Depuis quelques années et l’abandon de NBA Live par Electronic Arts, NBA 2K reste seul maître dans le domaine de la simulation de basket-ball. À une époque où la ligue de basket nord-américaine est au top de sa popularité aux quatre coins du monde, chaque nouvelle version de la franchise est attendue comme le Graal vidéoludique par les amateurs de la balle orange. Cette année, avec la première place de Victor Wembanyama à la draft, la France occupe forcément une place particulière dans la dernière itération du jeu, NBA 2K24.
Malheureusement, après avoir atteint des sommets, la saga se repose tranquillement sur ses lauriers depuis quelques années, avec peu de nouveautés, un gameplay sans évolution, et une fâcheuse tendance à se rapprocher d’un pay-to-win dans ses modes multijoueurs.
Malgré tout, à chaque année sa chance, et il est temps de nous faire notre propre avis. NBA 2K24 parvient-il à faire souffler un nouveau vent de fraîcheur sur la saga ou n’est-il qu’une simple mise à jour de ses versions précédentes ? En toute transparence, sachez que la personne derrière ces lignes n’avait pas joué à NBA 2K23, mais connaît bien la franchise pour y avoir joué durant de nombreuses années. Il ne s’agira donc pas là de comparer le jeu à sa version précédente, mais bien de juger NBA 2K24 pour ce qu’il propose en tant que tel.
(Test de NBA 2K24 réalisée sur PlayStation 5 à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Un contenu gigantesque
La NBA est à l’image de la société américaine et de sa démesure. Plus qu’une simple ligue sportive, c’est une machine de guerre calibrée pour rapporter des millions en développant son image de marque à travers le monde. Et ça, 2K l’a parfaitement compris. Dès le lancement du jeu, et passé le sublime générique hommage à Kobe Bryant, il est temps d’entrer dans le vif du sujet.
Et quand on parle du vif du sujet, ce n’est malheureusement pas encore de basket dont il est question. Eh oui, on vient de vous le dire, la NBA, ce n’est pas que du basket, c’est une culture. La bande-son résolument orientée R’n’B permet de se mettre directement dans l’ambiance, et hormis deux ou trois morceaux plus rock, elle ne nous quittera pas tout au long de notre aventure.
Si vous n’êtes pas habitué à NBA 2K et au monde de la NBA, soyons honnêtes, se retrouver dans les menus n’est pas chose aisée. Surchargés de couleurs et d’encarts publicitaires mettant en avant les promotions et les cartes à gagner du moment, il est vraiment compliqué de comprendre tout ce qui se passe sous nos yeux, et on comprend rapidement que l’aspect mercantile du titre nous suivra, tapi dans l’ombre.
Mais tout ceci ne sert pas à rien, fort heureusement ! Passé ce temps d’adaptation, bienvenue dans un monde au contenu exceptionnellement large, le monde de NBA 2K24. C’est bien simple, il y a tellement de choses à faire que la quinzaine d’heures de jeu passées sur le titre pour notre critique ne nous ont permis que d’effleurer son potentiel.
Mention spéciale aux exceptionnels Mamba Moments. Ces minis-défis permettent de revivre les moments iconiques de la carrière de Kobe Bryant sous le maillot des Los Angeles Lakers. Records à trois points, records de points, moments clutchs, tout y passe, et on s’y croirait. Que l’on apprécie ou pas le Black Mamba, difficile de rester insensible à ces moments d’anthologie, parfaitement retranscrits par le très beau moteur graphique de NBA 2K24. Comme souvent, le jeu joue la carte de l’immersion, et c’est parfait. Jouer un match en 2001 à Sacramento ou en 2015 à New York paraît réellement différent. Le grain de la caméra, l’habillage des chaînes de télévision d’époque, les coupes de cheveux à l’ancienne… rien n’est laissé au hasard.
Les NBA Eras, permettant de débuter une carrière à une autre époque, se basent justement sur cette prouesse technique. Le plaisir de participer à la rivalité entre les Lakers de Magic Johnson et les Celtics de Larry Bird est réel. À vous de réécrire cette histoire, votre histoire.
Et le basket dans tout ça ?
NBA 2K24 est tellement dense qu’il en oublie parfois le principal, à savoir nous amener sur le parquet pour jouer au basket. Le jeu est bavard, que ce soit dans le mode carrière, qui nous amène à arpenter une ville à la GTA (les délits en moins) et à croiser de nombreux personnages, que dans ses avant-matchs et après-matchs. On cherche clairement à nous en mettre plein la vue, avec de nombreuses cinématiques ou images d’archives. C’est très beau, mais on frôle parfois l’overdose, surtout lorsqu’on n’a qu’une petite demi-heure devant nous pour jouer et que l’on perd de longues minutes dans les à-cotés.
Mais lorsqu’on arrive dans une salle ou sur un terrain de street, tout est presque pardonné. NBA 2K nous rappelle rapidement comment il est devenu la référence qu’il est aujourd’hui. Le jeu est fluide, les animations des joueurs sont splendides, et l’aspect tactique est exceptionnellement développé.
La motion capture est encore poussée à un niveau supérieur. Si vous suivez la NBA, vous reconnaîtrez sans problème les moves et célébrations des plus grandes stars de la ligue. La mécanique de tir du dernier MVP des finales Nikola Jokic, les pieds dans le ciment, est parfaite, et on se demande même si une amélioration est encore possible dans le futur du point de vue des animations et de la modélisation.
En tant que grand fan des 76ers de Philadelphie, votre humble serviteur en a pris plein les yeux. Entre les provocations de Joel Embiid, la popote de James Harden et les floaters de Tyrese Maxey, impossible de ne pas se régaler devant ce qui se fait de plus réaliste en termes de basketball virtuel à l’heure actuelle. On reconnaît même les voix des speakers officiels des trente salles de la NBA. Le soucis du détail à son paroxysme.
Mais si on prend le temps d’analyser un peu plus le gameplay de NBA 2K24, on se rend compte qu’il s’agit d’un jeu pour initiés. Pour l’avoir fait tester à des gens qui ne connaissent pas bien le jeu vidéo, puis à des personnes n’ayant pas une grande connaissance du basket, le couperet est vite tombé : impossible de prendre du plaisir.
Pourquoi ? Parce que le jeu nous lâche directement dans le grand bain. Le peu de didacticiels proposés ne consiste qu’en des exercices à répéter dans un gymnase vide. Tellement important dans la vie d’un vrai sportif, mais tellement ennuyeux dans celle d’un joueur de jeux vidéo. Si vous décidez de partir directement à l’assaut d’une carrière, d’un mode en ligne ou autres, préparez-vous à un long et douloureux apprentissage. Pour certains, c’est une preuve de réalisme, pour d’autres, un manque d’adaptation aux nouveaux joueurs. Choisissez votre camp.
La NBA ou le règne de l’argent
Depuis quelques années, NBA 2K est vertement critiqué pour son mode multijoueur. Très proche dans le concept du mode Ultimate Team de feu FIFA, il est basé sur le développement d’un effectif à base de cartes, que le joueur peut gagner en remportant des matchs ou des défis, ou acheter au moyen d’argent virtuel ou réel. Au programme des festivités, des 3vs3, des matchs sur playgrounds ou encore de vraies rencontres de basketball. Le tout contre d’autres joueurs issus des quatre coins du monde, et pour la première fois en cross-play.
Comme expliqué plus haut, ce mode MyTeam est clairement mis en avant par le studio. Deux raisons principales : il est clairement addictif, et il est le seul permettant des achats in-game avec le mode carrière. Ne nous le cachons pas, notre relation avec ce mode de jeu a parfois frôlé la toxicité. Voyez plutôt.
À votre arrivée, vous débuterez logiquement avec une équipe très moyenne. Certes, des stars NBA du présent ou du passé comme Lebron James ou Derek Fisher vous donneront l’impression d’avoir une équipe compétitive, mais tout n’est qu’illusion. Enchaînant les défaites, parfois larges, il est vite devenu temps de se poser des questions sur le modèle NBA 2K. Suis-je si mauvais que ça ? Et surtout, après seulement quelques jours d’exploitation, comment est-il possible que certaines équipes soient déjà composées de Stephen Curry, Lebron James et Giannis Antetokounmpo ?
Il n’y a que deux possibilités. Jouer, jouer et rejouer pendant des heures, ou passer à la caisse. Nous en parlions dans l’introduction, mais la confirmation n’a pas vraiment attendu. Difficile d’être compétitif en ligne sans dépenser de l’argent supplémentaire. Plus triste encore, sans être compétitif, difficile de prendre du plaisir sur les parquets.
Et quelle déception d’assister à ces matchs en ligne devenus pour la plupart des caricatures de basket. De la simulation à l’arcade, il n’y a qu’un pas, qui est donc franchi lorsqu’on accède au mode multijoueur de NBA 2K24. Les rencontres se sont rapidement transformées en concours de dunks ou en concours de tirs à trois points, loin du réalisme ambitionné dans les autres modes de jeu du titre. Mais est-ce si important quand l’argent remplit les caisses ?
Il n’est pas encore né celui qui détrônera NBA 2K. Disponible depuis le 8 septembre sur PlayStation 4 et PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series, PC et Switch, NBA 2K24 perpétue la tradition de la saga en proposant un contenu gigantesque dans un écrin d’excellente qualité.
Malgré tout, difficile de ressortir complètement convaincu de l’aventure, qui propose quelques zones d’ombres non négligeables pour un titre de cette ampleur. En tête de liste, cette désagréable impression d’être pris pour une vache à lait, encore amplifiée par la création d’un système de season pass. Que cette mode s’arrête vite, car elle est en train de transformer la simulation sportive en jeu de cartes à jouer à collectionner. Si certains sont prêts pour cette mutation, ce n’est clairement pas notre cas.
C’est d’autant plus rageant que NBA 2K24 propose des modes solos de grande qualité qui à eux seuls auraient suffi à en faire un très grand jeu de basket. Mais il faut croire que quand on pactise avec cette forme de diable qu’est la NBA, l’appât du gain n’est jamais loin.