Il semblerait que la tendance, cet été, soit au RPG tactique. Après Utawarerumono: Mask of Deception que nous avions testé il y a peu, c’est au tour de GOD WARS: Future Past de nous parvenir. Le jeu, développé par Kadokawa Corporation (oui, comme l’éditeur de mangas), nous invite dans le monde passionnant de la mythologie japonaise. Après un Utawarerumono qui nous avait laissé une impression en demi-teinte, découvrons ce que ce GOD WARS: Future Past vaut. Prenez votre shamisen, petit samouraïons, et empoignez votre katana car des myriades de divinités nous attendent.
GOD WARS: Future Past – Les dieux sont tombés sur la tête !
Loués soient les kami
Mizuho est un fort joli archipel. Ce pays béni par les dieux connaît une paix séculaire, les humains vivant en harmonie avec les kami, les multiples dieux qui peuplent la nature. Cependant, comme dans tout bon jeu, le statu quo ne pouvait demeurer, et les humains ont beau avoir des qualités indéniables, il n’empêche que ça pollue, ces trucs-là. Les forêts sont déboisées, les montagnes creusées, les humains se créent des armes, découvrent la poudre, et tout ça a le don d’agacer les dieux qui provoquent alors des cataclysmes. Afin de les calmer, la reine de Mizuho, Tsukuyomi, décide de tenter ce qu’on appelle dans le jargon une Iphigénie en sacrifiant sa fille Sakuya au volcan du mont Fuji afin de calmer les dieux. Par la suite, elle enferme son autre gamine Kaguya dans un sceau de bambou avant de disparaître mystérieusement. Treize ans plus tard, Kintaro décide de sauver la douce princesse, flanqué de son compagnon Kuma. Commence alors pour Kaguya une quête à travers le pays afin de retrouver Tsukuyomi et lui demander des explications.
La voie du divin
GOD WARS: Future Past est un tactical-RPG à l’ancienne, un pur et dur qui rappellera Vandal Hearts aux plus anciens. Le jeu nous permet donc de diriger un certain nombre d’unités dans des combats stratégiques au tour par tour dans lesquels on doit prendre en compte tout un tas d’éléments, comme le terrain, son dénivelé, les forces et les faiblesses de ses adversaires et les siennes… Le jeu en lui même est très pointu, très complet et complexe, mais sans être opaque. Chaque unité peut cumuler trois jobs, comme les politiciens cumulent les mandats. Parmi ces trois jobs, vous devrez en choisir un principal qui influera sur vos stats ; le deuxième renforcera vos compétences, tandis que le troisième est propre à vos personnages.
Vous pourrez tenter toutes le combinaisons possibles afin de déterminer ce qui vous conviendra le mieux. Vous voulez que Kaguya soit une guerrière magicienne ? C’est possible. Vous imaginez mieux le bourrin Kuma comme un soigneur ? Qu’à cela ne tienne. Par ailleurs, sachez que les jobs gagnent eux-mêmes en niveau et que chacun a un arbre de compétences dédié. Enfin, vous pourrez changer de job très facilement, ce qui garantit aux joueurs les plus astucieux de s’assurer d’avoir toujours une équipe polyvalente.
Le jeu est très agréable à jouer. Son scénario est également très prenant, mêlant shintoïsme et fable écologique. Dans l’esprit, on ne peut que penser au film Princesse Mononoke ou à l’excellent jeu Okami. Les personnages sont inspirés de la mythologie shintoïste, et les initiés seront ravis de retrouver des noms connus. Kaguya, Amaterasu, Susanoo, Ookuninoshi, Ookami… le jeu est une bonne occasion, pour nous autres occidentaux, de nous pencher sur cette mythologie passionnante. La structure de l’histoire évoque un conte, et peut faire penser à Voyage en Occident (roman asiatique légendaire mettant en scène le fameux roi-singe Sun-Wukong ou Son Goku en japonais). L’univers est porté par une direction artistique intéressante mêlant anime et une petite touche estampe. Ce choix artistique donne un cachet au jeu et se mêle agréablement à un character design pas désagréable, mais un peu passe-partout. Enfin, GOD WARS: Future Past propose quelques astuces pour sa partie narration, usant de cut-scenes reprenant le moteur du jeu, mais aussi de scènes animées ou de scènes astucieuses évoquant les cinématiques de Gravity Rush.
« Où il y a des douceurs, il y a des fourmis » (proverbe japonais)
Sympathique, GOD WARS: Future Past l’est assurément. Parfait, c’est une autre histoire. Le jeu souffre tout d’abord de graphismes d’un autre âge. Les personnages sont grossièrement modélisés dans un style super deformed et évoluent dans des décors qui font plus office d’échiquiers. Cela ne pose pas de problème durant les phases de jeu, mais il faut avouer que lors des scènes in-game, cet élément porte un coup très cruel à l’immersion. À vrai dire, ce défaut est révélateur d’une problématique spécifique. Tout dans le jeu semble signifier des moyens très modestes. Pas seulement les graphismes, mais l’habillage, les temps de chargement… tout dans le titre hurle qu’il s’agit d’un petit jeu. Ce n’est pas une impression facilement quantifiable, mais elle frappe aux yeux, pad en main. Par ailleurs, la navigation dans les menus peut parfois se révéler très peu ergonomique, notamment sur la world map.
En outre, les musiques du jeu ne sont pas à la hauteur de l’univers poétique qui nous est présenté. L’OST n’est pas mauvaise, en soi. Elle est juste passe-partout. Les doublages sont assez catastrophiques en anglais, aussi il est mille fois préférable de laisser les doublages japonais, qui, sans être renversants, ont l’avantage d’être plutôt bien joués. Cependant, cela se fera au détriment de la compréhension des scènes d’animation qui ne sont pas sous-titrées. Le joueur doit faire un choix entre des dialogues écoutables et la compréhension de l’histoire sur certaines scènes. Et tenez, pour ne pas changer, le jeu n’est pas localisé en français. Alors, certes, il n’est pas nécessaire de connaître la langue de David Tennant sur le bout des doigts, mais pour un jeu aussi complet qui demande de naviguer dans de nombreux menus, ça la fout mal. Le titre se coupe ainsi d’un public anglophobe qui passera à côté d’un jeu au capital sympathie pourtant élevé.
Conclusion GOD WARS: Future Past
GOD WARS: Future Past est un jeu éminemment sympathique. Il écope de la même note que Utawarerumono: Mask of Deception, mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Le 6 de GOD WARS: Future Past n’est pas un 6 sanction. Au contraire, c’est un encouragement pour un petit jeu qui malheureusement ne parvient pas à transpirer l’ambition portée par ses développeurs. Peut-être son côté un peu cheap passera-t-il mieux sur la PS Vita, console qui semble être la plateforme pour laquelle le titre semble avoir été développé. GOD WARS: Future Past est un bon jeu, et non une déception. Il s’agit d’un jeu avec une histoire vraiment sympa, et qui témoigne d’un vrai soin apporté à ses mécaniques de gameplay. Il fait l’effet d’un petit jeu préparé avec tendresse par ses développeurs. Les amateurs de culture nippone qui en plus maîtrisent l’anglais y gagneraient à se pencher sur les aventures de Kaguya et de ses potes. Les autres, hélas, pourront largement passer leur chemin sans avoir le sentiment de rater grand-chose.