S’il y a un genre qui ne manque pas de chefs-d’oeuvre dans la sphère vidéoludique, c’est bien le RPG. On ne compte plus le nombre de jeux sortis ces dernières années qui nous ont fait vivre des aventures incroyables. En ce sens il est donc permis de dire que le RPG est l’un des piliers majeurs du jeu vidéo, notamment lorsqu’un budget conséquent y est alloué. Le studio Spider n’est pas un nouveau venu dans le genre puisqu’à l’origine de jeux tels que Bound by Flame ou encore The Technomancer, mais nous livre avec GreedFall leur vision la plus pure de ce qu’est le jeu de rôle.
Cherchant à se mesurer aux plus grands, tel Dragon Age: Inquisition ou bien encore la série de jeux The Witcher, GreedFall a su se démarquer auprès du public grâce à une excellente campagne marketing, et ce, malgré son budget n’égalant pas celui d’un AAA. Mais face à un grand nombre de très bons RPG, il devient très difficile de sortir du lot. Le jeu du studio Spider arrive-t-il à innover dans sa catégorie, ou au contraire ne fait-il que redire ce qui a déjà été maintes et maintes fois dit ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir.
(Test de GreedFall réalisé dans une version PlayStation 4 fournie par l’éditeur)
Toutes voiles dehors, en route pour Teer Fradee !
Et en parlant d’originalité, le studio Spider a voulu mettre la barre haut en ce qui concerne son scénario. Ainsi, on délaisse les mondes médiévaux/ fantastiques trop souvent explorés, pour se retrouver dans un univers plus ancré dans la Renaissance. Vous y incarnez un membre de la famille De Sardet, nobles de la Congrégation dont vous êtes le légat.
Bien que cet état marchand soit prospère, il est aussi touché par une terrible maladie nommée la Malichor. Il vous revient alors, en tant que maître de ces terres, de trouver un remède à cette épidémie sur l’île de Teer Fradee, un nouveau continent inexploré et hostile.
Bien que cette thématique ne soit pas totalement nouvelle dans le monde vidéoludique, le fait qu’elle n’ait été que très peu explorée par les développeurs de RPG notamment, offre une bouffée d’air frais à un des story telling bien trop souvent similaires. De plus, les références à la colonisation collent parfaitement avec la période temporelle choisie par les développeurs et les joueurs auront très vite la sensation de devenir des pionniers découvrant une terre vierge de toutes présences humaines civilisées et se découvriront une véritable âme d’explorateur. En ce sens, Spider nous offre un monde semi-ouvert de taille assez conséquente dans lequel on crapahute de très longues heures durant.
Par définition, ces séquences d’exploration sont sublimées par des paysages somptueux à la direction artistique d’une rare maîtrise, apportant aussi une véritable sensation de monde vivant, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur des villes. Autrement techniquement, on note quelques bugs inhérents au genre et quelques soucis de finition aussi, mais rien qui n’a impacté véritablement notre périple. Mais en ce qui concerne les personnages, c’est un peu plus gênant, leurs modélisations, ainsi que leurs animations accusant un gros retard.
Évidemment, il est difficile pour un jeu tel que GreedFall de se hisser au niveau d’un RPG ayant eu le budget d’un AAA, mais il reste tout de même regrettable que ce dernier n’arrive pas au moins à égaler Dragon Age: Inquisition sortie 5 ans plus tôt, et un certain A Plague Tale au budget peut-être même moindre et sorti récemment.
Aussi, si on reconnait aussi l’originalité du scénario de départ, tout n’est pas rose pour autant. L’histoire est prenante et se suit bien dans l’ensemble, mais le dernier tiers du jeu perd en qualité. Même constat pour les dialogues, qui souffrent cruellement d’un problème d’écriture. Ces derniers manquent de finesse et sonnent souvent creux et abrupts.
Un point vraiment dérangeant quand il s’agit d’essayer de créer des liens avec ses compagnons. Notons par contre que notre personnage est doté de parole et qu’un outil de création physique est même disponible en début de partie, classique, mais efficace, on peut s’adonner à créer un héros à notre image, ce qui renforce notre implication en jeu.
Alors si l’ensemble est convenable, nous étions en droit d’en espérer plus. GreedFall a su malgré tout se distinguer en ce qui concerne son arbre de choix qui, en plus d’être bien fourni, implique de véritables conséquences sur la suite de notre aventure. Malgré la durée de vie plus qu’acceptable du jeu, la rejouabilité est au cœur même de l’expérience, aussi bien dans son scénario que dans son gameplay.
GreedFall – Un légat au service du peuple
Qui dit RPG dit forcément foisonnement de quêtes en tout genre, et GreedFall ne casse pas la tradition. Le jeu en regorge et malgré leur similitude et donc une certaine redite, elles arrivent à rythmer sans trop de mal notre voyage. Il faut alors jongler entre les intrigues des différentes castes, les contrats de chasse aux monstres ou encore venir en aide à des marchands.
Malheureusement, le journal de quêtes bien rempli, un constat s’impose, le nombre exorbitant d’allers-retours demandés par le jeu afin de les valider devient vite lassant. Le tout à tendance à casser le rythme du jeu et met à mal la patience des joueurs.
Point intéressant néanmoins, les développeurs ont décidé d’intégrer un système de diplomatie qui est un des éléments clés du gameplay. En effet, à de nombreuses reprises certains des choix que vous aurez à prendre amélioreront ou non votre relation avec une faction ou l’un de vos compagnons. Au fur et à mesure du temps, il est donc possible de voir vos relations changer avec votre entourage, sachant que certains choix sont voués à l’échec si vous ne possédez pas la bonne réputation.
Il en va de même pour vos compagnons qui, selon votre niveau de relation, pourront vous inviter à participer à diverses quêtes uniques vous permettant d’en découvrir un peu plus sur eux et sur vos origines. C’est alors aux joueurs de choisir quelle relation il souhaite valoriser, sachant que ces dernières influenceront grandement la fin que pourra choisir le joueur. De plus, elles ne sont pas à négliger puisqu’elles permettent de récupérer de puissantes récompenses, mais aussi débloquer des romances avec quelques personnages.
On regrette seulement que l’ensemble n’ait pas plus d’ambition finalement, le tout étant relativement bon, mais rien d’exceptionnel en somme. Un défaut qui, comme pour le scénario, a tendance à nous faire redescendre un peu de notre nuage, car il laisse entrapercevoir les défauts d’un jeu qui auraient pu être évincés si l’ensemble n’avait su se démarquer un peu plus.
» Un peu de poison sur ma lame et on y va ! «
GreedFall s’en sort nettement mieux en ce qui concerne son gameplay, qui pour le coup ne manque pas de richesse ni d’ambition. En effet, comme on peut s’y attendre d’un jeu de cette qualité, il propose un des mécaniques très variées, notamment grâce à son arbre de compétences. Ce dernier est composé de trois parties, l’une regroupant toutes les capacités de combat, l’autre les aptitudes telles que votre force ou votre agilité, et enfin vos compétences comme vos talents d’artisanat ou bien de crochetage.
Cette grande diversité permet ainsi à chaque joueur de vivre une expérience plus ou moins différente en fonction des compétences acquises au cours du jeu, certains dialogues ou passages étant bloqués selon vos décisions. Il en va de même en ce qui concerne vos capacités de combat, puisque ces dernières proposent un large éventail de styles. Ainsi vous pourrez décider de privilégier la magie au détriment des armes à feu, ou au contraire de vous essayer à tous les domaines.
La sensation de progression est d’ailleurs bien présente, puisque chaque style dispose de plusieurs paliers offrant un tout nouveau gameplay. Ainsi, si vous vous spécialisez dans le combat à distance, vous aurez la possibilité au bout d’un certain temps d’utiliser des bombes ou bien d’empoissonner vos armes. Cette évolution constante offre une véritable profondeur aux combats qui, bien que simplistes, sont très agréables. Fluides et mouvementés, ils ne sont jamais lassants et certains affrontements sont même susceptibles d’opposer un peu de résistance aux joueurs les plus acharnés.
Il ne faudra pas non plus négliger son équipement afin de venir à bout des créatures les plus coriaces, pour ce faire vous avez à votre disposition des ateliers qui vous permettront de fabriquer des potions, mais aussi de modifier des pièces d’armure et d’équipement. Chaque rajout augmentera alors votre défense et/ou vos attributs en plus de modifier vos apparences. Ainsi, il vous faudra récupérer divers éléments dans la nature ou sur les créatures qui composent le bestiaire.
Un bestiaire qui aurait gagné à être un peu plus fourni et varié, les ennemis étant assez peu nombreux et plusieurs d’entre eux ne semblant être qu’une simple copie d’un autre en plus grand ou avec une autre couleur. Ce petit détail ne vient malgré tout pas entacher le plaisir des combats, notamment contre certains boss.
GreedFall n’est pas forcément le chef-d’œuvre tant espéré par les joueurs, mais il s’en sort malgré tout avec les honneurs. Si l’aspect technique n’est pas encore parfaitement au point, le jeu en reste néanmoins plaisant et on s’adaptera vite aux quelques défauts afin de se laisser porter par l’aventure.
Les dialogues auraient malgré tout gagné à être plus soignés, et le scénario un peu plus poussé. Il est pourtant indéniable que le jeu reste une aventure agréable à parcourir, avec sa dimension action très bien gérée et sa personnalisation qui permet à chaque joueurs de vivre une aventure différente.