Nous ne vous cachions pas notre déception lors du test de l’opus Payback en 2017, et c’est naturellement avec une certaine appréhension que nous attaquions le test de Need for Speed Heat. Mais comme le dit l’adage, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et justement, à quelques jours de la sortie, les multiples vidéos faisant la démonstration des éléments de personnalisation, réussissaient à raviser légèrement la flamme que nous avions crue éteinte.
Cependant nous ne sommes pas né de la dernière pluie, et il en fallait bien plus pour nous faire reprendre plaisir derrière le volant. Need for Speed Heat et son ambiance flics/voyous a-t-il réussi grâce à sa bipolarité jour/nuit, à nous faire garder le pied au plancher, ou est-ce les deux pieds sur le frein que nous avons dû tester ce nouveau titre de la franchise ?
(Test de Need for Speed Heat réalisé sur PlayStation 4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Need for Speed Heat ou la réminiscence des Hot Pursuit
Sortant notre test après tout le monde, nous avons eu le temps de voir passer pas mal d’avis, qu’ils proviennent de la presse spécialisée ou des joueurs. Et dans la plupart des cas, Need for Speed Heat était pointé du doigt comme étant au moins, voire plus mauvais encore que Payback. Pour autant, vous allez le voir, nous avons vraiment bien aimé Heat, pour un tas de raisons, et ce malgré les défauts évidents, et surtout récurrents, que l’on retrouve encore une fois dans cet opus.
Need for Speed Heat ne cherche toujours pas à nous surprendre par son scénario, mais allez savoir pourquoi, l’ambiance flics contre voyous a provoqué son petit effet madeleine de Proust… Sans doute la nostalgie d’une période adolescente passée sur Hot Pursuit 2. Enfin bref, pour vous la faire courte, vous débarquez dans une ville où les rodéos nocturnes sont monnaie courante, et on vous le donne en mille, la police ne voit pas vraiment ça d’un très bon oeil. Le seul petit hic, c’est que la plupart des flics de la ville sont corrompus, et chassent les pilotes dans notre genre dans le but de faire du trafic de pièces détachées. Comme vous pouvez le voir ça ne vole pas haut sur le papier, mais dans les faits, il n’en fallait pas plus pour créer une ambiance de folie.
Par contre, très clairement, on repassera sur la VF qui est complètement manquée, et on se demande vraiment ce qui a bien pu arriver pour rater le doublage à ce point-là, alors que Payback avait au moins pour lui un superbe casting vocal pour la VF, avec des doubleurs très connus, dont Donald Reignoux (Kingdom Hearts, Overwatch). Avec Need for Speed Heat malheureusement, on redescend plusieurs crans en-dessous, et ça fait un peu mal. Heureusement quelque acteurs sauvent le truc, notamment du côté des forces de l’ordre. Car ce n’est très clairement pas le « héros » qui va sauver quoi que ce soit avec sa voie blasée que l’on confondrait parfois avec le robot de Google traduction. Nous avions choisi un homme comme personnage, mais on vous laissera à l’envie essayer de prendre une femme, afin de voir si son doublage se révèle de meilleure facture.
Suite au choix de votre personnage, vous serez propulsé dans la ville de Palm City, qui s’inspire très clairement de Miami en Floride, et sans même y avoir joué, si vous êtes un peu amateur de NBA, le sous-titre Heat vous aura certainement mis la puce à l’oreille. Alors on a tous en tête les séries américaines se passant à Miami, avec des gens tout le temps en sueur, les auréoles sous les bras, et la lèvre supérieure constamment humide. Eh bien oubliez tout ça, Need for Speed Heat a décidé de créer son propre microclimat dans le seul but de rendre le jeu plus « esthétique ».
Dans la ville de Palm City il pleut 80% du temps, mais pour autant, le ciel est bleu là aussi 80% du temps, cherchez l’erreur. Bon, on le comprend bien, ils ont mis le paquet sur les reflets, alors ils veulent booster ça à mort, mais à un moment donné ça en devient un peu ridicule de pousser l’incohérence à ce point. Ce n’est pas un défaut majeur, il ne vous fera pas moins vous amuser, mais quand même, il fallait bien le mentionner, tant cela nous a sauté aux yeux.
Même si la météo n’en fait qu’à sa tête donnant lieu à certaines aberrations, il faut bien avouer que la pluie apporte tout de suite un aspect esthétique beaucoup plus intéressant. Le jeu n’est d’ailleurs jamais aussi beau que lorsque l’on joue de nuit, ou qu’un énorme orage se profile à l’horizon. Cela n’en fait pas le plus beau jeu de caisse existant non plus (coucou GT Sport), mais cela est largement satisfaisant, qu’il s’agisse de la modélisation des voitures ou des environnements.
Cependant, si vous êtes déjà passé un peu sur les critiques depuis la sortie du jeu, vous avez dû vous rendre compte que l’une de celles qui ressortaient le plus, c’était le manque de vie dans la ville de Palm City. Et nous allons aller à contre-courant de ce constat car nous sommes tout simplement dans Need for Speed Heat et pas dans un GTA, ni dans une simulation quelconque.
La circulation n’est pas trop dense, et c’est tant mieux, car après 25 heures de jeu, on trouve que le dosage des autres véhicules sur la route est le bon. Moins, ça aurait fait vraiment tache, et plus, ça nous aurait fait pester contre le jeu. Nous sommes dans un jeu d’arcade où l’on modifie des voitures au delà de toutes les limites imaginables pour aller le plus vite possible. Quel aurait donc été l’intérêt de nous plomber le plaisir de la vitesse, en nous faisant ralentir trop souvent, en intégrant une circulation trop dense ? Pour nous, la réponse est : aucun.
Encore une fois la customisation ne déçoit pas
D’ailleurs, si c’est de la vie que vous voulez, vous avez la possibilité de jouer avec le mode en ligne activé, afin d’avoir d’autres joueurs qui viennent semer le chaos dans votre session. Nous avons commencé le jeu hors ligne pour nous familiariser avec ce dernier, puis nous sommes passé en ligne après une petite dizaine d’heures. La différence est flagrante, et notamment la nuit, lorsque les flics ne sont plus au café du coin en train de se bâfrer de donuts, mais dans votre rétroviseur à vous chasser façon « Shérif, fait moi peur ».
Ce qui nous permet donc d’amorcer la présentation du très gros point fort du jeu, à savoir, sa bipolarité jour/nuit. Pour vous résumer ça simplement, le jour vous allez participer à des courses officielles et réglementées, ce qui va vous permettre de gagner de l’argent pour vous payer des caisses ou des pièces. Mais pour débloquer ces éléments, vous allez devoir gagner régulièrement en niveau, et votre niveau augmente en fonction des points d’expérience que vous allez glaner la nuit dans des courses illégales.
Dans les deux cas, ce sont donc les courses qui vont vous permettre de remporter soit de l’argent, soit de l’expérience. Sauf que la nuit tous les flics sont de sortie et que si vous vous faites arrêter, vous y perdrez pas mal du pognon que vous aviez en poche. Un peu à la façon d’un Dark Souls, sauf que là vous ne pourrez pas revenir sur place pour tenter de récupérer les brouzoufs que vous aurez perdus.
Mais qui dit risque élevé, dit aussi récompense à la hauteur. Un indice de recherche grimpera au fur et à mesure de la nuit, synonyme de coefficient multiplicateur de l’expérience engendrée. Plus vous allez faire grimper l’indice, et plus les flics seront méchants avec vous, vous collant au train avec de meilleures caisses, de meilleurs équipements, etc. Et vous allez le voir, l’IA des flics est peut-être débile, voire complètement abrutie sur les bords, mais c’est justement ce qui va la rendre oppressante, son seul but étant de détruire votre bolide à tout prix. Il faudra donc faire bien attention à la santé mécanique de votre engin, car pendant la nuit vous n’avez droit qu’à deux réparations en passant par les stations-service réparties dans Palm City. Passé ce quota, si votre voiture n’est plus en état, vous serez arrêté.
Heureusement vous pouvez semer les flics, surtout quand l’indice n’est pas trop élevé (entre 1 et 3), mais si vous commencez à jouer avec le feu, il faudra vraiment vous accrocher si vous voulez vous en sortir, et user d’ingéniosité, mais aussi d’équipements spéciaux dont vous allez pouvoir équiper votre voiture contre de l’argent. On parle ici de brouilleurs radar, ou encore de pneus anti-crevaison pour contrer les herses. L’indice le plus élevé auquel vous pourrez être confronté sera 5, et pour le moment lorsque nous sommes monté aussi haut, la police nous a le plus souvent dominé.
Mais si vous arrivez à passer une nuit à faire quelques courses, tout en semant les flics avec un indice élevé, autant vous dire que votre niveau montera en flèche. Toute la subtilité résidant dans le fait de ne pas être trop gourmand, surtout au début du jeu, ou alors de passer en mode nuit avec un porte-monnaie vide, histoire de jouer en n’ayant absolument rien à perdre.
Le passage du jour à la nuit se fait d’ailleurs très simplement, en vous rendant dans l’un des différents garages dispersés dans la ville. Il n’y a que la nuit, si vous êtes poursuivi par la police, que vous devrez d’abord semer vos poursuivants, avant de pouvoir rejoindre un garage afin de mettre fin à votre virée nocturne, histoire de récupérer vos points d’expérience durement glanés. C’est bien simple, nous avons tout simplement adoré cette mécanique jour/nuit, avec quelques courses et des emplettes la journée, et des courses-poursuite grisantes à souhait la nuit. Une ambiance qui nous a beaucoup plus touché que celle de Payback, quand bien même ce dernier avait pour lui une meilleure mise en scène.
Autre point fort du jeu, la customisation toujours plus poussée, qui vous permettra de modifier près de 150 bolides. Comme toujours certains sont moins modifiables que d’autres, surement rapport à ce que les marques sont capables d’accepter ou non, et vous pourrez vous référer à un indice allant de 1 à 10, qui vous permettra de savoir d’un simple coup d’oeil, les voitures modifiables à l’extrême.
Mais c’est une fois sur la route qu’un jeu d’arcade doit vraiment faire ses preuves, car c’est bien beau de pouvoir se faire une caisse du feu de Dieu, sauf que si la conduite est à *****, vous regretterez très vite d’avoir passé 2 heures à préparer la caisse de vos rêves. Fort heureusement, la conduite n’est pas bâclée. Perfectible, certes, mais offrant tout de même pas mal de sensations et de répondant.
Tout d’abord le ressenti de la vitesse est comme souvent dans les NFS, très bien rendu. Les voitures deviennent rapidement surpuissantes, et ça se ressent parfaitement sur la route. Après tout, ça aurait été dommage de se louper sur ce point, alors qu’une grande partie du plaisir de jeu vient justement de la jubilation que l’on a à se frayer un chemin dans le trafic lors des courses-poursuite, en allant toujours plus vite. On est ici sur de l’arcade, alors ne cherchez absolument pas du réalisme, le but c’est d’utiliser le frein le moins souvent possible, et seul le frein à main serra conseillé lors d’épingles très serrées.
Dans Need for Speed Heat, ce n’est pas la voiture qui détermine son type de conduite, mais la préparation que vous en faites. Il vous est alors possible de préparer toutes les voitures pour en faire des caisses de drift, de course, de tout-terrain, etc. Il suffit alors d’équiper votre bolide des pièces drift pour changer complètement son comportement sur la route. Cela est très intéressant car cela vous permet de garder une même caisse et de la modifier au max du début à la fin du scénario. Ce qui veut dire pas de temps mort, ou vous allez devoir farmer de l’argent pour pouvoir booster une autre caisse tout juste acquise car vous devrez participer à une épreuve de drift, et que vous n’avez malheureusement pas la voiture pour le faire. Là vous avez besoin de faire du drift, pas de souci, un petit tour au garage, on achète quelques pièces et c’est parti.
Le seul petit bémol réside en deux points. Le premier, c’est que l’on ne nous explique pas du tout comment changer la gestion des dérapages, ce n’est que plusieurs heures plus tard que l’on a découvert qu’il fallait utiliser un menu spécifique pour cela. De base pour amorcer un dérapage le jeu nous demande de relâcher puis de relancer l’accélération tout en tournant. Dans notre cas, ce n’était clairement pas intuitif, et l’on était plutôt déçu de ne pas pouvoir jouer autrement.
Finalement après quelques heures, nous sommes tombé sur un menu affichable via la croix directionnelle, et qui permet de gérer l’amorce des dérapages non pas avec l’accélérateur, mais avec le frein. Le second point qui nous a fait tiquer, c’est que quoi que vous fassiez, Need for Speed Heat restera toujours un jeu à la conduite portée sur le dérapage, même si vous décidez de créer un voiture full course. Vous aurez beau tenter de rouler proprement et de bien prendre vos courbes, vous n’y couperez pas, il faudra déraper à un moment ou un autre, au moins un petit peu. Ce n’est évidement pas un souci majeur dans un jeu d’arcade, mais nous aurions réellement aimé pouvoir jouer d’une manière plus scotchée au sol, si l’envie nous prenait.
Need for Speed Heat nous faisait peur à l’approche de sa sortie, la faute à un Payback que nous avions trouvé vraiment ennuyeux. Mais comme quoi, toutes les franchises à succès peuvent finalement se remettre sur les bons rails et c’est le cas de ce nouvel opus.
Malgré une mise en scène un peu laborieuse, un scénario tout juste passable, et une VF abominable, c’est surtout dans son ambiance et son gameplay qu’il sait raccrocher les wagons, et nous offrir une expérience addictive et terriblement grisante grâce à cette merveilleuse dualité jour/nuit qui fait mouche de bout en bout. Pas le meilleur de la franchise, mais un opus qui ne manquera pas de vous apporter le fun attendu dans un jeu de course arcade.