À la mi-2013 paraissait un titre un peu iconoclaste, Persona 4 Arena, puisqu’il constituait une déclinaison en jeu de combat 2D de la saga RPG Persona, elle-même dérivée de la tentaculaire entité Megami Tensei. Toujours édité par Atlus, et développé par un studio qui s’y connait en matière de jeux de combat 2D, Arc System Works (BlazBlue, Guilty Gear), Arena avait agréablement surpris, grâce à ses nombreuses qualités et en dépit de ses quelques défauts. Fin 2014, c’est au tour de sa « suite », Persona 4 Arena Ultimax, de rentrer dans l’arène et de nous montrer si elle est à la hauteur de son aîné et de ses concurrents.
Test de Persona 4 Arena Ultimax sur PlayStation 3
Story-mode : révisez bien vos Persona avant
Persona 4 Arena Ultimax prend la suite directe de son prédécesseur, qui, lui-même, se déroulait quelques mois après le RPG Persona 4 sorti sur PlayStation 2 (puis Vita). Commençons donc par le mode Histoire, puisque c’est là que le scénario va se dévoiler progressivement, invitant le joueur à revivre, à travers le combat, des scènes importantes de Persona 3 et 4. Et puis, cela tombe bien que l’on débute par ce mode, étant donné qu’il constitue, d’une certaine manière, l’un des seuls défauts du jeu, ce qui nous laissera le champ libre ensuite pour détailler les grandes qualités de ce titre. Explications. Pour ma part, j’ai toujours regretté que les jeux de combat n’offrent pas de scénario digne de ce nom développant le caractère et le background des personnages, se contentant d’une vague évocation de tournoi ou autres simplifications (ceci dit, j’imagine que beaucoup de joueurs trouvent cet aspect superflu, ne recherchant qu’un défouloir ; chacun ses goûts). Je devrais donc me réjouir du fait que Persona 4 Arena Ultimax offre, pour une fois, une scénarisation poussée, presque aussi profonde que celle des RPG dont il est né. Or, il est très difficile de suivre l’histoire ici, à moins de connaître parfaitement à la fois les RPG en question et le premier Arena. Sinon, vous risquez d’être complètement largué, les références à des événements antérieurs et à des personnages connus des fidèles étant volontairement obscures pour le profane.
Golden Arena, le Graal
On pourrait éventuellement essayer de suivre si le développement était posé de manière interactive et concise, mais hélas, le mode Histoire se décompose en plusieurs combats, entrecoupés de dialogues sans fin entre les protagonistes (je pense avoir lu pendant au moins 20 minutes avant de commencer mon premier affrontement). Bref, c’est assez imbuvable, et c’est dommage car l’intention était louable (ceci dit, on peut accélérer les textes ou les sauter). Dans le détail, le mode Histoire de Persona 4 Arena Ultimax s’éloigne de la majeure partie des jeux de combat, du fait qu’il ne vous propose pas de choisir un personnage pour suivre son scénario, mais plutôt, d’incarner divers combattants au fil du récit, en fonction des événements décrits et des embranchements choisis. Ce premier mode solo bénéficie donc d’une durée de vie relativement correcte pour le genre, durée de vie que viendront sublimer les autres modes de jeu. Au menu, outre les très utiles sessions d’entraînement et les modes d’arcade classiques, on a droit à du versus seul ou en local, du multi aux serveurs très stables et à l’affluence fort satisfaisante, mais aussi et surtout, à un mode baptisé Golden Arena, sur lequel les amateurs de combat et de RPG risquent de camper un bout de temps. Il s’agit en fait d’une sorte de mode Survie, dans lequel vous enchaînez les combats indéfiniment jusqu’à ce que mort s’ensuive (vous ne récupérez pas toute votre barre de vie après chaque victoire), parsemé de boss-fights un peu plus velus que la normale, et qui vous incitera à recommencer encore et encore pour tenter d’aller toujours plus loin.
Combat + RPG ? Hell yeah !
Comment ? En y insufflant la petite touche RPG qui fait toute la saveur, réminiscence des origines de la série Persona. De fait, au fil des victoires, votre personnage obtient des points d’expérience, lesquels vous permettront, à chaque montée de niveau, de répartir quelques points parmi certaines caractéristiques à faire progresser (force, agilité, points de vie…). En outre, vous acquerrez également de nouvelles compétences propres à chaque personnage afin de vous aider lors du combat. Tout ceci sera conservé après votre défaite, ce qui signifie que lorsque vous reprendrez à zéro avec le même perso, vous serez d’entrée de jeu déjà plus fort que la fois précédente, et ainsi de suite. Passionnant, et addictif en diable, vous allez y passer des heures, croyez-le. Le contenu de ce Persona 4 Arena Ultimax a donc de quoi satisfaire les amoureux de combat, mais encore faut-il que la qualité technique et la maniabilité soient au rendez-vous. Pas de surprise ici : c’est le cas. Avec ses personnages de grande taille (22 au total, dont la plupart possèdent un côté obscur, qui modifie considérablement le gameplay) et ses décors à la fois lumineux et crépusculaires, dignes héritiers de l’esprit Persona, évocateurs de mondes torturés et étranges, mais aussi ancrés dans le Japon moderne de par leurs couleurs néon flashy, le jeu est une véritable réussite visuelle, qu’on n’aurait pas été surpris outre mesure de voir sur console new-gen.
Stand by me, my Persona
Quant à la bande-son, vous pouvez choisir les voix en anglais ou en japonais (sauf dans le mode Histoire), et les musiques, alternant, selon les cas, entre techno, J-pop, jazz ou métal, sauront accompagner à merveille votre immersion au sein de cette petite perle du combat en 2D. Pour finir, sachez que la maniabilité du jeu est exemplaire. Plutôt classique dans sa conception, avec des sauts, une garde en reculant, un grab et tout l’attirail de coups divers et d’enchaînements à base de quarts de cercle sur le pad, elle s’avère à la fois accessible au plus grand nombre et terriblement technique pour ce qui est d’exécuter les combinaisons les plus sophistiquées. Chacun y trouvera son compte, du vétéran au noob intégral. Et c’est sans compter les Persona, ces incarnations spectrales de l’alter-ego psychique des personnages, tous très différents en termes de taille et d’effet, qui apportent, au même titre que les Stands dans Jojo’s Bizarre Adventure, tout un éventail de nouvelles possibilités de gameplay. Une véritable prouesse technique que ce jeu, donc, à tous les niveaux, et l’on n’en attendait pas moins du talentueux Arc System Works, qui a su nous prouver à maintes reprises par le passé sa maîtrise du sujet.
Conclusion de Persona 4 Arena Ultimax
Si l’on excepte un mode Histoire un peu rébarbatif dans son concept, surtout pour qui ne connait pas bien la série, Persona 4 Arena Ultimax est une réussite complète sur tous les points. Beau, dynamique, doté d’un contenu conséquent prometteur d’une durée de vie généreuse, il constitue un très grand jeu de combat en 2D comme on les aime depuis des années, et démontre encore une fois le talent de son développeur en la matière. Les amateurs de Persona apprécieront, les amoureux de jeux de combat aussi, et le mode Golden Arena mettra tout le monde d’accord. Avant qu’Arc System Works ne franchisse le pas de la new-gen, ne passez pas à côté de ce Persona 4 Arena Ultimax…