Grand Kingdom est un jeu développé par Monochrome et si en vous penchant dessus vous avez repéré quelques airs de Grand Knights History c’est tout à faire normal. Il n’en est pas la suite dans le fond, mais dans la forme on pourrait s’y méprendre en n’y jetant qu’un œil furtif. Cela est tout à fait normal puisque c’est à nouveau Tomohiko Deguchi qui tient les rênes du projet et qui plus est, plusieurs anciens de chez Vanillaware sont aussi présents, et on reconnait tout de suite la marque de fabrique. Après une phase de bêta qui nous avait permis d’en apprendre plus sur Grand Kingdom il est désormais temps de nous plonger dans l’aventure complète et de voir si notre première bonne impression va se confirmer ou non.
Grand Kingdom : tactical jusqu’au bout des ongles
La guerre des 4 nations
Si vous cherchiez un scénario passionnant, captivant, dans lequel vous pourriez vous identifier aux personnages et vous sentir submergé par les émotions, je vous arrête tout de suite, vous ne trouverez pas votre bonheur avec Grand Kingdom. Bien entendu nous avons une trame principale qui va servir de fil rouge et nous guider petit à petit dans l’avancée de notre périple, cependant l’histoire en elle-même reste assez simplette et superficielle. C’est très simple, nous sommes à la tête d’une troupe de mercenaires et notre but premier est, comme pour tout bon mercenaire qui se respecte, d’accomplir des missions afin d’en tirer des richesses. Nous allons être recruté par une guilde où nous ferons la connaissance d’une charmante jeune femme qui tentera de nous montrer que dans ce monde de brutes, il n’y a pas que la gloire et les récompenses qui comptent. Voilà donc en gros ce qui va nous servir de point de départ dans le scénario, simple, certes, mais ce n’est pas le coeur du jeu, et quelque chose de plus complexe ne nous aurait finalement pas apporté grand chose. Pour commencer nous intégrons la guilde, de rapides présentations sont faites avec les personnages importants de celle-ci et nous enchaînons directement avec la phase de recrutement de nos mercenaires en herbe. Recruter de la main d’oeuvre coûte de l’argent et si nous débutons avec un petit pécule sympathique nous permettant de nous faire une jolie petite équipe de base, il faudra penser à économiser pour s’offrir les services de mercenaires aux caractéristiques diverses et variées, permettant de former une meilleur synergie par exemple. La possibilité à terme de créer plusieurs troupes différentes est une très bonne chose qui permet de choisir l’équipe la mieux adaptée aux combats qui nous attendent.
Une fois votre première équipe formée, il sera bien temps de fournir à vos compagnons de quoi s’équiper. Pour ce faire il faudra encore une fois dépenser de l’argent et pour cela il existe deux formes différentes de monnaie. La première c’est l’argent de base, elle pourra être dépensée au sein de la guilde afin de de vous procurer comme nous avons pu le voir des mercenaires et de l’équipement, mais aussi des objets de type consommable ou encore des grimoires permettant d’apprendre de nouvelles techniques. La deuxième monnaie est une monnaie royale qui pourra être dépensée dans les capitales des 4 nations du royaume, cette monnaie comme la première s’obtient en récompense de vos services mais en plus petite quantité, il faudra donc faire attention à vos dépenses. La gestion de l’argent est plus ou moins une chose capitale car le jeu ne va pas vous épargner, il sera même parfois plutôt relevé en termes de difficulté. De ce fait la gestion de son équipement et la façon dont vous vous préparerez pour partir sur le champ de bataille aura une grande incidence sur votre pourcentage de chances de réussite. Dès le départ, partir au combat en dilettante ne sera pas une bonne chose et le retour de bâton pourrait arriver plus vite que vous ne le pensez.
Un tactical-RPG qui a de la poigne
Niveau difficulté le jeu n’est pas aussi abrupt qu’un Darkest Dungeon par exemple, où la moindre erreur de parcours ou de préparation vous coûtera la vie, mais il se défend tout de même pas mal. Personnellement j’ai au départ sous-estimé la difficulté, je suis parti sans prendre la peine de changer d’équipement quand j’en avais la possibilité, eh bien j’en ai payé le prix fort en me retrouvant dans des situations catastrophiques sur certaines quêtes. Le jeu doit s’apprivoiser, il faut se donner le temps de prendre ses marques et de bien assimiler tous les éléments qui le composent, et il y en a une sacrée pelletée. C’est aussi bien un défaut qu’une qualité d’ailleurs. Une personne habituée du jeu de rôle papier par exemple ne verra pas le problème à la quantité de règles qu’il faut assimiler alors que le joueur lambda qui n’a pas l’habitude risque d’être décontenancé, tout du moins au début. Car s’il y a beaucoup à retenir le jeu s’avère assez intuitif dans l’ensemble, malgré un petit souci d’ergonomie au niveau de la sélection qui passe tantôt du bouton X au bouton O, allez savoir pourquoi. Dernière chose qui pourrait augmenter la difficulté, voire vous rebuter complètement à vous mettre sur Grand Kingdom, c’est la non-traduction du jeu dans la langue de Molière, et même si le scénario ne demande qu’un niveau d’anglais courant, il faudra vous attendre à chercher quelques définitions dans le dictionnaire, surtout en ce qui concerne la partie optimisation, techniques des personnages, les différents effets, l’amélioration du matériel…
Avant de nous attarder sur le gameplay en lui-même accordons-nous un petit moment douceur et volupté et parlons de la partie graphique du jeu qui n’est clairement pas en reste. Graphiquement le jeu est tout simplement magnifique et ne déçoit pas, on retrouve cet aspect si particulier que l’on peut avoir dans des jeux tels que Odin Sphere et habituellement très spécifique aux productions Vanillaware. Hors combat il est possible de se rincer l’oeil sur la qualité artistique des décors, des magnifiques tableaux réalisés par l’équipe, et durant les affrontements le jeu offre des animations remarquablement travaillées et des effets explosifs et colorés qui sauront vous en mettre plein la vue. En plus de cela, la musique est une vraie valeur ajoutée. Nous en avions déjà parlé dans notre preview de la bêta, mais l’OST fait complètement le boulot, nous offrant une sorte de mélange des genres et des instruments qui donne ce ton si particulier à Grand Kingdom et qui vous ravira les oreilles tout au long de votre aventure.
Un gameplay aussi profond que tactique
Il est maintenant temps de s’attarder sur les mécaniques du jeu et sur le gameplay. En lui-même le jeu s’articule autour de deux points importants, le mode solo et le mode en ligne. Dans le mode solo l’histoire nous amènera à accomplir diverses quêtes et missions dans le but de ramener l’ordre dans le royaume. Dans un premier temps les quêtes du mode solo seront bien entendu ce sur quoi il faudra se concentrer, pour comprendre comment fonctionne le jeu en détail et pouvoir se sentir à l’aise. Dans un second temps vous pourrez nouer un lien particulier avec l’une des 4 nations avant de partir en guerre pour elle, ce contrat vous octroiera divers avantages très intéressants à commencer par des récompenses spécifiques lors de la réussite des objectifs. Chaque nation possède des avantages particuliers qu’il sera à vous de choisir en fonction de vos envies et de vos besoins en termes d’équipement, de ressources, etc. L’accomplissement des quêtes donne alors lieu à l’augmentation de la réputation auprès de votre nation, ce qui vous permettra de débloquer des choses diverses et variées comme la possibilité d’acheter de nouvelles ressources, plus rares cette fois, ou d’accéder à des armes plus impressionnantes. En ligne si l’affrontement est possible, la coopération le sera tout autant, tout dépendra de la nation choisie et des joueurs qui se joindront à votre partie. Le jeu en ligne et terriblement plus fun tout simplement car nous savons que l’ordinateur ne fait pas tout, nous avons affaire à de vraies personnes et cela change complètement la configuration des parties. Parfois vous trouverez injuste de tomber contre des personnes d’un niveau plus élevé que le votre, mais pas de panique car un déficit de stratégie chez un joueur de niveau 10 alors que vous êtes niveau 6 pourra toujours vous permettre de sortir votre épingle du jeu.
Le jeu en lui-même se déroule un peu comme un jeu de plateau, nous disposons d’un nombre de coups maximum et nous devons déplacer notre pion jusqu’à l’objectif sans dépasser notre total de coups. Sur notre chemin, des pièges, des trésors, des ressources, des monstres viendront nous arrêter dans notre progression et il faudra parfois prendre le temps de réfléchir au meilleur itinéraire possible afin de finir dans le total de coups imparti. Les phases de combat, quant à elles, nous placent dans une zone définie sur laquelle nos personnages se déplaceront en largeur et en profondeur. Les boutons Triangle, Carre et Rond seront assimilés a des coups, sorts, techniques, il suffira de se mettre à portée de l’ennemi visé pour lui asséner une attaque. L’équipe doit alors être bien équilibrée afin d’optimiser l’espace. Dans l’idéal il vous faudra donc au moins un personnage distance et un personnage corps à corps ainsi qu’un soigneur. L’ordre d’attribution des actions est affiché à l’écran donnant toute sa dimension tactique aux combats, chaque mouvement devra donc être réfléchi pour ne pas se faire rouler dessus une fois qu’il sera au tour de 4 ennemis de jouer. L’aspect tactique est bien présent et la diversité des classes de mercenaire disponibles (17 classes au total) offre un nombre vraiment appréciable de personnalisations et d’optimisations.
Des personnages à la mesure de vos envies
Faisons pour terminer un point sur les mercenaires. Nous avons vu qu’il existe tout de même 17 classes différentes, ce qui est plutôt confortable, mais nous n’avons pas encore pris le temps de nous attarder sur la personnalisation de ceux-ci. Il faut savoir que de base lorsque vous recrutez un mercenaire il se verra attribuer des statistiques de bases représentées par des lettres comme vous pouvez le voir sur l’image à votre gauche. L’intérêt réside dans le fait qu’après chaque montée de niveau il sera possible d’attribuer des points comme bon nous semble et ainsi de donner notre touche personnelle à notre personnage au niveau de ses caractéristiques. Bien entendu il y a des règles universelles comme le fait qu’il est inutile de donner de la puissance physique à un personnage dont le but sera de soigner les copains. Mais au delà de ça, il sera possible de privilégier une statistique plutôt qu’une autre pour s’offrir l’équipe rêvée. Sachez aussi que lors du recrutement, nous pouvons choisir le physique de notre mercenaire, cela n’est pas extrême mais permet tout de même de choisir la couleur des vêtements, des cheveux, le nom ou encore même l’expression de son visage. Cette aspect est léger mais appréciable, de sorte que même avec plusieurs troupes différentes il sera possible d’avoir un peu de diversité. Côté bagarre aussi, les personnages apprennent des nouvelles techniques au fil des niveaux et peuvent en apprendre certaines qui dépendront cette fois de vos besoins et envies, en investissant dans la boutique.
Niveau équipement tout est personnalisable une fois encore. L’équipement possède en fait des sortes de chasses dans lesquelles nous pouvons glisser des gemmes pour renforcer certaines caractéristiques afin de donner plus de puissance par exemple. Cela dit ce n’est pas la seule façon de personnaliser sont équipement puisqu’il est aussi possible de se rendre auprès du forgeron de votre nation afin qu’il puisse améliorer votre arme en la renforçant ou en l’améliorant complètement. Vous l’aurez compris il y a de quoi faire dans Grand Kingdom et il reste encore un grand nombre de choses en poussant dans les détails qu’ils vous sera possible de découvrir si vous franchissez les portes de ce jeu.
Conclusion Grand Kingdom
En conclusion Grand Kingdom se place comme une valeur sûre du tactical-RPG bien que sa non-localisation en français devrait malheureusement rebuter plus d’un joueur. Malgré cela et quelques soucis ergonomiques mineurs, le jeu apporte un vrai bol d’air frais dans le paysage des tactical-RPG et devrait facilement contenter les puristes. Pour les moins habitués, le jeu demandera un certain temps d’adaptation car beaucoup d’informations sont à assimiler. Aussi bon dans le fond que dans la forme, Grand Kingdom possède toutes les qualités que l’on pouvait espérer et plus encore, le tout porté par une OST diablement bien réussie qui arrive à nous mettre totalement dans l’ambiance.