Émanant d’un petit studio basé à Taïwan, il était peu probable que la France ne voit jamais la couleur de Heroine Anthem Zero. Mais contre toute attente, il voyait le jour sur PC en 2016, puis sur PlayStation 4 en 2018. C’est aujourd’hui à la Switch d’avoir droit à sa conversion.
Jeu d’un genre somme toute assez commun, y compris sur consoles anciennes, Heroine Anthem Zero avait reçu des éloges lors des tests sur les autres machines, non sans soulever quelques détails fâcheux. Du bon et du moins bon en somme. Il est donc temps de se plonger sur cette version semi-nomade afin de déterminer si le support est adapté et si les défauts mentionnés pour les précédentes itérations ont été en tout ou partie retravaillés, voire éliminés.
Père City, raconte-nous une histoire
Tout est déjà dit dans le post-intro concernant le style de jeu auquel on a affaire. Nous reviendrons plus loin sur les détails, mais pour ceux qui ne connaîtraient ni Odin Sphere (sérieux ?) ni Heroine Anthem Zero, il s’agit de jeux d’aventure 2D à scrolling horizontal. Un genre qui a fait les beaux jours des consoles 8 et 16-bits, et dont on voit régulièrement, avec l’émergence de la vague néo-rétro, resurgir sporadiquement quelques nouveaux spécimens.
Le contexte de notre est jeu est celui de la fantasy. Le joueur se trouve aux commandes de Wanin, fier guerrier faisant partie d’un groupe de Gardiens de la Forêt, qui patrouille celle-ci afin de s’assurer que le calme y règne et qu’aucune puissance maléfique ne s’y faufile subrepticement. Il est accompagné d’une petite fée qui, même si elle a beaucoup plus de vocabulaire que « hey listen ! », n’en demeure pas moins assez agaçante par moments avec son bagout.
Heroine Anthem Zero, on l’a dit, est un jeu d’aventure/action en 2D mâtiné de plateforme. Au fil du jeu, vous allez traverser la contrée afin de faire le jour sur l’apparition de menaces, bien évidemment, et il sera ensuite, sans trop en dire, question de guerres entre races et d’un Arbre-Monde en décrépitude.
On tape moins qu’on ne cause
Pourquoi ne pas trop en dire, me demanderez-vous ? Hé bien parce qu’au delà des sauts et des combats usuels au genre, ce titre mise beaucoup sur la narration et la profondeur, notamment par le biais de très nombreux dialogues (trop, diront certains s’ils étaient venus pour de l’action pure, mais les amateurs de storytelling apprécieront). Le jeu étant un petit titre indé de niche, on aurait pu s’imaginer qu’il ne nous serait proposé que l’anglais dans le texte, mais non ! Gloire, le jeu est traduit en français pour les réfractaires à la langue de la Reine.
Et la traduction est de très bonne qualité, permettant l’immersion et l’approfondissement des personnages avec humour (bon, pas toujours très drôle hein, les chamailleries constantes entre la fée et les autres personnages peuvent avoir tendance à en faire trop mais l’effort est là).
NB : Les reviews des versions antérieures regrettaient qu’on ne puisse pas passer les cutscenes de dialogue, qui sont parfois terriblement longues. La version Switch intègre cette possibilité, un très bon point, qui vous évitera de vous retaper, par exemple, en cas de mort et de retour à une sauvegarde lointaine, tous les échanges qui avaient eu lieu après celle-ci. Par contre, les temps de chargement entre des divers tableaux auraient gagné à être plus courts.
Des textes en français, donc, mais des doublages audio en japonais, et ça aussi c’est une bonne idée, même si la plupart d’entre nous n’en comprend pas un broque, beaucoup (dont votre Humble Narrateur) apprécient d’entendre cette langue dans les jeux vidéo. D’ailleurs tant qu’on est dans l’audio, sachez que la bande musicale est un véritable joyau, et les musiques qui accompagneront votre périple sont un ravissement pour les tympans, avec leurs élans folkloriques à base de violons et de flûtes qui vous transportent parfaitement dans l’univers fantasy du jeu.
Bon, on tape quand même un peu aussi
Votre parcours vous emmènera dans divers environnements inter-connectés, mais sachez que globalement, la progression se fait simplement de gauche à droite du début à la fin, alors si vous étiez chaud pour un petit metroidvania, vous risquez d’être déçu, le déroulement s’effectue de la manière la plus simple possible. En chemin, vous rencontrerez plusieurs PNJ qui auront leur importance dans le scénario, donc n’hésitez pas à interagir avec eux.
Au fil de votre parcours, vous tomberez bien évidemment sur moult ennemis, mais comme l’on a vu que le jeu était très narratif, cet aspect est moindre par rapport à nombre de jeux du genre. Il y a bien des foules de petits ennemis qui ne vous poseront quasiment aucun problème, certes, mais vous les éliminez généralement en 2 ou 3 coups. Par contre il y a aussi une série de boss massifs, chacun doté d’un pattern spécifique qu’il vous faudra apprendre pour en venir à bout. Ils sont bien plus retors que les autres ennemis, mais ne vous feront néanmoins pas rage-quit pour autant. Ils sont souvent gigantesques et magnifiques à voir (on reviendra plus loin sur les graphismes).
Vous tomberez également sur des camps qui vous permettront de sauvegarder, et dormir pour regagner de la vie, mais ne vous proposeront pas grand chose d’autre à faire. Point ici de craft, de répartition de points dans un arbre de compétences et autres joyeusetés habituelles au jeu d’aventure. Ici vous pouvez changer d’équipement à tout moment, et il y a bien une progression du personnage, mais elle se fait de manière pré-définie, sans que vous ayez votre mot à dire quand à la capacité à faire évoluer.
D’ailleurs cette notion de progression n’est rien de plus qu’une amélioration des attaques et des combos, ainsi que des améliorations de barre de vie à trouver, donc si vous aimez farfouiller dans les menus et dans votre équipement et vos diverses compétences, là encore, vous serez déçu, soyez prévenu. Néanmoins, cet aspect ne semble pas indispensable dans un jeu de ce genre, ce ne sera donc pas un gros point noir pour le jeu.
Un petit défaut et une immense qualité
Nous disions à l’instant que vous pouvez changer votre équipement. Son acquisition se fera via un magasin, et vous pourrez y utiliser l’argent que vous trouvez au fil du jeu, dans des coffres ou en tuant des ennemis. Petit bémol mineur à ce propos : lorsque vous ouvrez ou tuez quelque chose qui contient de l’argent, les pièces volent à droite à gauche, et on regrettera l’absence d’un système d’aimant pour les récupérer comme il y en a dans la plupart des jeux. Résultat, vous devez aller les chercher une par une, ce qui peut vite devenir lassant, et parfois même, les pièces tombent dans un gouffre sans aucun moyen de les récupérer. Frustrant.
Pour en finir sur ce sympathique petit jeu indé, il ne faut pas oublier son atout principal, celui qui vous sautera aux yeux d’entrée de jeu : ses graphismes (et sa direction artistique). Nous parlions en début d’article d’Odin Sphere, vous comprendrez l’analogie en parcourant Heroine Anthem Zero : il est tout simplement magnifique. Les décors sont de toute beauté, et les personnages très typés manga sont superbe lors des cutscenes. Seul petit bémol, lorsque la caméra se rapproche d’eux lors de dialogues sans dessin fixe, on a une sensation de léger flou pixelisé. C’est surtout le cas en jeu nomade. Ceci dit, ça ne gâchera en rien l’expérience. Idem pour les occasionnels bugs graphiques et d’animation.
Très bonne surprise que ce petit jeu indépendant. Il n’est certes pas exempt de défauts, tels que la longueur des discours, celle des temps de chargement, le système pour récolter les pièces ou encore les rares bugs mais tout ceci ne suffit pas à entacher la beauté du jeu, visuelle comme audio. Donc si le genre ne vous repousse pas, n’hésitez pas à vous essayer à ce Heroine Anthem Zero, vous ne le regretterez pas.
Pour la petite info avant de se quitter, le jeu s’appelle en fait Heroine Anthem Zero – Episode 1. Les plus futés d’entre vous l’auront compris, il existera une ou plusieurs suites. L’épisode 2 est d’ores et déjà disponible en accès anticipé sur Steam. Rien ne dit qu’il fera lui aussi le voyage sur Switch un jour ; on peut s’imaginer que cela dépendra du succès du premier…