Kingdoms of Amalur: Reckoning remonte à loin (si on peut dire ça comme ça), puisqu’il sortait en 2012, sur PC, Xbox 360 et PlayStation 3. On s’attendait donc assez peu à le voir ressurgir sur nos bécanes d’aujourd’hui, mais le fait est bel et bien là : Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning, le remaster du titre original, est désormais disponible sur l’équivalent actuel des machines de l’époque.
Dès lors, il va s’agir de préciser un point crucial avant d’entamer notre observation de ce titre : Votre Humble Narrateur était passé totalement à côté du jeu d’origine lors de sa parution d’antan. Tout juste avait-il éventuellement consacré quelques heures à la chose, qui ne l’avait visiblement pas marqué, puisque ses souvenirs à ce sujet s’avèrent totalement nébuleux (l’âge, également, n’aidant pas, certes).
C’est donc avec un œil de jouvencelle n’ayant quasiment aucun souvenir de la bête que nous aborderons le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, en tentant de déterminer s’il aurait toujours de quoi séduire un public de 2020, ce en évoquant évidemment çà et là le titre de 2012, bien sûr, mais sans se plier à l’exercice comparatif poussé usuel de ce genre de remasters qui pullulent de nos jours.
(Test de Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning sur PlayStation 4 via un exemplaire fourni par l’éditeur)
Et puis des âmes…
Du coup, une rapide présentation s’impose pour les ceusses qui ne se souviendraient plus, eux non plus, de Kingdoms of Amalur, mais aussi pour ceux qui sont tombés sur le nom du remaster dans leurs stores virtuels respectifs et se demandent un peu de quoi il retourne avant de lui lâcher quelques deniers (enfin, entre 30€ et 40€, quand même, voire plus sur certains sites de vente pour la version physique).
Il s’agit d’un jeu d’action-aventure typé heroic-fantasy, au début duquel, chose assez rare dans un jeu (on pensera à Dead Cells le grand), vous venez de mourir. Un accueil guilleret qui annonce de belles choses, n’est-il pas ?
Néanmoins, votre carcasse sans vie va bientôt retrouver une seconde chance en accueillant une nouvelle âme via un mécanisme gnome appelé Puits des âmes, dont l’usage, bien que balbutiant, attire une potentielle flopée de vilains avides de posséder un tel pouvoir. Il faut dire que la contrée des Faes, nom de ses occupants, n’est pas de tout repos et que plusieurs royaumes s’y adonnent à des guerres sans fin.
On passera sur le sempiternel catalogue des leaders, peuples et contrées impliqués dans cet imbroglio pour vous éviter un roman de 400 pages barbant avec des noms à la mords-moi-le-nœud, classique des RPG (et bouquins) d’heroic-fantasy. Nous vous laisserons le loisir de découvrir tout cela petit à petit au fil de votre aventure si vous vous laissez tenter, aventure soit dit en passant palpitante et pleine de rebondissements, qui, croyez-le bien, risque de monopoliser un sacré nombre de vos heures libres.
D’ailleurs au passage, en parlant de bouquins, sachez que l’équipe derrière Kingdoms of Amalur: Reckoning comportait des gens bien connus des univers fantaisistes, tels que Todd McFarlane (The Amazing Spider-Man, Spawn) et Robert Anthony Salvatore (concepteur du célèbre Drizzt des Royaumes Oubliés) ; au générique également : Ken Rolson (The Elder Scrolls) ou encore Grant Kirkhope à la musique (Banjo-Kazooie, Perfect Dark). Que du beau monde ; le jeu partait sur de bonnes bases. Fin de la parenthèse.
Fable-uleux ?
Quoi qu’il en soit, et pour passer rapidement sur le sujet, votre avatar (que vous pourrez créer selon quatre races et auquel vous pourrez associer trois sortes de classes, qui peuvent se résumer grassement par « bourrin, voleur ou mage », voyez ?) constitue un être unique en son genre de par sa résurrection, un être capable de modeler, en fonction de ses actes, son destin et celui des autres personnages de son univers. Vous commencez à la voir venir, la durée de vie, là ?
Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning est un action-RPG tel qu’on savait les apprécier à l’époque, avec des tonnes de choses à fouiner, un personnage à faire évoluer dans un sens ou un autre, des twists inattendus, une narration longue et captivante, des armes et armures à la pelle à comparer et à équiper (visibles sur votre personnage, ce qui n’est hélas pas toujours le cas), un gameplay aisé à prendre en main, mais qui, là aussi, ne rappelle que 2012, c’est loin…
On évolue au sein de cette aventure plaisante, féérique et bucolique comme on évoluait dans Fable, en fait, un peu ; vous savez, ces contes colorés et exaltants aux scénarios fluctuants conçus pour machines Microsoft depuis 2004 (on commence d’ailleurs à parler pas mal d’un volet Xbox Series). Il en reprend l’atmosphère enchanteresse, les graphismes un peu cartoon et tout un tas d’autres éléments, qui nous remémorent aussitôt la série de Lionhead. Ce qui est un point évidemment positif.
Ama-lourd ?
On vous le disait en intro, la version 2012 n’est pour nous qu’un souvenir très vague. Par contre, il est aisé en jouant à Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning de se dire immédiatement : « ce jeu ne date pas d’hier ». Pourtant, il n’a que huit ans d’âge, mais on n’a aucunement l’impression de jouer à un truc moderne, tant techniquement qu’au niveau de la prise en main. Moralité, nous direz-vous ? Les développeurs de ce remaster n’ont pas dû trop transpirer pour le mettre un peu plus au goût du jour.
De même, les doublages français, qui étaient dans notre souvenir assez bien vus à l’époque de la sortie initiale, font désormais très surjoués et risibles par rapport à ce à quoi nous avons eu droit entretemps. Ils ont le mérite d’exister, certes, et on s’imagine mal les développeurs rejouer tout le jeu en vocal pour avoir l’air plus moderne, mais voilà, le constat est là : Amalur, ce n’est pas du dernier cri, sachez-le.
Mais terminons sur un point positif, car ce jeu le mérite, non pas pour le job un peu beaucoup fainéant balancé par THQ Nordic avec sa conversion moderne, mais pour sa qualité intrinsèque déjà remarquée en 2012. Il dispose (merci mon chien, c’est la moindre des choses) des deux excellents DLC qu’avait reçus le jeu d’origine, The Legend of Dead Kel et Teeth of Naros, qui ajoutaient, à la volée, nouveaux ennemis, nouveaux territoires, nouvelle race, nouvelles armes, nouveaux ceci-cela, bref, tout ce qu’on aime pour poursuivre le plaisir. Par ailleurs, un troisième DLC appelé Fatesworn est prévu pour l’année prochaine, en exclu pour ce remaster poussif, mais si magique dans son fond.
Pas facile de noter un remaster, surtout si on l’adore actuellement manette en main, mais qu’on n’a guère de souvenir de son modèle de base, et qu’on sent bien que le taf des développeurs n’a pas vraiment été à la hauteur des attentes des amoureux d’Amalur.
Alors, du coup, qu’en dire ? Eh bien, Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning reste un action-RPG dont le matériau de base, avec sa durée de vie, ses combats plaisants et son design cartoon, saura rappeler des bons souvenirs aux gamers adeptes du jeu de 2012, mais les joueurs profanes devront prendre sur eux pour passer outre la réalisation datée de ce titre afin d’en tirer la substantifique moelle et profiter de son aventure enchanteresse. C’est vous qui voyent (oui, oui, on sait…), en somme, selon vos attentes et exigences…