Qui n’a jamais rêvé de défier la gravité, de briser les règles de la physique et de s’envoler sans aucune contrainte ? Basé sur un gameplay totalement novateur, Gravity Rush (connu également sous le nom de Gravity Daze au Japon) avait fait sensation sur la console portable de Sony. Temporairement exclusif à la PlayStation Vita, le titre signé Keiichiro Toyama avait trouvé une seconde jeunesse fort méritée dans une nouvelle version sur PlayStation 4 : Gravity Rush Remastered.
Cinq ans plus tard, la Gravitéenne Kat repart pour une aventure inédite à en donner le vertige. Cette fois-ci, exclusif à la PlayStation 4, Gravity Rush 2 se veut plus beau, plus grand et par conséquent plus prometteur que son aîné. Cela suffit-il à être meilleur ? C’est ce que nous allons découvrir, prêt pour le décollage ?
(Test de Gravity Rush 2 réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Gravité et monde parallèle
Gravity Rush 2 fait suite directe aux événements du premier opus, ou plus exactement, à ceux survenus au cours du film d’animation « Gravity Rush: The Animation – Overture » sympathique mais loin d’être transcendant. Si vous l’avez manqué, on vous le met en fin d’article. Sachez toutefois qu’il est fortement préférable d’avoir joué au premier opus (et d’avoir visionné l’anime) pour comprendre pleinement l’histoire de ce nouvel épisode.
Même si l’intrigue principale est indépendante et peut se comprendre sans les éléments de Gravity Rush premier du nom, on retrouve des personnages bien connus (Kat, Raven ou encore Syd) et énormément de références sont faites, à commencer par la ville flottante de Hekseville. En d’autres termes, on vous recommande vivement de vivre les événements du premier épisode avant de se plonger dans le second. Maintenant que les choses sont claires de ce côté, attardons-nous sur le scénario.
Aspirée par une faille gravitationnelle, Kat se retrouve dans un monde inconnu et sans son compagnon Poussière, son chat lui permettant de maîtriser la gravité. Celle-ci se fait recueillir par une bande de mineurs/pirates encadrée par la pragmatique Lisa. Elle apprendra à ses dépens qu’il faudra travailler pour manger et survivre. Très vite, Poussière reviendra à sa maîtresse (sans une once d’explication). Ainsi, notre héroïne pourra aider la troupe à récolter toujours plus de minerai grâce à ses pouvoirs.
L’histoire principale ne se cantonne pas à ce travail d’exploitation de mine, ce premier chapitre s’apparente à un genre de tutoriel, idéal pour (re)prendre la main sur le gameplay si particulier. L’équipe rejoindra la ville de Jirga Para Lhao (dont une partie était disponible dans la démo). C’est ici que les choses sérieuses commencent et que la liberté de mouvement, caractéristique fondamentale de Gravity Rush, se fait totalement sentir. Nous sommes libres de voyager là où bon nous semble et l’espace de jeu s’est bien agrandi depuis le premier opus.
Plus grand, Gravity Rush 2 ne fait pas dans la demi-mesure et offre une vaste zone de jeu divisée en deux mondes bien distincts, eux-mêmes divisés en plusieurs quartiers et environnements. Bref, quasiment aucune limite de terrain n’est à prévoir, ce qui vient accroître cette sensation de liberté si chère.
Gameplay excellent mais sans surprise
Avant de passer au gameplay, penchons-nous un instant sur les graphismes. Qu’on se le dise, Gravity Rush 2 ne fait pas honneur à la PlayStation 4, tant au niveau des graphismes que par ses multiples temps de chargement. Ce dernier est un poil plus beau que Gravity Rush Remastered. Alors oui, il n’y a quasiment aucun temps de chargement entre les différents quartiers et nous pouvons explorer chaque recoin de la carte sans aucune phase de transition.
C’est précisément durant les quêtes que ces temps de chargement se font sentir. Il y en a un à chaque événement et ça vient réellement ralentir et perturber l’expérience de jeu. Dommage car le jeu n’est pas bien gourmand en termes de ressources. Autre aspect négatif, Gravity Rush 2 souffre par moments d’un léger retard de chargement des textures mais rien qui puisse gâcher l’immersion.
Gravity Rush 2 ne surprend pas par son gameplay mais après tout, pourquoi changer une recette qui a fait ses preuves ? On retrouvera très vite nos marques et le contrôle de la gravité sous tous ses états se veut réellement intuitif. On retiendra la tentative ratée du « motion tracking » de la manette PlayStation 4, littéralement inadaptée pour le jeu. À noter tout de même l’apparition de deux nouveaux styles de combat : le style lunaire qui mise tout sur la légèreté et la rapidité et le style Jupiter qui se focalise sur la force au détriment de la vitesse. Deux nouvelles façons bienvenues de jouer en fonction des adversaires et de la situation, ce qui vient un peu dynamiser les combats.
Car oui, Gravity Rush 2 souffre principalement d’une redondance accrue. On entame ici la principale critique du titre, on s’ennuie bien trop. Pour comprendre pleinement sur ce sentiment, il faut se tourner vers les quêtes. Il existe trois types de missions : les quêtes principales, annexes, et les défis. Le problème réside dans le déséquilibre complet entre la qualité et donc l’intérêt des quêtes (principales comme annexes). Dans certaines missions, nous explorons des zones inédites remplies de secrets et accompagné de Raven, bref, un vrai régal. Dans d’autres, nous nous occupons d’une petite fille pleurnicharde et nous devons l’emmener d’un point A à un point B, le tout accompagné par des phases de dialogue hautement inutiles. J’insiste, pourquoi nous affliger de telles scènes sans aucune once d’intérêt de près comme de loin ?
De trop importantes inégalités opèrent dans ce Gravity Rush 2 et certaines quêtes seront une véritable corvée, supprimant tout plaisir du jeu, surtout si vous êtes un jusqu’au-boutiste à vouloir faire toutes les quêtes secondaires. C’est dommage car le titre recèle de problématiques matures et intéressantes malheureusement noyées dans ce flot de quêtes de seconde zone et avec une héroïne si candide et prévisible qu’elle en devient énervante.
Jeu de piste, photo et défis
Gravity Rush 2 apporte son petit lot de nouveautés, certaines sympathiques, d’autres discutables avec pour commencer la fonction de photographie. En effet, dotés d’un appareil photo, nous pourrons conserver nos moments forts par une simple touche. Kat pourra alors changer de costume, faire apparaître des accessoires et utiliser certaines mimiques pour obtenir la photo parfaite et l’envoyer à ses amis. Une fonctionnalité intéressante et fun qui vient également s’implanter dans les missions.
Gravity Rush 2 appuie sur la notion de communauté. Envoyer ses défis, ses photos ou encore partager l’emplacement de précieux trésors, voilà les aspects inédits purement tournés communauté. On trouvera par moment les fantômes d’autres joueurs errant dans la ville, un plus habile venant au service du titre. Autre nouveauté : les talismans, ces derniers sont des pièces d’équipement obtenues selon certaines conditions (récompense de mission, en explorant certaines zones) et donnant des caractéristiques supplémentaires. Par exemple, augmenter ses dégâts dans tel style de combat ou encore augmenter sa barre d’endurance pour voler toujours plus longtemps.
Il sera également possible de fusionner, recycler ou développer ses propres talismans afin de vous créer le talisman ultime. Malheureusement, le jeu se veut tellement facile d’accès qu’on se demandera à juste titre l’intérêt derrière ce système de craft, à quoi bon s’améliorer quand on ne galère pas dans les combats ?
Dernier point à aborder avant de vous livrer la conclusion : les musiques. Gravity Rush avait une OST exemplaire. Gravity Rush 2 suit le même chemin même si ce dernier n’est pas au niveau. On prendra plaisir à écouter encore et encore les musiques et c’est tout ce qui compte. Je ne résiste pas à l’envie de vous dévoiler mon morceau préféré.
C’est une évidence à la vue de ce test, Gravity Rush 2 ne répond pas à nos attentes. Même si le titre se base sur son gameplay à succès, sur un monde plus vaste et aux possibilités plus nombreuses, ça ne suffit pas à élever le titre. Celui-ci souffre d’une irrégularité trop prononcée dans la qualité d’écriture des quêtes et donc dans leur intérêt. Certaines missions sont prenantes, d’autres moins et d’autres carrément ennuyeuses. Le tout ne rend pas service au titre attendu sur son renouveau.
En d’autres termes, Gravity Rush 2 n’échappe pas au piège premier de la suite de série, à savoir, la redondance par manque de réelles nouveautés (d’écriture comme in-game). Et c’est une fois arrivés à Hekseville (monde du premier opus) que la redondance (ou la fainéantise des développeurs) nous frappe de plein fouet. On ne développera pas plus sur ce point par peur de vous gâcher l’expérience derrière.
Attention, ce constat prend tout son sens quand on a joué au premier opus, quand on connait les ficelles du titre. Pour ceux qui débutent avec Kat et sa bande, retenez l’originalité du titre et sa sensation de liberté qui surprend toujours même après plusieurs heures de jeu.