En 2015, alors que les fans de J-RPG attendaient fébrilement un Persona 5 qui devait arriver deux ans plus tard, est apparu Persona 4 Dancing All Night sur PS Vita. Dans ce titre, on suivait une nouvelle fois les héros de Persona 4 alors qu’ils étaient face à une crise qu’ils devaient résoudre en dansant. Il faut dire qu’avec son OST très typée J-Pop acidulée et ses personnages au design charismatique et hype, Persona 4 se prêtait plutôt bien à l’exercice. Il en résulta donc un excellent jeu, dans la lignée de Project Diva (qui mettait en scène la célèbre Hatsune Miku). La licence Persona, nous en avons parlé dans notre dossier spécial, a manqué de peu disparaître avec Atlus.
Mais ces temps semblent bien éloignés aujourd’hui. Avec le succès écrasant de Persona 5 et les nombreux produits dérivés issus de la licence, celle-ci se porte bien. Alors que les possesseurs de 3DS attendent fébrilement Persona Q2 New Cinema Labyrinth, qui réunira les lycéens de Persona 3, 4 et 5, voici que les membres du S.E.E.S viennent à leur tour danser dans Persona 3 Dancing in Moonlight tandis que les Phantom Thieves se dépensent dans Persona 5 Dancing in Starlight. Nous avons pu tester les deux jeux dos à dos. Persona Dancing 3 et 5 sont-ils plus proches de la fièvre du samedi soir, ou du bal musette de mémé ?
Alors on danse !
Avant toute chose, il faut savoir que Persona 3 Dancing in Moonlight et Persona 5 Dancing in Starlight sont des jeux très similaires. Si on excepte les personnages, et bien entendu l’OST, les titres sont totalement identiques. On y retrouve le même gameplay ainsi que les mêmes options. Il en va de même pour le « scénario » (en fait plutôt un prétexte). Aussi, ce test concernera les deux jeux, que nous appellerons Persona Dancing 3 et 5 par commodité. Une fois ceci bien établi, lançons-nous allègrement dans la review.
Persona Dancing 3 et 5 mettent en scène les héros de Persona 3 et 5. Dans les deux cas, le héros (qu’il s’agisse de Makoto ou Ren) se réveille dans la Velvet Room, relookée en Velvet Club, accompagné de ses compagnons. Les ados sont accueillis par les assistantes d’Igor correspondant à leurs jeux respectifs (Elizabeth pour Persona 3, Caroline et Justine pour Persona 5) qui leur annoncent qu’ils sont dans un rêve. Coincés dans un concours de danse à travers le temps et la matière, le S.E.E.S et les Phantom Thieves devront s’affronter indirectement afin de déterminer qui est l’invité le plus remarquable de la Velvet Room (et rabattre le caquet de Margaret de Persona 4 par la même occasion).
Nous le disions plus tôt, le scénario est en fait un prétexte pour mettre nos héros favoris sur la piste de danse. Ni une ni deux, nos galopins vont donc se mettre à faire des cabrioles sur des morceaux extraits des OST de leurs jeux respectifs et sur des remixes des compositions de Shoji Meguro (aux commandes des musiques de la série).
Si les jeux sont identiques, ils diffèrent dans leurs univers. Persona 3 Dancing in Moonlight parlera plus aux amateurs d’electro aux résonances hip-hop, ainsi qu’aux fans hardcore de cet épisode, qui se feront une joie de redécouvrir leurs héros dans des modèles HD de toute beauté. Persona 5 Dancing in Starlight, de son côté, fera la joie des amateurs d’acid-jazz et des amoureux des Phantom Thieves. Quel que soit le côté que vous choisirez, vous serez ravi de voir des personnages finement modélisés. Même les héros de Persona 5 ont bénéficié d’un léger upgrade graphique.
Le titre propose les doublages anglais et japonais, ce qui devrait ravir les puristes. Mais là où nous avons été agréablement surpris, c’est dans la localisation des sous-titres en français. Oui, vous avez bien lu ! Pour la première fois, on pourra jouer à un jeu Persona dans la langue de Jean Gabin ! C’est une première pour cette licence. Ce point, loin d’être aussi anecdotique qu’il n’y paraît, semble souligner une tendance de SEGA à aller vers une localisation plus fine de ses jeux (rappelons que Valkyria Chronicles 4 a aussi bénéficié d’une VF). C’est plus qu’encourageant pour la suite des jeux Persona qui sortiront sur notre territoire, ou encore pour des licences comme Yakuza.
Niveau gameplay, Persona Dancing 3 et 5 sont assez solide. Il s’agit de rythm-games dans lesquels le joueur doit presser des touches en cadence avec la musique, afin d’afficher le score le plus élevé. À ce niveau-là, c’est très précis, et les touches respectent si bien le rythme qu’on pourrait limite jouer à l’oreille. Il est également possible de customiser ses séances de jeu en sélectionnant des bonus et des malus qui modifieront un peu les règles du jeu.
À ce côté personnalisation s’ajoutent trois modes de difficulté en plus d’un dernier qui sera accessible une fois que vous aurez terminé toute la playlist. Vous pourrez également débloquer tout un tas de tenues et d’accessoires afin de jouer un peu à la poupée avec vos personnages avant de les envoyer danser. Un mode « Social », vous permettant de débloquer des scènes avec vos compagnons quelque peu calquées sur les Social Links des jeux Persona, vous servira de carotte pour avancer. Ces scènes se débloqueront quand vous aurez réalisé divers défis et devraient réjouir les fans, tant elles regorgent de clins d’œil et d’anecdotes sur les univers des jeux.
Faux pas
Fan-service ! Tel est le mot d’ordre de Persona Dancing 3 et 5. Et si effectivement les fans y trouveront leur compte, rien n’est moins sûr pour les néophytes. Nous parlions du volet « Social » du jeu. Si ce mode fera la joie des fans de la série, il y a de fortes chances pour qu’il laisse les autres de marbre. D’autant que, si vous pouvez parfois sélectionner des réponses au cours des conversations, celles-ci n’auront que peu d’impact et ne serviront qu’à vous donner l’illusion de nouer des liens avec vos personnages. Si l’idée de départ reste sympa, il s’avère que ce mode social reste très anecdotique et optionnel.
Un mot au sujet de la playlist (23 morceaux). Celle-ci est sympathique et il nous a fallu 4 à 5 heures par jeu pour en faire le tour (ce qui peu paraître peu, mais reste pas mal pour un rythm-game). Cependant, celle-ci comprenant des morceaux issus de l’OST des épisodes ainsi que leurs remixes, on a tout de même parfois une impression de déjà-entendu sacrément gênante. D’autant que la musique dans les jeux Persona, ça n’a jamais été un problème… il suffit simplement de piocher. Déjà dans les jeux en eux-mêmes, mais aussi dans les spin-offs et autres adaptations animées (gageons que des morceaux seront vendus par la suite en DLC, c’est hélas dans l’air du temps).
Il n’en reste pas moins que musicalement, même si certains remixes ne nous ont pas spécialement fait décoller, les titres restent dans la fourchette haute. Les thèmes musicaux raviveront à coup sûr de nombreux souvenirs aux joueurs. Et quoi de plus épique que de danser sur des morceaux comme Last Surprise ou Burn My Dread ?
Si le gameplay de Persona Dancing 3 et 5 reste très précis, il souffre néanmoins d’un défaut que nous avions déjà identifié lors de notre preview. Les titres sont calqués sur Persona 4 Dancing All Night qui était un jeu portable, et qui donc, se jouait sur un petit écran. Les indicateurs de touches à presser apparaissent du centre de l’écran pour se diriger vers l’extérieur où se trouvent les emplacements de touches, disposés en cercle. De fait, si vous avez un écran trop large, votre regard devra suivre le cercle pour savoir sur quelle touche appuyer.
Ce souci d’ergonomie n’existe pas sur un petit écran, qui permet de visualiser le cercle d’un seul coup d’œil. Or là, il faut parfois être un véritable caméléon pour ne manquer aucune touche. Ce choix de gameplay devient encore plus handicapant en difficulté All Night. À moins d’avoir un strabisme divergeant, oubliez l’idée même de terminer une chanson dans ce mode.
Persona Dancing 3 et 5 sont des produits fan-service, ne nous le cachons pas. Mais c’est du bon fan-service, qui devrait rendre les amoureux de la licence joyeux. Ne serait-ce que parce que c’est toujours un plaisir de retrouver ces personnages auxquels les joueurs ont eu largement le temps de s’attacher. Les fans auront vite fait de pardonner aux jeux leurs défauts. En revanche, le grand public ne manquera pas grand-chose en passant son chemin.
Persona Dancing 3 et 5 restent à conseiller aux amateurs de rythm-games et aux fans hardcore de la licence. Pas des grands jeux, certes, mais des titres très sympathiques néanmoins. Allez, on pousse les meubles ! Ce soir, c’est soirée disco !