Initiée en 2017 sur PlayStation 4 sous la houlette de Guerilla Games (Killzone), la série Horizon revient aujourd’hui avec Horizon: Zero Dawn Remastered sur PlayStation 5. Deux ans après son second opus, Forbidden West, que vaut le portage réalisé par Nixxes Software du premier épisode pour la nouvelle génération de console de Sony ? Est-ce que ce remaster se démarque des autres inondant le marché depuis quelques années maintenant ?
(Test de Horizon: Zero Dawn Remastered réalisé sur PS5 via une version finale fournie par l’éditeur)
Le monde d’Horizon: Zero Dawn
Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, l’humanité a perdu le contrôle de la technologie numérique. Le monde est désormais retourné à une sorte d’âge de pierre dans lequel les hommes vivent en tribus et sont adeptes de la chasse. Les anciennes civilisations appartiennent à l’âge de métal, une ère mystérieuse et chargée de folklore.
C’est dans ce contexte que nous allons suivre Aloy ; considérée comme une paria, orpheline, elle doit composer avec l’ostracisme dont elle est victime et accomplir les rites lui permettant ainsi d’appartenir à une tribu et de lever le voile sur ses origines.
Horizon : Zero Dawn est un jeu d’action-RPG en monde ouvert. Aloy peut parcourir à l’envie les vastes plaines de ce monde désolé à pieds ou à dos de cheval mécanique. Elle a sa disposition un vaste arsenal composé d’arcs, de frondes explosives, de lance-câbles, d’arbalètes à répétition ou encore de lances. Chaque arme dispose de son degrés de rareté impactant directement ses statistiques, vous aurez également le loisir d’implanter des augmentations sur vos armes mais également sur vos tenues.
Il s’agit ici d’un remaster et non d’un remake, et peu de choses ont été réellement modifiées. Nous sommes toujours en présence d’un bon vieux action-RPG avec ce qui implique de montée de niveaux et d’améliorations d’armes à force de combats et de loot. La nouveauté que les équipes de Nixxes ont implémenté se trouve au niveau du retour manette. Les fonctions immersives de la DualSense de PlayStation ont été mises à contribution. Grâce aux gâchettes adaptatives de la PS5, on peut sentir une réelle tension lorsque nous bandons notre arc, et la résistance des gâchettes est différentes selon l’arme que vous employez et le temps de charge de l’arme.
Par exemple l’utilisation de la fronde explosive opposera une résistance progressive au fur et à mesure que la courbe de visée s’agrandira et gagnera en précision. Le retour haptique de la DualSense ajoute aussi à l’immersion grâce aux petites vibrations déclenchées lors d’une glissade, d’une chute ou encore d’une course effrénée.
Quid du remaster ?
Nixxes a livré un travail certain sur ce remaster de Horizon: Zero Dawn. Mais est-ce que tout est parfait pour autant ? Rien n’est moins sur.
Tout d’abord, il faut savoir que le remaster de Zero Dawn est vendu pour la modique somme de 49,99€. Mais si vous êtes en possession de la version PS4 ou Complete de Zero Dawn, vous n’aurez à débourser 10€ pour mettre votre copie à jour. De plus, le DLC The Frozen Wilds est inclus dans cette version 2024. Gardez toutefois en tête que la version complete de Horizon (le premier opus et son DLC) version PS4 est retro-compatible avec le système PlayStation 5 et est disponible pour une poignée d’euros chez les revendeurs. Enfin, vous aurez la possibilité d’importer la sauvegarde de votre aventure PS4.
Graphiquement parlant, le dernier opus de la série, Forbidden West, avait laissé une marque certaine sur la rétine des joueurs. Bien que ce remaster de Zero Dawn ait profité d’un lifting complet, il n’arrive toutefois pas à se hisser sur la même marche que son petit frère. Constat plutôt étonnant sachant que les équipes de Nixxes auraient eu tout le loisir de réadapter Zero Dawn avec l’architecture mise à jour du moteur Decima utilisé sur Forbidden West.
Ici le jeu tourne en 4K et 60FPS constants sur PS5 (sachant également que le jeu est étudié pour la future PS5 Pro). Beaucoup d’assets de Forbidden West sont repris dans Zero Dawn Remastered. La végétation y est plus dense et plus animée et les couleurs présentes dans les paysages ont été retravaillées. S’en dégage alors un sentiment de liberté et de vie plus poussé qu’à l’époque de la PlayStation 4. Il en est de même pour la gestion de l’eau et des reflets. La lumière se réfléchit dans les zones inondées et s’adapte au mouvement de l’eau.
Toujours dans ce sentiment de vie et d’immersion plus poussée qu’à l’époque, les effets de lumières ont profité d’un travail colossale avec profusion de lens flares, de reflets et utilisation de lumières adaptatives. En tournant la caméra vers le soleil ou vers les yeux des créatures de métal prêtes à bondir sur vous, un grand nombre de faisceaux lumineux viennent se frotter à votre rétine donnant alors vie à la lumière d’une bien belle manière. La lumière adaptative se cale sur l’orientation de la caméra du joueur et ajoute un cachet certain à l’image.
En revanche tout n’est pas parfait dans le monde d’Aloy, loin de là. Bien que les équipes de Nixxes aient effectué une refonte concernant les visages, les expressions faciales, la carnation et les reflets notamment grâce à une dizaine d’heures de motion capture supplémentaire, un sentiment de malaise s’installe toujours lors des phases de dialogues entre les personnages. Une non-réactivité se dégage de l’entièreté des visages et les expressions faciales, ou plutôt leur absence, n’aident pas beaucoup à comprendre les émotions de nos héros.
Toujours au rayon des imperfections, et cette fois-ci plutôt handicapantes, les bugs de collision. Il nous est arrivé à de nombreuses reprises de rater un saut d’une plateforme à une autre et de chuter d’une manière un peu abrupte. L’adhérence aux surfaces est également chaotique, Aloy glisse souvent de manière plate et peu naturelle sur les surfaces que nous tentons d’escalader. Côté collision, il n’est pas rare non plus de voir des PNJ se bloquer dans le décors. Image à l’appui, lors d’une quête l’un de nos compagnons est resté bloqué dans une texture en faisant du surplace, le script de fin de mission l’a finalement débloqué. Le genre de coquilles qui auraient pu être modifiées par les équipes de Nixxes lors de la confection du remaster.
Autre problème qui lui aussi aurait pu être réglé au vu des efforts faits sur la gestions des fluides et des liquides dans le jeu : les effets de projections et d’écoulement de l’eau. Certes les effets de transparence et les reflets sont très convaincants, mais il y a un arrière gout de non-finition. L’eau s’écoulant d’une cascade ou les torrents venant s’écraser contre des rochers sont en totale opposition avec ce que nous pouvons observer dans les lacs et autres cours d’eau. La texture de l’eau perd de sa fluidité et semble tout droit sortie d’un asset de la PlayStation 3.
Mis bout à bout, ces manquements nous ont peu à peu gâché le plaisir de redécouvrir Horizon. Trop souvent pendant notre partie nous nous sommes dit que l’expérience Horizon: Zero Dawn était suffisamment efficace à l’époque et que relancer notre bonne vieille PS4 avec la complete édition (retro-compatible PS5 rappelons-le) aurait été une meilleure idée. L’aventure d’Aloy avait-elle réellement besoin de ce remaster qui a trop souvent des airs de patch à 49,99€ ? Un réel travail de fond aurait été à faire pour pleinement justifier ce prix et l’existence de ce Horizon: Zero Dawn Remastered.
Est-ce que un remaster de Horizon: Zero Dawn était bien nécessaire ? C’est plus ou moins la même question que nous pourrions accoler à tout les remasters sortis dernièrement. Encore plus aujourd’hui quand nous, joueurs, sommes témoins de la myriade de remasters que les éditeurs nous proposent. Et Sony encore plus que les autres. Après la proposition d’un Until Dawn à 70€, d’un remaster de Marvel’s Spider-Man ou encore de The Last Of Us Part 2 nous pourrions nous demander le pourquoi d’une telle manœuvre. Les jeux précédemment cités sont encore tout à fait jouables et agréables à l’œil aujourd’hui, surtout compte tenu de leur jeune âge. Mais Sony semble se lancer dans une course pour le moins obsolète en proposant des remasters de leurs gloires passées avec comme seul motif une soi-disant suprématie technologique. Et aujourd’hui c’est au tour de Horizon d’en faire les frais. Certes Nixxes a livré un travail convenable aux vues des capacités de la PlayStation 5 et l’envie de repartir à l’aventure est présente malgré la profusion de bugs et manquements dans le résultat final. Mais en l’état, la version Remastered de Horizon: Zero Dawn n’est à conseiller qu’aux néophytes, et encore nous vous rappelons qu’une version complète et retro-compatible peut se trouver à moindre coût dans le commerce.
Quand est-ce que la course aux remaster s’arrêtera ? Espérons que dans le cas de Sony, les échecs de Until Dawn et celui plus ou moins annoncé de Horizon: Zero Dawn le fassent réfléchir quant à sa technique commerciale.