Développé par un studio jusqu’ici inconnu appelé Skrollcat Studio, Hoa attire immédiatement les yeux. Sa direction artistique colorée fera en effet immédiatement penser aux œuvres des studios Ghibli, et il n’en faudra pas plus pour nous décider à nous y essayer. Seulement, il ne suffit pas à un jeu d’être joli. Alors, l’expérience Hoa est-elle à la hauteur de ses visuels époustouflants ?
(Test de Hoa réalisée sur PC via une version commerciale du jeu)
Il était une fois…
Évidemment. Parce que dès les premières secondes, on est transporté dans les pages d’un album jeunesse. Les illustrations faites à la main, d’abord de l’océan, puis de la forêt et des premiers habitants que l’on rencontre sont aussi magnifiques que colorées. C’est simple : le trailer du jeu pourrait facilement passer pour celui d’un film d’animation !
Côté scénario, on est peut-être moins emballé. Au fur et à mesure des rencontres, les créatures de la forêt nous révèleront peu à peu des informations sur une catastrophe qui a touché notre petite héroïne encapuchonnée par le passé. La véritable histoire dans son entièreté ne se révèlera qu’à la fin, une fois que tous les personnages de la forêt auront été rencontrés. Finalement très classique, ce n’est pas le point fort du jeu, mais on s’en fiche un peu.
Parce que ce scénario n’est en fait qu’un prétexte à aller explorer cette forêt à la lisière de laquelle le petit personnage échoue au début du jeu. Et c’est sous la forme d’un jeu de plateforme en 2D que se fera notre voyage.
(W)hoa !
Un peu à la façon d’un metroidvania ultralight, nos progrès dans l’aventure débloqueront de nouvelles capacités pour le personnage (la faculté de pousser des objets, le double saut, entre autres), lui permettant d’accéder à de nouvelles zones de la carte pour poursuivre cette exploration. On est en terrain connu, et le jeu se déroulera sans trop de surprises.
De même pour la direction artistique, qui se révèlera aussi magnifique que classique en son genre. On pensera évidemment aux films des studios Ghibli, avec ces petites créatures esprits de la forêt, ou aux jeux Ori, modèles de platformer 2D, eux aussi avec une D.A. très marquée et très « nature ». Enfin, l’amateur de jeux de plateforme y reconnaîtra aussi un peu de Yoku’s Island Express, le mix très réussi (et très surprenant !) de platformer et de jeu de flipper, lui aussi situé essentiellement dans la forêt, et peuplé de bébêtes plus mignonnes les unes que les autres (et qui sera d’ailleurs gratuit la semaine prochaine chez Epic Games) !
On ne sera donc pas surpris avec Hoa, ce qui n’empêchera pas d’être émerveillé. Les décors comme les créatures – même si elles sont finalement peu nombreuses – sont magnifiques, et on est impatient de découvrir ce qui se cache à la page suivante. Car on progresse dans l’aventure comme on feuillette un recueil d’illustrations. Doucement, en prêtant attention aux détails. D’autant que nous sommes accompagnés d’une bande originale très réussie signée Johanness Johansson, faisant la part belle au piano. Avec des mélodies aussi jolies qu’efficaces, qui ne souffrent pas de répétitivité, le plaisir est autant pour les yeux que pour les oreilles.
Netflix Hoa and Chill
Si ce n’est l’originalité, le jeu a donc toutes les qualités ? Peut-être. Ou pas. Hoa se parcourt en ligne droite et se finit en deux à trois heures, sans jamais qu’aucune difficulté ne se mette en travers de notre chemin. Il n’y a pas de combat dans le jeu, ni d’ennemi à éliminer. La rencontre la plus dangereuse du titre finit avec un coup de pied aux fesses qui n’aura d’autre conséquence que de faire reculer le personnage de quelques centimètres. Et encore, il a fallu qu’on provoque volontairement la confrontation pour en voir l’issue, puisque jusque-là, on avait toujours réussi à l’éviter sans problème.
Le jeu propose aussi des sortes de puzzles, au gré des nouvelles compétences acquises par l’héroïne. Mais là encore, on se sort de ces situations en un rien de temps, qui sont plus des opportunités d’utiliser les nouvelles mécaniques de gameplay que de vraies énigmes. Ce serait là le principal défaut du jeu ? À moins que ce ne soit l’une de ses qualités (encore une) ? Car après tout, pourquoi le jeu vidéo devrait-il systématiquement représenter un défi ? Être difficile ?
Anti-Returnal
Se plaindre du manque de difficulté de Hoa, c’est un peu en revenir à la polémique autour de la difficulté dans Returnal. Ce dernier était un jeu d’apprentissage, qui réclamait de mourir beaucoup pour saisir, peu à peu, les voies à emprunter pour en venir à bout.
Hoa propose un voyage pacifique, dans lequel on ne mourra pas, et dont l’intérêt réside essentiellement dans la découverte de ses environnements, de ses personnages, au rythme d’une B.O. particulièrement réussie. Certains le verront peut-être comme un défaut. Ce n’en est pas un ici, c’est un choix artistique et de game design. Preuve en est, la seule séquence qui aurait pu se montrer un peu relevée – une poursuite, comme on en voit souvent dans les platformers – est finalement une cinématique.
Accessible aussi aux plus jeunes de par son absence de violence et de difficulté, c’est une autre proposition de jeu vidéo, tout aussi recevable que les jeux dits « difficiles », et il serait dommage de passer à côté. D’autant que pour sa sortie, le jeu se trouve en promotion autour de dix euros.
Dans une ambiance pacifique, bercée par les jolies mélodies d’un piano, Hoa est une aventure qui vaut largement les deux ou trois heures qu’on lui consacrera. Sans être ni original, ni difficile, le jeu convainc néanmoins en proposant une très jolie fable aux accents écologiques qu’on prend plaisir à suivre en ligne droite.
Pas de ragequit, pas de frustration, pas de honte à aller chercher une solution sur YouTube… Une aventure courte, une absence de challenge, un moment définitivement chill qui représente aussi tout un pan du jeu vidéo qui ne s’exprime que rarement.