Si on observe la tendance, malgré sa popularité indiscutable, la série démarrée par Game Freak en 1996 (au Japon) est de plus en plus souvent la cible d’insultes de la part de sa communauté. En même temps, alors que notre média ne cesse d’évoluer et que chacun se veut de plus en plus spécialiste, il commence à devenir difficile de trouver un équilibre entre les différentes parties qui existent autour des jeux.
Naturellement, la série étouffe, prise entre deux camps, celui du studio qui veut maintenir ses ambitions au minimum et donc recycle son propre patrimoine (scénario répétitif, économie de moyens et de développement, etc.) et une clientèle elle-même scindée en deux entre partisans du « c’était mieux avant » et ceux qui veulent « plus de 3D, plus de HD, plus de monde ouvert »…
Dans la nature des choses, ce mécontentement engendre du vide, un vide qui crée une demande et à laquelle il ne reste qu’à proposer de l’offre. Et de l’offre, aujourd’hui, nous n’en manquons pas. Si on comptera notamment dans le camp des opposants de vieux rivaux comme les Digimons, de nouvelles bestioles continuent d’apparaître années après années pour subtiliser la place du champion, des rivaux comme Yo-Kai Watch, Temtem et d’innombrables noms sur une liste qui n’a de cesse de s’allonger et dont le but est de prendre ce que Pokémon ne sait pas/plus faire : la magie du « à l’ancienne » ou les innovations auxquelles la série ne veut pas se frotter.
Depuis le 28 août, on peut compter parmi elles un autre challenger sur consoles nommé Nexomon: Extinction. Nous précisons bien « sur consoles », car la licence n’est pas vraiment inconnue. Effectivement, il existe sur mobiles et PC un premier volet de ce jeu qui, loin d’être exempt de défauts, constitue un bon palliatif à l’absence de RPG Pokémon sur ces supports et dont Extinction est le successeur.
Cependant, plutôt que de rester cloisonné à ces supports, VEWO Interactive (son studio), épaulé par PQube (son éditeur), se sent pousser des ailes et a décidé de tenter une nouvelle carrière sur consoles.
Donc, avant de prendre les traits d’un nouveau gamin en quête d’aventure dans un monde peuplé de bestioles mignonnes et farfelues, posons-nous les questions suivantes : À quel point Nexomon: Extinction ressemble et se démarque du roi Pikachu ? Constitue-t-il un Pokémon-like de choix pour les joueurs ne possédant pas de Nintendo Switch ? Notre avis sans langue de bois !
(Test de Nexomon: Extinction sur Nintendo Switch réalisé à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Bienvenue dans le monde des Pokém Nexomon
Nous aurions voulu vous proposer un test dans lequel on ne passerait pas notre temps à comparer Nexomon: Extinction à la série Pokémon, mais, soyons honnête, ça va être difficile. Pourquoi ? Parce que VEWO Interactive s’est beaucoup « inspiré » de la licence en question.
Forcément, vous imaginez bien que l’histoire ne diffère que très peu. Une fois encore, vous êtes un jeune personnage tout juste en âge de posséder votre licence de dresseur/membre de guilde et vous parcourez le monde à la recherche de bestioles à entraîner, d’un glossaire à remplir et de quêtes à terminer. Seulement, là encore, un petit twist.
Comme dans le premier épisode de Pokémon, une ombre étrange plane sur celui des Nexomon : l’ombre de la guerre ! Une guerre millénaire même puisqu’elle remonte au premier Nexomon. Après la défaite d’Omnicron, le roi des bestioles, un vide s’est créé et les Nexomon restants ont décidé de s’affronter pour prendre le poste maintenant vacant.
Naturellement, à force d’affrontements, certains ont fini par tellement évoluer qu’ils sont devenus des Tyrans, des monstres surpuissants et plus intelligents que la moyenne et complètement autonomes (ou presque). Pour les calmer, un espoir : un œuf qui vous est remis et qui contiendrait le Tyran de lumière, un Tyran si puissant qu’il pourrait résoudre la crise ou réduire l’humanité à l’extinction (aaaah, mais c’est pour ça le titre !).
On peut le dire, sur le fond, c’est pas loin d’être du Pokémon, mais sur la forme, on donnera quelques points au challenger pour tenter de se démarquer de son « inspiration » (oui, parce qu’on est quand même toujours pas loin du plagiat, là). Effectivement, tout repose ici sur le ton pris et c’est celui de l’auto-dérision, voire même de la moquerie.
L’écriture dans Nexomon: Extinction est vraiment très rafraîchissante, déjà parce qu’elle nous permet de démarrer notre aventure au bout de deux minutes, mais aussi parce que tous les faux-pas de Pokémon sur le plan éthique (une aventure prenant comme thème principal l’amitié et présentant un enfant qui affronte la pègre, un monde construit sur l’exploitation d’animaux, des bestioles qu’on force à s’entretuer pour de l’argent, etc.) sont pointés du doigt. On vous passe le couplet sur les PNJs chelous et votre accompagnateur Coco, mais, pour faire court, on n’a jamais autant ri de bon cœur dans Pokémon.
Je te choisis
Bien entendu, s’il est possible d’ignorer totalement l’histoire quand on joue à Pokémon, c’est moins le cas des combats. Sans surprise, c’est également le cas dans Nexomon: Extinction. Comme pour la série de Game Freak, les combats se déroulent comme dans un RPG, au tour par tour et n’opposent les monstres qu’un par un. Il vous suffit de choisir parmi quatre compétences afin de faire déchaîner votre monstre sur l’autre tout en vous préparant à encaisser une attaque. Seulement, à la différence de la série qu’on ne cesse de citer, Nexomon: Extinction fait 2-3 choses un peu différemment.
Tout d’abord, dans ce titre, les affrontements sont nettement moins stratégiques. Si Pokémon dispose de dix-huit types, certains ayant plus ou moins d’avantages et de faiblesses, ici, il y en a deux fois moins (oui, neuf). Pour équilibrer l’ensemble, chacun de ses types a l’avantage face à deux types (sauf le type normal) et un désavantage face à deux autres (le type normal aussi…).
On notera aussi que, même si parmi les 380 monstres disponibles certains utilisent des attaques de type différent du leur, ils ne disposent que d’un type principal, ce dernier ne semblant pas influer sur les dégâts infligés (comme le bonus de STAB dans Pokémon).
Inutile de préciser que vous ne pourrez pas influencer la versatilité de vos monstres en leur apprenant des compétences autres que celles présentes dans leurs arbres de progression, hein ? Pas de CT ici, à vous de découvrir les monstres avec lesquels vous serez à l’aise.
Et pour ça, rien de mieux que de mettre à l’épreuve leurs points de statistiques et les nombreux effets de leurs compétences. Oui, étrangement, les monstres, statistiquement, ne se distinguent que très peu les uns des autres, les compétences se chargent de ça. Chaque attaque vient avec ses propres statistiques influençant dégâts, taux de critique, vitesse…
Bien entendu, il existe des compétences visant à augmenter les statistiques de vos monstres ou à réduire celles des opposants, mais bien moins nombreuses que dans Pokémon. Là où le titre se distingue à nouveau, c’est dans la manière d’utiliser les sorts. Chaque compétence puise dans une jauge d’énergie qui, une fois vide, vous force à vous reposer pour en regagner un peu. Il vous faudra donc jongler entre vos monstres pour mener à bien les combats les plus ardus.
Enfin, difficile de passer outre le concept de capture. Dans Nexomon: Extinction, la capture s’opère différemment. Si dans Pokémon, les facteurs principaux sont les choix des balles et le contexte (temps, type ou masse de l’ennemi), l’efficacité des Nexotraps (ça se passe de commentaire) repose sur le nombre de points de vie de votre adversaire, s’il est affecté par des altérations d’état, et les aliments choisis pour nourrir le monstre à capturer.
Effectivement, chaque Nexomon aime un certain type de nourriture, les nourrir de tels aliments augmente vos chances de capture. Ajoutons qu’il existe des pièges spécifiques à différents types et qu’une option existe même pour les fabriquer moyennant ressources.
Le dernier clou
Si nous devions décrire notre ressenti premier face à Nexomon: Extinction, manette en main, c’est un curieux sentiment entre familiarité et surprise et c’est probablement une de ses forces, mais également une de ses faiblesses puisque toutes les surprises ne sont pas bonnes.
En vérité, le titre manque franchement de clarté. Le jeu ressemble tellement à Pokémon qu’en l’absence d’explications claires, on se retrouve à deviner. Hors, il ne précise rien : les avantages et les faiblesses de monstres ne sont jamais introduits (et sont parfois complètement différents de ceux de Pokémon), les afflictions d’état ne sont pas présentées… Des soucis qui n’aident ni à la prise en main, ni à la formation de votre équipe de combat et qui peuvent s’avérer frustrants.
Cependant, ce manque d’explications est un choix, un choix effectué en faveur des joueurs, mais qui les dessert sur certains points. Sur d’autres, il est clairement une force, car, grâce à lui, le soft en devient une ode à l’exploration et à la découverte. Puisqu’il vous laisse tâter votre chemin dans son monde, il vous permet de le découvrir, d’en rencontrer les habitants et d’en comprendre les règles par vous-même.
Des quêtes vous sont présentées ? Libres à vous de les suivre ! Vous avez envie de découvrir de nouveaux lieux et de nouveaux monstres plutôt que suivre l’histoire ? C’est votre choix, prenez donc une autre route ! Il en résulte un certain sentiment de liberté qu’on ne retrouve plus dans Pokémon, une liberté que le jeu épouse clairement d’ailleurs puisque les monstres et les dresseurs progressent à votre rythme.
En revanche, côté abonné absent, difficile de pardonner à Nexomon: Extinction son absence totale de mode multijoueur. Ici, inutile de chercher un moyen d’alpaguer un de vos potes à faire l’aventure en parallèle de la vôtre, il n’y a absolument aucun mode multi. Pas d’échange, pas de combat.
Vous êtes seul dans une aventure à apprécier en solo. Dommage, parce qu’il aurait été bienvenu de pouvoir partager ses progrès avec ses amis ou de disposer d’un moyen d’obtenir auprès d’autres les quelques monstres qui nous manquent en fin de partie.
On râlera une dernière fois en ajoutant que certains autres défauts subsistent comme le prix des Nexotraps qui force le joueur à farmer à la recherche d’argent lors de ses premières heures, l’interface utilisateur au fraise (sérieux, on ne peut pas changer l’ordre des attaques ou rechercher des monstres particuliers dans le glossaire) et d’autres aspects mineurs.
Seulement, il est possible que ces points soient sujets à changements étant donné qu’une première mise à jour a affiné certains aspects déjà (ça justifie aussi un peu notre retard pour ce test).
Nexomon: Extinction a beau ne pas être parfait, les Pokéfans en manque peuvent se plonger dans le titre sans sourciller. S’il n’est pas exempt de défauts, les pires étant les trop nombreux allers-retours pour aller se soigner, l’absence totale de multijoueur et l’aspect stratégique amoindri, le titre s’impose de prime abord comme un placebo de choix pour les joueurs sur tout support et ce, à un prix abordable.
Si ses inspirations sont fortes, il ne se targue pas moins d’une identité propre, d’un rythme soutenu et d’un charme indéniable. Une fois la comparaison terminée, il reste l’exploration, une carte assez grande et variée, sans entrave ou presque, remplie de monstres divers et variés qui s’offre aux joueurs de toutes trempes pour un peu plus d’une trentaine d’heures à découvrir à votre rythme.