Il y a à peine plus d’un an maintenant, Square Enix annonçait la création d’un nouveau studio, Tokyo RPG Factory, censé revenir aux fondamentaux du J-RPG. Ils avaient alors annoncé dans la foulée que le studio travaillait sur un jeu appelé Project Setsuna, nous montrant au passage 2 artworks sur fond de piano mais sans plus de détail.
Aujourd’hui à peine 1 ans après, le studio a donné naissance à I Am Setsuna, qui se veut clairement nostalgique et un hommage aux J-RPG d’antan, ce qui, autant le dire tout de suite, n’est absolument pas pour nous déplaire. Cependant, qui dit hommage, dit aussi possibilité de tomber dans le copier/coller facile ou dans les clichés ridicules, alors voyons ce que ce petit jeu sans prétention cache sous son épais manteau blanc.
I Am Setsuna – Winter is coming
Un pèlerinage au rythme de l’hiver
Dans un monde où les monstres et les humains doivent partager la même terre, un sacrifice humain doit être fait pour conserver la paix et ne pas voir les monstres refaire surface. Cette année-là, c’est dans un pays en proie à une neige continue que le sacrifice a été désigné, celui-ci porte alors le prénom de Setsuna et s’apprête à commencer un long pèlerinage qui la mènera vers sa destinée, mais surtout, vers sa mort. L’inéluctable ne tardera pas à arriver, mais cela n’empêche pas certaines personnes mal intentionnées de vouloir voir ce pèlerinage échouer. Notre héros, un jeune homme originaire de la tribu masquée et mercenaire de surcroît, est alors mandaté pour mettre fin à la vie de Setsuna avant même que son long voyage ne débute… Seulement tout ne se passera pas comme prévu.
I Am Setsuna se base donc sur une trame principale vue et revue pas mal de fois dans l’histoire des J-RPG mais ça c’est plutôt une bonne nouvelle car si l’on aime le J-RPG c’est avant tout pour ces thèmes récurrents. Là ou il faut nous surprendre c’est dans son traitement, et à ce niveau le jeu remplit parfaitement son job. Simple mais efficace, la scénarisation nous amène dans des directions attendues pour nous offrir des retournements de situation souvent inattendus.
Les personnages ont tous leur personnalité propre, les rendant attachants et impliqués dans leur propre histoire et le personnage principal, le mercenaire, aura quant à lui une personnalité forgée par vos propres choix. Je vous préviens, ça ne va pas chercher trop loin non plus mais très régulièrement, lors des dialogues, il est possible de choisir entre deux réponses. C’est peu dans un sens mais ça a le mérite de nous impliquer davantage dans l’histoire et d’avoir des réactions plus tranchées dans certaines situations. Cela aura pour incidence directe de faire réagir les autres personnages qui donneront alors des réponses en fonction des nôtres.
Cependant tout ça c’est très bien mais on ressent tout de même le poids du temps de développement consacré à I Am Setsuna. Le jeu a été développé par une équipe de 10 personnes fixes en moins de 2 ans et il n’est pas rare de se dire que certains éléments du scénario ou du développement des personnages auraient pu être beaucoup plus poussés. On ne dira pas que le jeu manque de « finition » car tout est très bien ficelé, mais il manque un petit supplément, un petit zeste de profondeur en plus, et un peu plus de « relief » tout simplement.
Côté personnages, nous pouvons y revenir quelques lignes car si nous retrouvons les stéréotypes habituels, il y a un rapport très intéressant entre Setsuna et notre héros. Les deux sont très complémentaires en fait, car nous avons une jeune femme très ouverte d’esprit toujours prête à venir en aide à son prochain, très démonstrative au niveau de ses sentiments, et d’un autre côté nous avons un mercenaire au caractère dur qui ne se laisse pas facilement décontenancer. Au fil de l’histoire et des choix de dialogues va se créer une complémentarité où l’un va apprendre de l’autre et inversement. Et le thème de l’acceptation et de la tolérance est ici très présent, comme nous pouvions le retrouver dans Final Fantasy 9 avec les mages noirs par exemple. Lorsque vous rencontrerez Kir au cours de l’histoire vous comprendrez certainement mieux de quoi je veux parler.
Les thèmes abordés donnent souvent lieu à des situations émouvantes et sont plutôt bien traités globalement, reste la barrière de la langue anglaise qui donnera des difficultés à certains, car non, le jeu n’est pas traduit en français. Malgré tout si vous avez un petit niveau collège en anglais vous devriez vous en sortir pour comprendre 99% de l’histoire car des mots simples sont utilisés.
La neige : un parti-pris sacrément audacieux
Si vous ne l’aviez pas encore remarqué, la neige est omniprésente et vous suivra tout le long de l’aventure. Certains diront que les environnements manquent alors de diversité, d’autres que les développeurs ont choisi la facilité… Nous, nous dirons plutôt que c’est un parti pris bien « couillu » qui donne finalement une atmosphère vraiment unique au jeu.
De plus, I Am Setsuna n’est pas un J-RPG de 100 heures, mais il tourne plutôt autour des 20 heures, nous n’avons donc pas vraiment le temps de nous lasser des environnements qui nous sont proposés. Par contre pour parler de l’aspect purement graphique il est vrai que parfois l’image est un peu terne, on aurait aimer plus de « peps » pour sublimer tout ça car il y a des moments où l’on se retrouve devant des effets de lumière vraiment chouettes et quelques minutes plus tard tout devient très austère alors qu’il aurait juste fallu raviver le tout avec quelques éclairages.
Cependant globalement le jeu est plutôt joli dans son style et possède un certain charme. Et pour continuer à bien trancher, toutes les musiques du jeu sont jouées au piano, alors autant dire que si vous êtes allergique à cet instrument autant ne pas vous infliger ce qui sera pour vous une torture auditive.
Pour les autres, les compositions sont remarquables, un magnifique travail a été effectuer pour créer l’atmosphère dont nous parlions plus tôt et cela participe à la cohérence générale du jeu. De la mélancolie à la joie il n’y a qu’un pas et la musique flirte toujours entre les deux, tout en laissant s’immiscer de temps à autre des sonorités plus graves et inquiétantes. Une excellente OST qui rappellera parfois aux bons souvenirs certains grands classiques des Final Fantasy et autres Chrono Trigger sans pour autant les égaler.
Attardons-nous maintenant sur le gameplay qui n’est pas compliqué pour un sou mais qui arbore un petit côté stratégie tout en restant plutôt dynamique. I Am Setsuna n’innove pas vraiment, mais arrive, en s’inspirant de ses aînés (jauge ATB en tête), à créer quelque chose de plutôt bien fichu. Pour faire simple, il s’agit de combats au tour par tour assez classiques, à la nuance près que lorsque vous êtes inactif avec un de vos personnages, celui-ci remplit une jauge permettant d’accumuler trois points de pouvoir. Ces points de pouvoir vont vous permettre lors d’une attaque, d’augmenter vos dégâts si vous appuyez sur carré avec le bon timing.
En plus de cela, vous pourrez bénéficier d’effets bonus lors de ces actions, le tout en fonction de votre équipement. Les techniques des personnages seront divisées en deux sections, une spécifique au personnage donné et une autre accessible à tous. Les techniques sont ensuite octroyées sur la base d’un système plus ou moins proche de ce qu’étaient les materias dans Final Fantasy 7. C’est à dire qu’en fonction d’une certaine pièce d’équipement, vous pourrez placer vos techniques dans la limite de ce qu’elle vous propose. Franchement, agréablement surpris par ce qu’ils ont fait côté gameplay, c’est vraiment super à prendre en main et grâce à une quantité astronomique de techniques différentes, les approches pendant les combats se renouvellent très souvent. Côté équipement, même si celui-ci est conséquent, seules deux pièces sont modifiables, ce qui déplaira sûrement à certains.
Il est vrai qu’on aurait aimé pouvoir modifier intégralement nos personnages, mais malheureusement seule l’arme changera, visuellement. Cependant, une petite subtilité pour les assoiffés de background, c’est le descriptif complet dans un journal de bord, de la totalité des armes, équipement, spritnite (pseudo-matérias), personnages…
Conclusion I Am Setsuna
En tant que premier jet de la part de Tokyo RPG Factory, I Am Setsuna a de quoi plaire même s’il n’est pas un jeu indispensable ou encore inoubliable, et ce, par le simple fait qu’il fait tout comme il faut, mais en un peu moins bien que les maîtres étalons que l’on a connus par le passé. Le pari de créer un J-RPG à l’ancienne est cependant totalement réussi, on retrouve bien l’ambiance toute particulière de ces jeux ainsi que les thèmes associés.
Par contre même si le jeu est prenant et que se lancer dans l’aventure vous procurera beaucoup de plaisir et d’émotion, il reste au studio encore un peu de chemin à parcourir pour passer d’un bon jeu à un excellent jeu. Malgré tout, celui-ci est porté par une OST vraiment superbe et vous pourrez compter sur un gameplay très solide, qui lui, arrive à vraiment apporter une valeur ajoutée saisissante. Avant d’embarquer pour l’aventure Final Fantasy XV, je vous recommande tout de même si vous avez l’occasion de suivre Setsuna dans son pèlerinage, histoire de revenir aux sources le temps de quelques heures et de retrouver des sensations d’autrefois.