Financée avec succès via Kickstarter, la campagne dédiée à Heart&Slash accouche aujourd’hui d’une version console après la sortie en accès anticipé sur PC remontant déjà à plusieurs mois. Heart&Slash, comme son nom l’indique un peu en évoquant à l’oreille le genre hack’n slash, est un beat’em all où l’on va devoir se défaire de dizaines d’ennemis, et où l’on incarne le robot Heart, en croisade face à une entité disposant de multiples machines dédiées à lui mettre des bâtons dans les rouages, à commencer par le très vindicatif Slash. Qui sont ce Heart, ce Slash, et ont-ils droit à une production digne des attentes des contributeurs qui ont financé leur conception ? Il va sans dire, tout ceci fera l’objet de notre propos dans les lignes qui suivent…
Heart&Slash : steel loving you
Mr. Robot
En arrière-plan de Heart&Slash, un scénario assez évocateur de celui des films Terminator. Dans un futur indéfini, le système de sécurité qui contrôlait la totalité des robots afin d’assurer leur saine interaction avec les humains s’est déréglé, ouvrant la porte à un véritable soulèvement mécanique, conduisant à l’anéantissement de l’Homme malgré un résistance farouche. Vous voyez qu’on est très proche de l’oeuvre de James Cameron, mais ici, vous n’incarnez pas une sorte de Schwarzy un peu pataud. A la place, vous contrôlez un robot agile doté de bras, de jambes ainsi que d’un écran en guise de tête, qui affiche constamment un coeur, et c’est fort à propos que cet androïde se dénomme Heart (hé oui, celui du titre du jeu). 100 ans après la « Robolution » décrite ci-dessus, Heart désire s’affranchir du contrôle de ses maîtres et en apprendre plus sur son identité. Bien entendu, ce bouleversement du bon ordre établi n’est pas du goût des hautes instances, et notre robot téméraire va bien vite se retrouver avec des hordes de congénères à ses trousses, dont il va devoir se défaire sous peine de finir en tas de boulons.
Concrètement, qu’est-ce qu’on a ? Heart&Slash est un beat’em all nerveux et exigeant, dans la lignée d’un Bayonetta ou d’un Devil May Cry sous stéroïdes. Seulement, le jeu arbore également un aspect assez Rogue-like (consultez notre dossier sur le sujet) dans le sens où la mort est permanente (pas de continu, on reprend du début à chaque partie) et où chaque nouveau run sera différent des précédents. De fait, le jeu est composé uniquement de couloirs et de salles, disposées aléatoirement à chaque nouvelle partie, et il en va de même avec la position des ennemis ou encore leur genre même. Résultat : on meurt souvent dans Heart&Slash, et l’on apprend de ses erreurs pour avoir une chance de survivre un peu plus longtemps la fois suivante.
Heart&Slash, fast and furious
Les forces opposées à votre avatar se déclinent selon tout un panel de robots différents (gros lents, volants, rapides, armés de flingues, de missiles ou d’armes de contact…) et chacun possède un pattern d’attaque qui lui est propre, et que le joueur devra s’appliquer à apprendre pour en tirer le meilleur parti. Le challenge est assez relevé, vous l’aurez compris, mais la satisfaction d’avoir su jouer efficacement n’en est que plus importante. Heureusement, Heart n’est pas totalement démuni face aux hordes mécaniques. A chaque début de partie, puis de manière aléatoire au fil des stages, vous trouverez des caisses contenant soit une arme, soit un objet de protection pour les différentes parties du corps de Heart. Sachant que le jeu propose pas moins de 60 items et 75 armes différentes, vous aurez de quoi faire et chaque partie apportera son lot d’originalités et impliquera de savoir adapter son jeu, à la fois aux ennemis et aux armes en votre possession. Un très bon point pour ce titre, qui offre ainsi la possibilité de s’adonner à de courtes sessions rapides et brutales sans consommer tout votre temps, et l’on y revient souvent pour deux ou trois essais avant de passer à autre chose.
La prise en main est bien conçue et c’est tant mieux, car pour survivre aux vagues ennemies le gameplay avait intérêt à se montrer efficace : c’est heureusement le cas. Dès les premiers pas on est absorbé par la nervosité et la vivacité de Heart&Slash. Heart court à toute blinde, tranche dans l’acier, virevolte, esquive… Un vrai plaisir pad en main. D’ailleurs, l’esquive, vous allez devoir rapidement apprendre à la maîtriser, car sans elle vous ne ferez pas de vieux circuits. Chaque ennemi vous donne un petit signal au moment où il est sur le point d’attaquer, c’est généralement le bon moment pour effectuer une roulade afin d’éviter le coup avant de contre-attaquer.
Une réussite
Trop facile alors ? Pas du tout, car les ennemis sont rarement seuls, c’est donc un groupe que vous devez souvent gérer, plutôt qu’un individu isolé. Et même dans ce dernier cas, ces ennemis seuls sont en général plus vifs et sournois que les gros tanks, donc le difficulté reste bien présente ; on pensera notamment à Slash (oui, celui du titre aussi), autre robot similaire au vôtre, qui sera votre antagoniste en début de jeu, mais avec lequel vous devrez apprendre à composer au fil du temps ; nous vous laisserons le soin de découvrir tout ceci par vous-même. Revenons-en à nos boulons. 75 armes, donc, et de tous types : lames, marteaux, guns, boucliers, etc, chacun possédant aussi, parfois, des caractéristiques élémentaires (feu, foudre, et ainsi de suite). Heart peut détenir trois armes à la fois : une principale, et deux secondaires de chaque côté, que vous activez en appuyant sur L1 ou R1 en fonction du type d’ennemi ou simplement de vos affinités avec vos armes du moment, que vous pouvez, au fait, améliorer grâce aux boulons récupérés sur vos adversaires. Tout ceci se fait en un éclair, et le maniement simple et efficace, en même temps que nerveux, est un autre atout de cet excellent petit jeu.
Quant à la réalisation, l’animation est impeccable et les graphismes font le choix d’un rendu nostalgique et moderne à la fois, avec des persos pixelisés et des décors qu’on trouvera un peu vides et répétitifs, certes, mais auxquels on ne prêtera que rarement attention, focalisé qu’on est sur l’ardeur des affrontements. Par contre, on pourra déplorer quelques caméras mal placées ou coincées derrière un mur dans certains lieux étroits, ce qui peut gêner la vue. Enfin, la musique est énergique, un peu rétro et originale, et se marie parfaitement avec l’action ; dommage qu’il n’y ait pas un peu plus de morceaux variés (la musique reste quasiment la même tout au long du jeu, en boucle, sauf lors de boss-fights). Vous l’aurez compris en lisant ces lignes : pour une vingtaine d’euros, il serait dommage de passer à côté de cette petite pépite indé.
Conclusion Heart&Slash
Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce Heart&Slash. A moins d’être réfractaire au beat’em all 3D et à la notion de permadeath, vous y reviendrez souvent pour de courtes sessions et connaîtrez l’immense satisfaction d’aller toujours plus loin avant de mourir. Nerveux, vif, brutal, ce petit jeu à petit prix de aheartfulofgames saura probablement vous défouler énormément, et ce en dépit de quelques défauts mineurs, comme certains placements de caméra ou encore ses décors un peu vides. Contre environ 20€, il n’y a pas à hésiter.