Le temps est cruel. Vous ne trouvez pas ? On a probablement tous des milliers d’exemples à donner pour justifier ce point, donc on le redit : le temps est cruel. Cruel, il l’a aussi été avec Monster Hunter Stories. Et pourtant, ce spin-off sorti sur 3DS était très bien, mais le timing ne jouait vraiment pas en sa faveur. Oui, parce qu’en 2017, déjà, la grande sœur de la 3DS démarrait déjà sa course vers le succès, mais surtout, Monster Hunter n’était pas encore le titan qu’il est aujourd’hui (la popularité de la série ne se confirmant qu’en 2018 avec Monster Hunter World et Iceborne)…
Ceci dit, ce premier volet n’était pas une catastrophe et si les chiffres de vente n’ont pas brillé, le titre s’est tout de même trouvé des fans, saluant la tentative de Capcom de sortir des sentiers battus, d’offrir un autre point de vue sur le monde de Monster Hunter et surtout, de proposer une alternative solide à Pokémon qui semble se noyer un peu plus dans ses gimmicks d’un épisode sur l’autre. À présent, nous sommes en 2021 et les choses ont changé. Monster Hunter est à présent une marque reconnue et Capcom offre un deuxième tour de piste à sa série avec Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin. Sorti sur PC et Nintendo Switch le 9 juillet, cet épisode pose des enjeux clairs : « y a-t-il un avenir pour cette série ?« . Pas sans un grand jeu…
(Test de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin réalisée sur Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Une histoire connue de tous
Si vous jouez à Monster Hunter, ce n’est pas pour son histoire, alors réglons-lui son sort sans plus attendre. Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin repose sur une rengaine vieille de plus de trente ans (dans le gaming, elle l’est bien plus dans les autres formes de fiction), la classique « quête de l’élu ».
Vous y incarnez donc le petit-enfant de Red (héro du premier opus) coulant des jours heureux sur l’archipel de Mahana jusqu’au jour où le Rathalos gardien ainsi que tous ses congénères fuient l’archipel, signe annonciateur d’un avenir funeste. Naturellement, les peuples de l’île, baignés de superstitions, associent ces augures à une légende millénaire : l’apparition d’un Rathalos aux ailes singulières et dont le pouvoir pourrait mettre fin au monde. Il ne manque plus qu’un œuf à cette recette pour que les peuples se déchirent, un œuf qui ne tarde justement pas à tomber dans les mains de notre héros qui devra donc entreprendre un voyage, l’occasion de découvrir d’autres monstres, d’autres décors et d’autres peuples.
Dépaysant ? Pas vraiment… Ceci dit, ce n’est pas parce que c’est un RPG qu’il doit forcément nous surprendre avec des directions originales (regardez Pokémon…). D’autant que, au final, même si les ficelles sont lourdes et qu’elles reposent sur le « pouvoir de l’amitié », en calquant la progression classique d’un shonen, la trame reste simple et agréable et offre un fil conducteur convenu, mais suffisant pour quiconque a besoin d’un peu de matière. Au final, une histoire donc légère avec quelques morceaux de bravoure, mais surtout une progression qui ne tire pas la couverture aux vraies stars de ce titre.
Quitte à vous décevoir, nous ne parlons pas de votre personnage « coquille vide » qui, malgré son héritage familial, ne sert que de trait de colle entre les pages du scénario, ni d’Ena ou de l’insupportable Navirou (même si on notera un effort dans les quelques scènes doublées), mais bien des monstres et des décors… bref, de l’environnement ! Si l’ordre de grandeur n’est pas celui d’un Xenoblade ou d’un Witcher, force est de constater que sa direction artistique colorée, très « anime », complimente les quelques écosystèmes, ainsi que leurs faunes, participant à les rendre plus uniques encore, mais paie également un subtil hommage à plus de vingt ans d’exploration et de chasse avec de nombreuses zones réminiscentes (l’arrivée sur les plateaux d’Alcala <3).
Les mêmes ingrédients dans une recette originale
Si l’histoire de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin reprend peu ou prou le format de celui d’un J-RPG classique, c’est également le cas pour la structure de son gameplay. Dans les faits, une mission scénaristique après l’autre, vous serez amené à traverser les régions de Mahala, en explorer les forêts, vallons et pics enneigés, prétextes à l’affrontement de diverses créatures et au remplissage de sous-quêtes. Mais pas seulement ! Oui, parce que comme dans un Pokémon-like ou un Digimon, le but est de collecter des monstres et d’en monter une équipe (ici, au sens propre et figuré), mais les méthodes pour y arriver sont très différentes.
Si dans les exemples donnés, il suffit d’affaiblir un monstre et de lui lancer une cage pour qu’il devienne votre meilleur ami, pour obtenir de nouveaux Monsties (le nom amical de ces bestioles en plus sympas), il vous faudra punir les mauvais parents en pillant leur nid, ajoutant ainsi l’un des 80 monstres trouvables dans le jeu à votre collection. Chacun de ces Monsties dispose de ses propres stats, talents, compétences sur le terrain (certains peuvent sauter des gouffres, d’autres traverser des cours d’eau, d’autres encore voler, etc.) et compétences de combat.
Et naturellement, l’heure est venue de parler des combats. Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin reprend le même schéma que celui de son aîné, un système reposant sur pierre/papier/ciseaux. Pour vaincre, il vous faudra apprendre les préférences de vos ennemis pour les contrer et réduire leurs dégâts, voire annuler leurs attaques. Notez que vos Monsties aussi auront vos préférences et qu’il vous faudra les prendre en considération au moment de former votre équipe et de faire face à vos ennemis, plus particulièrement à partir du milieu de votre voyage où les ennemis jongleront entre différents patterns au cours d’un même combat, vous forçant vous aussi à jongler entre vos monstres et vos armes pour de meilleurs résultats.
Enfin, tout bon chasseur vous le dira, le secret repose dans votre équipement et c’est aussi le cas pour les Riders. Toutes ces belles pièces de monstres obtenues au fil de vos combats vous serviront à construire armes et armures et ainsi progresser. Le système de création dans Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est largement plus simple que celui du jeu original puisqu’il vous suffit d’obtenir un certain nombre de points pour crafter ou améliorer vos pièces. Si naturellement, ces équipements influent sur votre puissance ou capacité à vous défendre, les compétences associées ne sont pas à négliger puisqu’elles peuvent vous sauver les miches ou vous rendre des régions difficiles plus confortables.
Top/Flop
Indéniablement, nous passons un bon moment sur ce titre, mais figurez-vous que nous n’avons même pas encore abordé ses forces (selon nous). Oui, l’atout principal de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est son respect de l’univers dont il s’inspire. On a déjà évoqué le soin apporté aux décors et monstres au travers de la direction artistique, mais ça va bien plus loin. On pourrait dresser des parallèles avec le déroulé de la progression (nouvelles zones, monstres, objets puis équipements « rince and repeat« ), c’est surtout sur l’iconisation des monstres que le titre brille. Comme pour la série principale, les bêtes sont reconnaissables instantanément au travers de leurs cris, mimiques et gestuelles…
Mieux encore, ces mêmes monstres prennent un supplément de personnalité en plus au travers des attaques combinées avec le Rider, encore un moyen de garantir que le joueur complètera bien son Monstipédia et qu’il s’attachera à eux. Et l’attachement est quasiment garanti s’il s’attèle à bricoler son équipe. En effet, pour peu que vous empiliez les monstres dans vos étables, il est possible de transférer les talents d’un monstre vers un autre pour en faire un peu ce que vous voulez. Libre à vous de créer des Diablos qui empoisonnent et autres joyeusetés. Et cette option est parfaitement facultative si vous ne vous destinez pas à jouer avec d’autres joueurs (ou même contre d’autres joueurs) en ligne.
Un dernier point avant de craquer votre CB : si nous avons dépeint jusqu’ici une image plutôt positive de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, nous devons signaler qu’elle dépend aussi grandement de votre capacité à faire des concessions sur le plan technique. En effet, l’image justement est sujette à de nombreux ralentissements, textures qui bavent et autre popping (c’est peut-être aussi le cas sur PC, mais sûrement rien en comparaison de la version Switch qu’on surprend à bégayer). Alors, on vous rassure, rien de catastrophique. Ces soucis techniques ne nuisent pas à la lecture de l’action et ne jouent jamais contre vous (d’autant que le jeu est loin d’être punitif). Cependant, la technique peut être l’un de vos critères de choix, auuel cas on vous conseillera plutôt la version PC (qui ne corrige cependant pas la simplicité du jeu ni son manque de souplesse lors de l’exploration).
Si l’histoire un chouia « copiée/collée » de ce titre nous a laissés sur notre faim, ce dernier Capcom a tout ce qu’il faut pour plaire au plus grand nombre. Impossible de ne pas ressentir le travail opéré sur ce titre qui, grâce à la simplicité de son concept, les nombreuses expériences qu’il propose et son amour du matériel d’origine (ce soin placé dans les décors, les monstres et l’univers en général…), nous a conquis. C’est simple, si vous êtes amateur de J-RPG, d’anime, de jeux où on collecte des monstres ou simplement de Monster Hunter, vous devez ajouter Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin à votre collection.
D’autant que, si le voyage vous a plu, outre ses différents modes en ligne (combat joueur contre joueur ou même quêtes en coopération) et l’ajout de nouveaux monstres en post-game, l’aventure devrait encore s’étoffer avec des mises à jour gratuites comme l’a promis Capcom (il l’a d’ailleurs aussi en partie détaillé).
De quoi garder en haleine ceux qui ont marché dans le piège. Cependant, les joueurs Switch devront quant à eux s’habituer aux ralentissements. À la défense du titre d’aujourd’hui, pour Pokémon Épée et Bouclier, c’était aussi le cas, sauf qu’eux n’ont pas su trouver la différence entre « nostalgie » et « redite »… Nous vous recommandons chaudement Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin.