look adopté par Pode magnifie d’ailleurs cette émotion. La douceur des courbes escarpées, les jeux de couleurs et la musique, véritable ode au voyage que nous sert ici Austin Wintory (le monsieur derrière les musiques de Flow et de Journey, rien que ça) sans oublier le sound-design discret et élégant qui travaillent tous de consort pour littéralement décupler la bienveillance des équipes de développement qui cherchent réellement ici à nous offrir une aventure douce, très douce.
Pour avancer, nos héros vont devoir avancer d’une pièce vide à une autre en manipulant tous les éléments disponibles afin d’en dévoiler la sortie vers la suivante, chemin vers la suite du voyage. Pour interagir avec les décors, chacun des personnages possède un champ de force permettant l’apparition d’éléments sur lesquels grimper ou des mécanismes avec lesquels à activer. Si Bulder manipule les différentes roches sur le terrain, multipliant leurs tailles et altérant leurs couleurs, Glo fera apparaître quantité de plantes ajoutant dans les lieux visités des tons irisés, un véritable plaisir pour les yeux qui donne envie d’interagir au maximum avec chacune des pièces que l’on découvre.
Enfin, pour ajouter un peu de profondeur aux différentes énigmes à résoudre, chacun possède une commande unique qui se débloque comme la possibilité de saisir des pierres pour notre ami caillou ou celle de se téléporter pour la sphère lumineuse. Avec toutes ces options, c’est à vous de jouer de la physique du jeu pour vous permettre de mener à terme la mission qui vous est confiée.
Quelques imprécisions
Et jouer de la physique du jeu, c’est malheureusement peu dire. En effet, Pode possède quelques défauts qui ne sont malheureusement pas mineurs. La physique légèrement glissante des bords de terrain et la mécanique parfois hasardeuse de certaines énigmes laissent clairement à désirer. Ajoutons également à ceci l’imprécision des sauts qui par manque de clarté vous offre également de découvrir la profondeur des précipices et il y a de quoi être refait. Si le prix à payer pour un échec n’est vraiment pas contraignant puisque votre personnage réapparaîtra quasiment instantanément, il apportera de la lourdeur à un soft dont le rythme n’est déjà pas bien vif.
Si ce sentiment ne se fait peu sentir au début du jeu, (là où les idées devaient être les plus clairs), la sensation de malaise laissée par le game-design s’accroît à mesure de votre progression faisant clairement ressentir un manque d’inspiration certain. Ce dernier, couplé avec la répétitivité du concept, peut rendre l’expérience indigeste par moment, vous incitant à poser la manette et passer à autre chose.
Coincé ? Oui, parce qu’après tout, même si Pode n’est pas extrêmement compliqué, ça peut arriver. Les développeurs ont quand même eu la bonne idée de laisser aux joueurs de nombreux indices pour vous aider à comprendre votre objectif d’une pièce à une autre. Représenté sous formes de dessins semblables à des runes, ces derniers partagent avec vous la marche à suivre pour sortir d’une embûche ou d’une énigme insoluble. Seulement, si des fois l’indice est suffisant, à d’autres moments, il semble à côté de la plaque même une fois le problème résolu. Peut-être un soucis au niveau d’une traduction d’idée ? Qui sait ?
À deux, c’est toujours mieux !
Si Pode peut être complété en solo, nous recommandons franchement de partager votre aventure avec quelqu’un. En effet, jouer seul implique l’utilisation des 2 personnages pour compléter chacune des tâches. Ainsi, vous allez devoir manipuler à tour de rôle Glo et Bulder afin de permettre à l’un et à l’autre de compléter des énigmes qui à 2 joueurs ne demandent pas autant de travail. On se retrouve donc à mesure de la progression et de la répétitivité inhérente à ce format qui peine réellement à se renouveler dans ses mécaniques (surtout dans ce titre) à pousser des râles d’agonie à chacune des nouvelles salles qui s’ouvrent devant nous puisqu’elle symbolisent tout autant de tâches fastidieuses à remplir comme autant de corvées qui s’empilent. Seule délivrance, trouver la porte de sortie seulement, ici encore, il y a un twist.
Effectivement, il vous faut systématiquement réunir vos 2 personnages près de celles-ci afin de les franchir. S’il est possible de déplacer nos protagonistes en même temps (avec une toute jolie animation qui les montre se tenant la main #kawaii), les manipuler l’un après l’autre à chaque pièce juste pour passer au prochain défi est vite rébarbatif.
En jouant en coopération, le jeu mise sur la communication (ce qui justifie sans doute le choix de l’absence de toute forme de dialogue dans Pode à l’exception bien sûr des bruits mignons que font nos créatures, vous laissant donc la place d’entretenir la communication sans crainte de manquer quelque chose). Le jeu s’en trouve donc plus fluide et donc par extension plus agréable puisque chacun peut s’occuper de ses tâches et se réunir dès qu’une opération demande plus qu’une compétence.
Moins préoccupé par la lourdeur du jeu en solo, on prend donc clairement plus de plaisir à découvrir les différents environnements et la beauté des interactions de notre binôme rocheux au gré de leur voyage. C’est réellement dans ce contexte que Pode brille le plus.
Pode n’est pas le succès qu’on souhaiterait qu’il soit. Il est loin d’être immonde, bien au contraire, mais sa lenteur et sa physique souvent au fraise, renforcée par ses soucis de game-design (à l’image des indices qui manquent de clarté même une fois l’épreuve passée) en font une expérience rébarbative.
Pourtant, on aimerait tant l’apprécier plus ! Son charme indéniable, son couple de protagonistes à la Wall-E, sans oublier chacune des salles qui s’ouvrent et s’étoffent à chaque pas sont les seuls éléments qui vous pousseront à aller de l’avant (pour peu que vous y soyez sensible). Oui, Pode veut que vous réussissiez et peu d’obstacles ne vous résisteront, enfin… à l’exception de ceux liées à la pauvreté du game-design. Ça, c’est si vous jouez seul parce que le jeu est bien plus brillant quand il se partage. Si l’aventure n’est pas plus rapide, elle est plus fluide et plus agréable et on se laisse plus volontiers charmer par ce qu’elle a à nous offrir (même si ça ne fait pas disparaître ses défauts). Pode est un hommage au voyage et à l’amitié. Et l’amitié, ça ne se vit pas seul, vous voilà prévenu.