Sorti en 2019 sur les consoles de la génération précédente, A Plague Tale: Innocence a rapidement joui d’une aura toute particulière auprès de ceux ayant eu la curiosité de poser leurs mains dessus. Plutôt classique dans son gameplay, c’est la mise en scène et l’histoire contée aux joueurs qui laissa une trace indélébile dans les esprits. L’aventure d’Amicia et Hugo dans un monde ravagé par la peste et les rats, où règnent la terreur et la mort, et leur lutte interminable pour leur survie, avaient su faire oublier la plupart des défauts du titre, les dissimulant derrière une histoire envoûtante, rythmée par les peurs et les pertes.
Nous sommes maintenant en 2022, trois ans après la sortie du premier volet, et A Plague Tale: Requiem est maintenant entre nos mains. Reste à savoir si le studio aura su rebondir sur le succès d’Innocence pour réitérer l’exploit ou si cette suite se classe parmi celles que l’on jugera dispensables.
(Test de A Plague Tale Requiem sur PS5 réalisée via une copie fournie par l’éditeur)
A Plague Tale: Requiem for a Dream
L’histoire de ce A Plague Tale: Requiem reprend quelques mois après la fin du premier opus. Nos héros sont sur la route, et tout va pour le mieux. Mais cela ne va pas durer. La Macula, cette maladie dont souffre Hugo, refait surface, plus forte que jamais, et il s’agira alors de trouver une solution pour soigner le pauvre garçon, par tous les moyens.
Et c’est un rêve qui devrait pouvoir aider nos héros à vaincre l’affliction : une île qu’Hugo voit dans ses songes, où une eau aux pouvoirs mystérieux serait capable de le soigner, et serait la clé pour venir à bout de la Macula avant que celle-ci ne prenne le contrôle du garçon et, par extension, du monde.
Même si le pitch de départ peut paraître plutôt faible, c’est tout ce qui l’habille qui renforce ce sentiment d’aventure et de défi à la vie. A Plague Tale: Requiem, c’est une histoire de lutte contre le destin, où protéger les siens revient à protéger le monde, et où la mort et la désolation sont des fardeaux qu’il faut être prêt à porter pour espérer voir la lumière au bout du tunnel.
Un gameplay similaire, mais bonifié
Et c’est ainsi que, même si on retrouve peu ou prou le même gameplay que dans le premier opus, des ajouts bienvenus viendront souligner cette nécessité de ne plus seulement se cacher et se défendre, mais également de pouvoir attaquer et tuer. Armée de sa fronde ou de son arbalète, Amicia n’hésitera pas, si nécessaire, à faire couler le sang pour protéger Hugo et les siens.
Les différentes concoctions alchimiques, telles que l’Ignifer qui permet de raviver des feux éteints, ou encore l’Extinguis qui permet d’éteindre ceux étant allumés, sont bien entendu de retour. Combinés avec des pots, ils verront leur efficacité décuplée, quand de la poix jetée sur une source de lumière permettra à cette dernière de briller bien plus fort afin d’aveugler les ennemis ou éloigner les hordes de rats.
De plus, au cours de vos pérégrinations, vous rencontrerez des alliés capables de vous aider grâce à des actions contextuelles, agrémentant de façon sporadique le gameplay de nouvelles fonctionnalités. Combattre des soldats, réfléchir la lumière des feux à l’aide d’un prisme ou encore aveugler des ennemis, les possibilités sont multiples.
Mais le titre ne vous encouragera jamais à favoriser l’infiltration où le combat, sauf dans de rares phases où l’heure sera à l’attaque. Selon que vous jouiez les guerriers ou les ninjas, vous augmenterez un simili arbre de compétences vous permettant d’améliorer vos capacités de façon naturelle, seulement par votre style de jeu. On retrouve également les établis, bien utiles pour améliorer votre équipement.
Un souffle épique aux accents poétiques
Tout dans A Plague Tale: Requiem respire l’aventure, que ce soit les décors magnifiques, les musiques envoûtantes, les personnages captivants ou encore la mise en scène grandiose. Tout cela se combine pour créer une œuvre épique, où le danger peut se cacher sur chaque plage, derrière chaque ruine ou à chaque chemin emprunté. Alors que les deux protagonistes sont livrés à eux-mêmes dans un monde désolé où la beauté est de courte durée, la moralité devra être sacrifiée sur l’autel d’une quête impossible.
Et il ne sera pas rare de s’arrêter quelques instants pour apprécier la beauté d’une clairière aux mille et une fleurs, ou de rester estomaqué devant le chaos et la destruction que les rats et la Macula sèment sur leur passage. La mise en scène est à couper le souffle, mettant l’accent sur le côté épique sans jamais laisser de côté cette histoire de famille et le lien qui unit Hugo et Amicia.
Les personnages semblent à la fois forts et en même temps si fragiles, déambulant au cœur de cette fresque où l’onirique côtoie le macabre dans une osmose cauchemardesque teintée d’espoir. Et vous aurez envie d’explorer cette fresque dans ses moindres recoins, d’entendre les souvenirs d’Hugo et Amicia, de ramasser plumes et fleurs qui sont autant de vestiges d’un monde qui ne sera plus jamais le même.
Du début de l’aventure jusqu’à sa conclusion, A Plague Tale: Requiem jouit d’une mise en scène riche, oscillant entre phases d’infiltration, de combat, d’exploration et de poursuites. Le rythme est soutenu, entrecoupé de moments plus calmes où nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si tout ce qui vient de se produire s’est vraiment passé.
Le titre joue avec les maux avec brio, renforçant le côté futile d’une lutte à deux doigts d’être perdue, où chaque affrontement est un défi et où chaque victoire se ressent comme un coup d’épée dans l’eau. Nous avons peur pour les personnages, nous nous battons avec eux, pour eux et aussi, parfois, contre eux. Un syndrome de Stockholm vidéoludique où nous ne pouvons nous empêcher d’aimer le titre, ravisseur de nos émotions.
A Plague Tale: Requiem souligne une nouvelle fois le talent du studio Asobo, nous contant avec brio la suite des aventures d’Amicia et Hugo. Véritable plongée au cœur du chaos, le titre ne laissera personne indifférent, tant par son histoire que par ses personnages, hantés par les fantômes du passé, matérialisés sous les traits de la Macula.
On regrettera peut-être un gameplay beaucoup trop similaire au premier opus, même si des ajouts bienvenus se sont joints à la fête, mais tout le reste est tellement au-dessus de tout ce qu’a introduit Innocence, poussant même parfois jusqu’à la démesure, que le voyage en vaut réellement la peine. C’est une nouvelle virée en enfer où l’on pose le pied de notre plein gré.
Le titre fait du mal, mais il le fait bien, réussissant avec brio à retranscrire les émotions des personnages et la tension qui découle de leur combat contre un monde au bord du gouffre qui semble recracher tout ce qu’il y a de bon en eux. Amicia se veut plus guerrière que jamais, prête à tout sacrifier pour défendre son frère et le mener aux portes de la guérison.
Reste de A Plague Tale: Requiem une œuvre marquante, digne héritière du premier volet qui n’aura définitivement pas volé son succès et qui, nous en sommes sûrs, entrera très certainement dans les grands noms du jeu vidéo, aux côtés d’autres titres devenus cultes avec le temps. Tout n’est pas parfait, mais c’est bien là le reflet des ambitions du titre : démontrer que même dans le chaos le plus total, une fleur peut trouver le moyen de pousser.