Ces dernières générations de consoles ont vu un renouveau dans le style du J-RPG tel que nous avions pu le découvrir à l’époque de Final Fantasy VII sur PlayStation. Des systèmes de combat bien plus dynamiques, des graphismes incroyables et surtout des scènes de discussions de plus en plus longues, comme pour tenter de se rapprocher du cinéma. Le meilleur exemple de cette évolution étant bien évidemment Final Fantasy XIII, sorti en 2010 dans nos contrées.
Cette même année pourtant, un développeur, Watermelon, a sorti dans la plus grande discrétion un J-RPG à l’ancienne sur une console enterrée depuis des années, la Megadrive de SEGA. Ce titre, c’est Pier Solar and the Great Architects. Ressorti en version HD sur PlayStation 4 le 30 septembre dernier, il est temps de voir si c’est réellement dans les vieilles cartouches que l’on trouve les meilleures sensations.
Du bon vieux RPG à l’ancienne
Lorsqu’on démarre Pier Solar and the Great Architects on a l’impression de retourner vingt ans en arrière. A la belle époque du jeu d’aventure dans la veine des Soleil et autres Final Fantasy VI. La vue en 2D et ses sprites peuvent faire sourire aujourd’hui mais la 2D a tendance à mieux traverser les âges que la 3D. L’histoire débute dans le village de Reja où nous faisons connaissance avec nos héros. Hoston, Allina et Edessot. Le père d’Hoston a contracté une terrible maladie et vous allez devoir partir à la recherche d’une plante pouvant le guérir. Ce pitch de base, tout ce qu’il y a de plus classique, vous amènera cependant à vivre une suite d’événements qui vous feront parcourir le monde. Le village d’origine contient bien évidemment son lot de magasins d’armes, d’objets mais aussi son auberge et surtout, un point de sauvegarde. On sent que les développeurs de Watermelon ont voulu recréer cette ambiance de villages qui vous permettront de vous reposer mais également de sauvegarder votre partie.
Dans les autres lieux, ces derniers éléments cités sont plutôt rares. Comme dans tout bon J-RPG vous devrez ainsi gérer votre équipement (armes, armure et accessoires) selon les zones que vous allez explorer pour toujours être au niveau des différents ennemis que vous allez croiser sur votre route. Tout dans le titre rappelle cruellement cette époque où les graphismes n’étaient pas au centre du jeu et où un système de combat et un univers travaillés suffisaient à faire notre bonheur d’aventuriers en herbe.
Un système de jeu intemporel et bien pensé
On aime ou non le combat au tour par tour mais force est de reconnaître que les joutes en deviennent tactiques puisqu’elles permettent ainsi au joueur de réfléchir sur les actions à exécuter pour terrasser ses adversaires. Au centre de ce style de jeu, les combats différencient les bons et les mauvais J-RPG et coupons tout de suite court au suspens, Pier Solar and the Great Architects est un bon jeu. Si de prime abord il s’agit d’un classique tour par tour, les possibilités de gameplay étant travaillées, chaque combat implique un minimum de réflexion. En effet, les ennemis se trouvent sur deux plans, au sol ou en l’air.
Tous les personnages peuvent attaquer un ennemi au sol mais ceux qui volent restent réservés à certains héros. Allina notamment, sera au départ la seule à pouvoir vaincre les ennemis volants grâce à son arc. Toutefois, certaines magies et autres coups spéciaux peuvent néanmoins permettre à d’autres personnages d’attaquer des ennemis aériens. Seconde particularité, les attaques. Chaque personnage dispose d’une attaque de base mais voit au fil du temps (par montée de niveaux ou par l’acquisition de certaines armes) son panel s’enrichir. Mais plus les attaques et magies sont puissantes et plus elles nécessitent du ki. Le ki est en effet un point central des combats. En gros, vous pouvez cumuler jusqu’à cinq « charges » de ki, en sachant que le charger vous coûtera un tour de jeu.
Par contre une fois chargé, il ne se videra plus pour le reste du combat. Là où le concept est intéressant c’est que vos personnages peuvent se transférer leur ki. Exemple : un de vos personnages a chargé son ki au niveau 2 mais vous souhaitez utiliser une magie qui en demande trois. Si un autre de vos personnages a chargé un niveau de ki, vous pourrez utiliser ce dernier pour compléter le votre et lancer votre sort. Inconvénient, le personnage qui transfère son ki perdra son tour à le faire. Encore une fois tout est question de réflexion. Très bien pensé, ce système est très intéressant et pimente vraiment les affrontements.
Du SD au HD
Le jeu, ainsi sorti à l’origine sur Megadrive possède le charme si particulier de ces jeux « à l’ancienne ». Toutefois, nous sommes sur PlayStation 4 et Pier Solar and the Great Architects se doit d’avoir un peu de HD pour ne pas se retrouver noyé dans la masse des jeux pleins de débauche graphique de cette génération. Comme vous pouvez l’admirer sur les images parsemant ce test, ce sont les décors qui ont fait l’objet du remasterisation. Si la version d’origine était pixellisée, cette mouture HD nous offre des portraits de personnages entièrement redessinés, des décors somptueux et une musique totalement réorchestrée.
Toutefois, pour les puristes, sachez qu’il est tout à fait possible de basculer d’un mode à l’autre en se rendant dans le menu. De même pour les musiques, si vous préférez les sons d’origine, une case à cocher et en temps réel le jeu vous les propose. Je trouve d’ailleurs que d’avoir laissé le choix au joueur est une excellente idée de la part de Watermelon. Si la sortie sur PlayStation 4 est justifiée par le travail fourni sur les détails, cela permet tout de même à ceux n’ayant pas pu faire le jeu d’origine d’y jouer dans les conditions qu’ils préfèrent.
Une vraie bonne idée donc. Si les bruitages sont un peu en retrait (cela a toujours été le cas dans ce type de jeu), il n’en va pas de même des musiques. Ces dernières, en plus d’une superbe réorchestration, possèdent des thèmes tous plus ou moins travaillés. Celui des combats ou du village de Reja sont parmi mes préférés tant ils sont mélodieux et restent en tête même après extinction de la console. C’est à cela qu’on reconnait un bon J-RPG. L’ambiance générale du jeu fait tout. Et si l’on reste dans le classique (désert, montagne, grottes…), tous ces éléments font au final un jeu très travaillé.
Allô Hoston, on a un problème
Tout n’est malheureusement pas rose dans le monde de Pier Solar and the Great Architects. Si le jeu possède de grandes qualités, il possède toutefois des défauts plutôt déplaisants. Pas rédhibitoires pour autant mais pouvant rebuter quelques joueurs. Premièrement, si les décors HD sont magnifiques, on peut reprocher au jeu des zones vraiment labyrinthiques. Si cela peut être un bon point dans un donjon par exemple, cela est plus embêtant dans un simple village où il faut trouver le chemin accédant à l’auberge.
De même, ne pas trouver la sortie d’une zone infestée de monstres et vous faire tourner pendant des heures peut être désagréable, pourquoi je dis peut-être ? Surtout parce que les combats, s’ils ne sont pas insurmontables, offrent tout de même un peu de challenge si vous y allez sans préparation préalable. Concernant les magies et attaques, petit bémol, impossible de consulter leurs effets en dehors des combats. Dans le menu magie vous n’aurez accès qu’à celles permettant de vous soigner (les altérations d’état comme le poison disparaissent à la fin de chaque combat).
Il aurait été intéressant d’avoir la liste ailleurs qu’en combat et surtout un descriptif de la magie car si « Soin » parle à tout le monde, il n’en va pas de même pour d’autres ayant des noms moins explicites. Impossible donc de savoir sans essayer, un brin frustrant. Dernier point un peu décevant, le scénario. Si l’univers a l’air bien travaillé, l’histoire n’avance pas pour autant très vite et il faut s’accrocher un peu. Dommage car avec un meilleur rythme le jeu serait encore plus prenant. Mais malgré ces défauts, le titre reste très intéressant pour quiconque est fan du genre.
Au final, nous avons donc droit à un excellent J-RPG à l’ancienne, avec ses qualités (système de combat, musiques, décors HD…) et ses défauts (narration, zones labyrinthiques…) mais qui se laisse apprécier de bout en bout, avec une durée de vie avoisinant les 40 heures. D’autant plus qu’il offre du challenge lors des combats et un univers travaillé et attachant.
Toutefois attention, Pier Solar and the Great Architects n’est malheureusement pas disponible sur le store Européen. Pour l’acquérir, j’ai dû me rendre sur le store US où le jeu est vendu 15$ depuis le 30 septembre dernier. Mais rassurez-vous, de nombreuses langues sont disponibles immédiatement dont bien évidemment le français ! Vous pourrez donc apprécier le titre à sa juste valeur. Je trouve par ailleurs dommage qu’il ne soit pas disponible officiellement chez nous puisque les langues européennes sont déjà incluses dans le jeu.
De plus, aucune date officielle n’a encore été annoncée. Sachez tout de même que pour 12€ le jeu vaut largement son prix. Fans de J-RPG à l’ancienne vous pouvez foncer sans hésiter sur ce Pier Solar and the Great Architects. Les autres y regarderont sans doute à deux fois avant de craquer. Je vous laisse admirer le trailer de lancement US et vous rappelle que pour de plus amples informations sur le titre, vous pouvez vous rendre sur son site officiel.
Edit : Le jeu est désormais disponible sur le store Européen.