Owlboy est un jeu de plateforme 16-bits. Un peu léger comme présentation, pas vrai ? Bon, alors rectifions : Owlboy est un jeu de plateforme (mais pas que) typé 16-bits bien léché qui aura nécessité des années de conception à ses programmeurs, et qui est disponible désormais sur la plupart des consoles actuelles et PC, et non pas sur Super NES ou MegaDrive, supports sur lesquels il aurait pourtant ravi nombre de bambins devenus gamers endurcis depuis. En fonction de vos machines de préférence, il est fort probable que vous ayez profité de ses attraits délicieux depuis des mois, mais si vous découvrez la chose, voici ce qu’il faudra en retenir…
Owlboy – Onirique et énergique à la fois, c’est possible ?
Du bon vieux jeu 2D à l’ancienne… with a twist
Le tout début du jeu fait subtilement office de tutoriel. On y découvre notre protagoniste, baptisé Otus, un membre de la communauté des Chouettes, peuplade capable de voler et aspirant à être vénérée de tous. Otus, contrairement à ses semblables, n’est pas né doté de parole, et en outre, ses résultats scolaires ne sont guère magiques. Ce qui n’empêche pas son maître de le prendre sous son aile (ha ha), ayant entrevu le potentiel non-développé du jeune héros ; une formation agrémentée des moult dévalorisations infligées par ce mentor, qui risque de vous sembler plutôt désagréable en vous lançant dans l’aventure. Bref, une fois les présentations faites, vous découvrez votre ville, et donc, le principe du jeu et ses mécaniques particulières.
Car si Owlboy évoquera immanquablement aux vieux de la vieille des titres antiques tels que les Wonderboy, certains Mickey, Kid Icarus ou encore bon nombre de metroidvania de par son ambiance visuelle et (parfois, on y reviendra) musicale, cette histoire de vol change toute la donne et procure une expérience nettement plus originale. Même si bon, dans Wonderboy et Kid Icarus aussi il y a des passages de vol, mais Owlboy repose à 90% sur cette capacité, et vous vous retrouvez rarement en train de marcher du fait que vous bénéficiez d’une compétence tellement plus jouissive. Venons-en aux possibilités qu’offre le jeu, puisque vous les découvrez rapidement avant de passer aux choses sérieuses et d’aller vous colleter à d’innombrables Pirates de l’Air. Vous apprendrez bien vite à déterrer ou saisir des objets, soit pour les absorber et regagner de l’énergie, soit pour vous en servir de projectiles avec lesquels vous devrez viser avant de les balancer (visée pas toujours bien aisée d’ailleurs, surtout dans l’urgence). Vous avez également accès à une attaque tournoyante avec vos ailes et à une esquive, aérienne ou non.
Les copains c’est important pour explorer (hein Dora ?)
Et puis, il y a les compagnons d’Otus, qui compenseront son absence de talents guerriers. Vous rencontrerez au fil de l’aventure 2-3 personnages équipés de types d’armes différents, et quand ils se joindront à vous, vous pourrez les porter de la même manière que les objets et les faire tirer avec leur arme à feu. Chacun sera bien évidemment adapté à tel type d’obstacle, d’ennemi ou de situation, mais l’alternance entre vos alliés se fait en un clin d’oeil ; de même, le jeu offre un système de téléportation qui vous permet de récupérer instantanément vos camarades même si vous les avez laissé tomber ou qu’ils sont restés loin derrière. Tout ceci fonctionne particulièrement bien, Owlboy dispose d’un maniement vraiment efficace et plaisant.
Le gameplay ayant été abordé, reste à entrer un peu plus dans le détail du jeu dans sa globalité. Jeu aérien oblige, le level-design s’avère particulièrement original, puisqu’il joue à la fois la carte de l’horizontal et du vertical, là où la plupart des platformers se doivent de rester cantonnés au sol et à la ligne droite. Ici, point de carte où choisir avancer au stage suivant comme dans un Super Mario World, ni de sélection de niveau de quelque forme que ce soit ; si vous voulez aller quelque part, il va vous falloir vous y rendre de vos propres ailes, quitte à vous taper du chemin déjà parcouru. Dans Owlboy toutes les zones sont interconnectées et on n’a jamais l’impression d’un découpage par levels, ce qui est plutôt appréciable, mais qui soulèvera l’un des minuscules griefs que nous aurons à adresser au jeu…
Un mix de genres et un petit manque
… l’absence de map. Vous savez, ces maps bien pratiques présentes dans de nombreux metroidvania découpées en cellules et consultables à l’envi pour se souvenir d’où était telle salle, quels étaient les accès bloqués et la position des endroits pas encore visités, bref, vous voyez le topo. Ici on n’a aucun élément de ce style, on est un peu livré à soi-même, dépendant à la fois de notre mémoire et de notre patience, ce qui est devenu rare dans les jeux modernes, qui nous prennent souvent par la main. Pour sa part votre Humble Narrateur aime bien pouvoir se référer à une carte dans un jeu de ce genre, mais il faut aussi reconnaître que Owlboy n’est pas d’une complexité colossale en termes de labyrinthes, contrairement à certains titres semblables (passés comme présents), donc finalement on retrouve rapidement son chemin, parfois par hasard, certes, sans tourner en rond pendant des heures de frustration. Par contre, on aurait aimé une petite indication-rappel sur quoi faire ensuite, parce que là, si vous arrêtez de jouer pendant une semaine, vous risquez de ramer un peu pour vous remémorer où aller. Passons, ce sont quelques petits détails sans importance, mais ils méritaient d’être évoqués.
Mis à part ça, on a affaire à quoi ? Hé bien, à un jeu reposant (pas toujours, les boss fights peuvent s’avérer bien velus), onirique, aérien, où le ciel et les nuages auront la part belle. Ce qui ne vous empêchera pas de vous coltiner quelques temples étriqués où les puzzles et énigmes viendront entraver votre avancée. Mais globalement on est sur du calme, relaxant, où il fera plaisir de suivre l’histoire sans devoir bastonner tous les 5 mètres. On parlait de platformer plus haut ? Owlboy est plus que ça, et sait mixer tous ses ingrédients pour une alchimie homogène et harmonieuse. Quels ingrédients ? Hé bien, vous aurez droit à un platformer comme on l’a dit éthéré, couplé avec un peu d’infiltration sympathique et des séances de simili-shoot’em up qui conviennent parfaitement à l’esprit très aérien du jeu.
Good ol’boy
Le tout, encore une fois, sans transition et amené de manière très fluide ; parfois on ne se rend compte qu’on était dans un donjon que lorsqu’une série d’énigmes ou un boss vient nous râper les raisins. Beau boulot de cohésion du level-design. Ceci étant statué, ne croyez tout de même pas que Owlboy est un jeu mou du genou et que vous allez vouloir piquer du nez au bout de 5mn. Même si les ennemis sont moins envahissants que dans d’autres titres, certains combats vous demanderont de la vivacité et de la jugeote afin de faire le meilleur usage possible des compétences qui s’offrent à vous, donc ne pensez pas vous promener tout du long, le die and retry sera parfois de mise. Certains retournements de situation inattendus suivis d’action intense pourraient bien vous surprendre. Et nous conclurons l’aperçu de cet excellent titre par un peu de technique.
Certes, le pixel-art est devenu une mode ces derniers temps, parfois jusqu’au trop-plein, mais en l’occurrence, il s’avère de très bonne facture, avec ses cieux nuageux colorés et ses personnages attachants. La musique, qui sait se faire tantôt délicate, tantôt épique, tantôt presque absente en fonction de la situation, est un véritable délice pour l’oreille, et évoquera même des oeuvres de l’animation japonaise par moments, telles que celles de Miyazaki pour n’en citer qu’un. Enfin, si l’animation se montre volontairement un peu saccadée pour rappeler le bon vieux temps, ce n’est évidemment en rien au détriment du confort de gameplay, très bien pensé comme on l’a vu plus haut. De la belle oeuvre que ce Owlboy… Ha, et au fait, si vous êtes allergique à l’anglais ; le jeu bénéficie d’une traduction de ses dialogues en français impeccable…
Conclusion Owlboy
Owlboy est à la fois proche et très éloigné des autres productions du genre. Proche dans l’aspect visuel retro ainsi que dans son esprit global, mais éloigné du fait de ce gameplay axé sur le vol, qui permet souvent un level-design tout en verticalité. Résultat ? Une sensation de liberté que ne proposent pas souvent les platformers 2D, accompagnée par une impression de calme et par une musique envoûtante. Si le neo-retro ne vous hérisse pas le poil, vous serez comblé par ce joli jeu onirique et très efficacement conçu. Poétique et lovely. Voyez plutôt…