Il est parfois des jeux pour l’analyse desquels l’évocation d’autres œuvres s’impose afin d’illustrer le propos. Ce sera le cas pour LastFight, et deux noms devront nous venir à l’esprit : LastMan, et Power Stone. Le second vous semblera peut-être familier si vous avec connu la Dreamcast de SEGA, et le premier, si vous appréciez les bandes dessinées, y compris typées manga à la française. Pourquoi toutes ces références ? C’est ce que nous verrons au fil de notre test de LastFight…
LastFight : mon ring, c’est la rue
LastFight = LastMan + Power Stone
Commençons donc par nous pencher quelques instants sur nos deux sources d’inspirations sus-mentionnées, avant de s’attaquer au jeu en lui-même. LastMan est une bande dessinée franco-belge, qui adopte la présentation typique du manga, tout en conservant un rendu visuel très européen. Il nous conte l’histoire d’un petit garçon amateur d’arts martiaux, qui désire participer à un tournoi de combats. Cependant, comme les affrontements doivent se pratiquer en binôme, et que son partenaire tombe malade juste avant le début des hostilités, il se retrouve exclu du tournoi, pour son plus grand malheur. Une chose en entraînant une autre, et pour ne pas y passer la nuit, disons simplement qu’il va se retrouver en collaboration avec un vieux briscard débonnaire et bien balaise, lui aussi sans partenaire, Richard Aldana (un anime est en cours de production).
Ce dernier constitue d’ailleurs l’un des personnages jouables de LastFight. Quant à Power Stone, il s’agit d’un jeu de combat en 3 dimensions paru sur arcade, mais surtout connu des possesseurs de Dreamcast. Il mettait l’accent sur le dynamisme et la mobilité, et se caractérisait par ses arènes de taille réduite ainsi que par la possibilité de ramasser tout un tas d’objets et d’éléments de décor pour les utiliser contre son adversaire. Si l’on évoque ce titre au fil de cet article, c’est parce que LastFight reprend strictement les mêmes caractéristiques. On a donc affaire à un jeu de combat 3D en arènes fermées, certaines sur plusieurs niveaux. Ici, la clef de la réussite réside dans la maîtrise d’un certain nombre de techniques, et surtout dans la mobilité.
Du contenu fourni, mais pas de mode tuto
Le jeu s’avère bien plus technique qu’il ne pourrait paraître de prime abord, et sans une bonne connaissance de son gameplay, nul doute que vos premières parties s’achèveront sur une déculottée cuisante. On en vient donc à un premier petit grief à adresser à LastFight : l’absence d’un mode entraînement. Certes, il y a bien un tutoriel présent, et assez clair et précis d’ailleurs, histoire d’apprendre le maniement et les diverses attaques, mais il est uniquement composé d’écrans fixes, et on aurait aimé pouvoir suivre cette formation tout en pratiquant soi-même les différentes attaques, pad en main. Un peu dommage pour un jeu aussi demandeur en termes de maîtrise de son perso. Passons. C’est en prenant des coups qu’on apprend, à ce qu’il parait.
Niveau contenu, plusieurs modes sont proposés, et c’est une bonne chose, ça, par contre. Vous pourrez ainsi vous adonner à l’histoire solo proposée, en choisissant entre deux personnages (et en suivant une trame au fil de laquelle votre avatar va devoir comprendre comment des drogués sont devenus fous furieux en ingérant un certain anabolisant), mais aussi à d’autres modes bien sympathiques. Comme le mode Infini (dont le nom parle de lui-même), la Compétition (où il va s’agir de grimper dans un classement), le Versus (traditionnel, et jouable en 1 contre 1, 2 contre 2, ou chacun pour sa peau à 4, IA ou joueurs réels), ou encore le Flipper, qui consiste à ramasser des grosses boules pour déglinguer son adversaire. De quoi passer du bon temps, seul ou en multi, même si, comme dans Power Stone, on constatera une certaine confusion, mais pas bien grave, en cas de combats à 4.
Les arènes de mines
Mais penchons-nous un peu sur le maniement. La jouabilité est impeccable, mais comme on l’a dit, assez exigeante, et il va s’agir de rapidement maîtriser son concept pour ne pas se faire démonter en deux temps trois mouvements. Premier constat : si LastFight est un jeu de baston, on y passe en réalité très peu de temps à donner des coups de poings et de pieds, même si ces attaques sont bien présentes. Le jeu s’oriente nettement vers le grab et le lancer d’objets, car les coups simples s’avèrent généralement assez peu efficaces, et vous exposent à une volée de bois vert punitive. Moralité : dans LastFight, on passe plus de temps à courir pour éviter les assauts et pour ramasser des armes, qu’à frapper.
Un aspect qui pourrait passer pour un point négatif, mais qui, finalement, donne toute son originalité au jeu, tout comme ce fut le cas pour son modèle sur Dreamcast. Chaque arène comporte ses objets et ses pièges contextuels propres, avec lesquels il va falloir composer. Par exemple, l’un des stages distribue généreusement plantes carnivores et mines, donc en plus de se friter avec l’adversaire, il s’agira de garder l’oeil ouvert pour ne pas prendre de dégâts supplémentaires à cause du décor. Très bon point.
Des qualités, mais aussi des défauts
Et puis, élément crucial que l’on trouvait déjà dans Power Stone, chaque niveau balance de manière random un certain nombre d’items spécifiques, que tout un chacun devra se précipiter de récolter (d’ailleurs l’IA se jette dessus comme la misère sur notre pauvre monde), car une fois qu’on en a chopé 3, on se transforme pour quelques secondes en créature surpuissante, ce qui permet souvent de faire la différence en cas de combat équilibré. Mais attention : si vous recevez un coup en vous trouvant en possession d’un de ces objets, vous le perdrez, et l’ennemi se ruera aussitôt dessus, donc faites bien attention à tenir votre adversaire à distance si vous êtes dans l’esprit de ramasser les 3 items. Pour terminer, parlons technique.
LastFight n’est en rien magnifique, mais tel n’est pas son but ; il dispose de graphismes simples mais efficaces, comme Power Stone. Par contre, si l’on appréciera les musiques énergiques accompagnant les combats, on pourra émettre un gros bémol sur les voix françaises, qui sonnent souvent très faux et surjouées, un comble pour un jeu réalisé par un studio français. Au rang des reproches, on évoquera aussi des temps de chargement assez longs, ainsi qu’un roster plutôt restreint, réduit à une dizaine de personnages. Comme Power Stone, me direz-vous, mais Power Stone date de 1999… En 2016 on est en droit d’attendre un éventail un peu plus large de persos, même si chacun de ceux présents s’avère assez original pour ne pas trop subir de redondance avec les autres. Quoi qu’il en soit, pour une quinzaine d’euros, il n’y a pas de quoi cracher dans la soupe ; LastFight vaut le coup si vous êtes nostalgique de son modèle, ou souhaitez en découvrir les mécanismes.
Conclusion de LastFight
Qu’on ait connu Power Stone ou non, qu’on ait lu la BD (et vu l’anime) LastMan ou pas, LastFight est un jeu efficace. Non dénué de défauts, certes (on pensera aux voix des persos, à l’absence de mode training, ou encore à un panel de personnages très pauvre pour cette génération), mais néanmoins très prenant, surtout si vous trouvez 3 compagnons pour y jouer avec vous. Un jeu de baston assez atypique, où l’esquive et le grab prennent le pas sur les coups purs et durs. Un bel hommage à un titre Dreamcast somme toute assez peu connu.